C’est par son intérêt personnel pour la préservation de l’environnement et l’écologie, pour une ville agréable à vivre, que Nicolas Dumortier est entré en politique. Egalement par envie de faire entendre la parole des personnes handicapées : « J’ai l’impression que peu de personnes handicapées militent dans des partis politiques et à cause de cela le handicap est peu pris en compte dans les programmes. Même si des lois favorables ont été votées, c’est toujours par procuration, il n’y a pratiquement pas de personnes handicapées investies en politique ». Pourquoi est-il entré dans l’action politique ? « C’est une question d’affinité. D’un point de vue personnel, j’ai toujours été en accord avec Les Verts. J’ai donc choisi de porter les idées et la parole des personnes handicapées par leur intermédiaire. Mon action politique concerne également d’autres sujets de préoccupation ».

Nicolas Dumortier a été candidat suppléant lors de l’élection législative de juin 2002, dans une circonscription du Nord qui couvre Lille centre, Mons- en- Baroeul et La Madeleine. Sa confrontation avec les électeurs ne s’est pas faite sans souci : « Certains ont reproché à notre parti une candidature faire- valoir, pour dire que l’on s’occupe des personnes handicapées. Moi, je ne l’ai pas ressenti comme cela. J’ai participé comme les autres militants aux distributions de tracts sur les marchés le dimanche matin. J’ai évité de mettre ma canne blanche en évidence sur les photographies, ça ne semblait pas déterminant. Sur les marchés, les passants voyaient bien que j’ai une canne blanche, ils pouvaient m’interroger sur la politique en matière de handicap, mais en pratique ils avaient d’autres préoccupations; j’étais là autant pour défendre les idées de mon parti que les besoins des personnes handicapées. Il y a peu de personnes handicapées qui participent à la vie politique, l’habitude demeure encore que ce soient les associations, les parents, qui s’expriment en leur nom. Qu’elles prennent la parole ne va pas de soi, mais ça commence un peu à évoluer. Les personnes handicapées représentent une certaine partie de la population, elles devraient s’investir dans tous les partis ».

Pour Nicolas Dumortier, le handicap n’est pas a priori un sujet politicien: « Le handicap n’est ni de droite ni de gauche, c’est la manière de le traiter qui peut être partisane. Je me sens bien chez Les Verts en tant que personne handicapée. Pour autant, ce sont des gouvernements de droite qui ont élaboré les grandes lois régissant la vie des personnes handicapées, que soit la loi d’orientation de 1975 ou celle en faveur de l’emploi de 1987. Et c’est un gouvernement de gauche qui a fait adopter la loi sur l’accessibilité en 1991. La prise en compte du handicap dépend de l’évolution de la société. La loi de 1975 s’inscrivait dans une évolution sociale vers une reconnaissance des minorités ».

Sans pour aller jusqu’à l’action identitaire: « Le Collectif des Démocrates Handicapés fait un peu cela, je crois. D’un autre coté, ce qui me gène, c’est de n’avoir qu’une action identitaire. Je préfère le cadre politique à l’action communautariste, être au contact de gens qui ont d’autres sujets de préoccupation, d’autres envies et avec eux conduire des actions en faveur des personnes handicapées ».

Nicolas Dumortier participe, au sein d’une association universitaire, à des actions de sensibilisation au handicap en direction des établissements scolaires et des mairies de quartier: « On s’est aperçu que s’il y avait une avancée sociale et davantage de débouchés universitaires, mais qu’il y a encore une méconnaissance du handicap. Nous répondons aux questions des jeunes, pour faire tomber les tabous ».

Comment a-t-il été perçu ? « Je n’ai pas l’impression d’être traité différemment, parfois je ressens un peu de réticence ou de paternalisme. Sur un marché, pour distribuer des tracts, il y a une façon de faire pour toucher les gens, je me suis senti un peu moins à l’aise que celui qui voit la personne à laquelle il remet le tract. Pour discuter, c’est moins évident également, c’est aux passants de venir vous parler. Heureusement, il y avait toujours quelqu’un avec moi pour m’avertir ». Il est pourtant difficile de sortir du domaine du handicap lorsque l’on est aveugle et candidat: « Je suis intervenu lors d’une réunion électorale sur l’accessibilité des transports. L’une de mes revendications au sujet du handicap est d’obtenir les programmes des partis politiques en version braille, gros caractères ou sonore. L’autre concerne le vote, au moyen de bulletins en braille, pour voter seul et dans le secret de l’isoloir. Parce que pour participer à la vie politique, il faut être informé »…

Laurent Lejard, février 2003.

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