Sébastien Bousman avoue volontiers qu’il y a « sans doute un peu d’ambition personnelle et beaucoup de volonté de compenser le handicap » dans son engagement politique. « Mais la raison majeure qui m’a poussé à faire de la politique, c’est l’impression d’une indifférence totale, surtout au niveau municipal, quant aux problématiques d’intégration des personnes handicapées ». Il s’estime privilégié parce que ses parents ont un bon niveau social (un père informaticien, une mère professeure d’université) et l’ont soutenu dans ses études, « payant de leurs poches et construisant de leurs mains les aménagements pour rendre accessibles les écoles que j’ai fréquentées; sans leur soutien, je n’aurai jamais pu être là où je suis arrivé. Comme toutes les personnes handicapées n’ont malheureusement pas ma chance, j’ai décidé de me bouger afin de permettre aux autres de bénéficier des mêmes chances que j’ai eues ». Pour cela, il a décidé d’agir au niveau politique, dès l’âge de 20 ans. Il a rejoint le Parti Socialiste belge, « celui qui correspondait le mieux à mes convictions de solidarité, d’ouverture et d’égalité pour tous les citoyens ».

Depuis, il a été élu échevin, équivalent belge de l’adjoint au Maire, en charge des Travaux Publics, de l’Urbanisme, de l’Environnement et de la Qualité de la Vie, des Affaires Sociales et de la Personne Handicapée, à Montigny le Tilleul, une bourgade de 10.000 habitants en banlieue de Charleroi. « Ce sont de vastes domaines dont j’ai voulu avoir les compétences : qui mieux qu’un adjoint au Maire chargé des Travaux Publics et de l’Urbanisme peut obliger les architectes et les ingénieurs qui travaillent pour une commune à rendre accessibles les voiries et les bâtiments publics ? La politique en faveur des personnes handicapées est aussi une de mes attributions et, à cet effet, nous sommes une des trois communes de ma région à avoir créé une Commission Consultative de la Personne Handicapée ». Constitué de personnes handicapées ou ayant une expertise dans le domaine, cet organe donne son avis sur tout ce qui concerne le handicap : mobilité, intégration, scolarité, formation, emploi, accès à la culture, qualité de vie et bien-être. « Je conseille vivement à tous mes collègues, de France ou d’ailleurs, de suivre notre exemple, car depuis sa création, la commission n’a amené que des projets positifs et utiles à l’ensemble de la communauté tout en tenant compte de finances communales restreintes ».

L’aspiration de Sébastien Bousman, « presque un rêve » avoue-t-il, serait que l’ensemble des rues et trottoirs, des bâtiments publics ou des bâtiments privés ouverts au public, ou encore les transports en commun, soient accessibles. « Il y a encore du pain sur la planche, la Belgique et la France ont vingt ans de retard sur d’autres pays européens tels que l’Espagne ou l’Italie, et ne parlons pas des pays scandinaves et anglo- saxons sur lesquels nous avons quarante ans retard! Si ce retard est un jour comblé, je pense qu’à partir de ce moment-là, on pourra parler d’intégration sociale, culturelle, professionnelle des personnes handicapées ».

Une intégration qu’il estime avoir fait progresser parmi les autres élus, par sa présence : « Depuis dix ans, mes collègues dans ma commune et dans ma région, ont davantage pris conscience des problèmes rencontrés par les personnes handicapées à travers le regard qu’ils portent sur moi quotidiennement. Si dans ma région la situation évolue j’espère y être un peu pour quelque chose. Je pense aussi que cela répond à une attente des citoyens, puisqu’au mois de juin dernier, j’ai été présenté comme candidat Député par le P.S et les électeurs ont répondu présent puisque j’ai fait le dixième score sur 202 candidats dans ma circonscription électorale ».

Sébastien Bousman mesure le chemin parcouru depuis ses débuts en politique, en 1994 : « A ma première élection municipale, on m’a donné une place sur la liste parce que j’étais handicapé, sans aucun doute, une place quelconque selon les analystes politiques car j’étais en milieu de liste. Néanmoins, le soir des élections, j’avais fait le deuxième résultat de mon parti et je suis devenu le plus jeune adjoint au Maire de Belgique, à seulement 22 ans ! En 2000, aux élections municipales suivantes, la donne était différente puisqu’on ma donné la tâche de conduire la liste socialiste dans ma commune, ce que je crois avoir réussi en ayant fait gagner à mon parti deux sièges supplémentaires au Conseil Municipal ». Pour autant, Sébastien Bousman ne voit pas son avenir uniquement dans ce domaine : « La politique n’est pas une fin en soi, j’avais une vie active avant la politique, j’ai une vie pendant la politique et j’aurai une vie active après la politique. J’ai toujours été passionné par le sport automobile et l’audiovisuel, peut-être qu’un jour je me reconvertirai, cela l’avenir le dira »…

Laurent Lejard, janvier 2005.

PS : Sébastion Bousman a été emporté par sa maladie invalidante le 30 mai 2019.

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