Le Collectif des Démocrates Handicapés a été créé en décembre 2000 (lire ce Focus). Ni parti politique, ni vraiment association, cette organisation a tenté de faire entrer dans le débat politique la vie et les aspirations des personnes handicapées. L’inexpérience de ses cadres et plusieurs maladresses de son dirigeant, Jean- Christophe Parisot, ont perturbé l’essor de cette formation qui avait suscité un grand intérêt auprès des citoyens et des associations. Au- delà de l’opinion de que l’on peut avoir sur un mouvement qui cherche encore sa voie, son Secrétaire National raconte sa première expérience électorale :
« L’expérience d’une candidature aux élections législatives de 2002 était un défi à relever pour le C.D.H. Après les municipales, les cantonales et les présidentielles, où nous avons été présents [La candidature de Jean- Christophe Parisot n’a pas abouti, il n’avait recueilli que 16 parrainages N.D.L.R], notre mouvement ne pouvait être absent de cette élection décisive. Pour nous, il s’agissait d’aller à la rencontre des autres partis, sur leur terrain, mais surtout de dialoguer avec nos concitoyens afin que le handicap devienne un enjeu de société. Se lancer dans la bataille visait à utiliser cette formidable tribune, sachant bien sûr que le score était joué d’avance sur l’arrondissement où je me présentais : en effet, avec Cécile Kerbel et le soutien du C.D.H, nous décidions de nous présenter à Paris dans le 15e arrondissement, mon lieu d’habitation. Si j’étais convaincu de la nécessité d’une candidature, la principale difficulté était le coût que cela représentait. La lutte est inégale sachant qu’un jeune mouvement comme le nôtre ne peut s’autofinancer. Il a fallu que nous financions notre campagne, aidés par des dons de nos familles, de militants ou sympathisants ».
« Autre défi, concilier l’organisation administrative et médiatique (plaquette, affiches, réunions…) avec la vie professionnelle et familiale. Ce fut un travail contre la montre pour moi et ma suppléante, maman d’un adolescent handicapé. Sur le terrain, en fauteuil roulant, je suis allé à la rencontre des électeurs devant les sorties de métro. Le tractage quotidien de notre profession de foi a été distribué avec l’aide de ma famille et de quelques militants. Ce dialogue avec les électeurs a été un moment extraordinaire: j’ai ressenti un accueil positif en recevant leurs encouragements. La surprise de certaines personnes handicapées fut grande: le handicap devenait un enjeu public et non quelque chose à cacher; pour quelques- uns c’était une transgression indécente, le débat s’ouvrait! Lors de mes rencontres avec les autres candidats (de droite ou de gauche) aucun n’a critiqué notre démarche, tout en nous pronostiquant moins de 0,5% des voix. Notre présence a étonné, intéressé, agacé. Alors que les grands partis appelaient au ‘vote utile’, ce fut la surprise de voir le C.D.H arriver 6e sur 20 candidats avec un score de 1,06% (464 voix), devant le Pôle Républicain, la L.C.R, le M.N.R, Lutte Ouvrière ou Génération Ecologie. Et j’ai le souvenir d’un moment étonnant lors de l’annonce des résultats à la Mairie du 15e, lorsque le vainqueur, Edouard Balladur en personne, est venu devant ses électeurs nous féliciter et nous encourager à poursuivre ».
Philippe van den Herreweghe retentera probablement l’expérience électorale, parce qu’il a foi dans le combat qu’il mène. Il lui reste à obtenir de réels moyens pour faire connaître les revendications qu’il porte, l’argent étant encore une nécessité pour diffuser ses idées en politique aussi fortes soient- elles.
Laurent Lejard, septembre 2003.