L’engagement politique de Nathalie Bellity remonte à 1995, lors de la campagne pour les élections municipales à Sarcelles (Val-d’Oise). La bataille locale fut très médiatisée, le tête de liste socialiste n’étant autre que Dominique Strauss-Kahn qui ramena la municipalité à la gauche.
À la suite d’un acte médical raté, Nathalie Bellity fut, à l’âge de 17 ans, amputée de l’avant-bras droit. Elle dut mener une longue bataille judiciaire pour obtenir une juste indemnisation, la rente qui lui a alors été octroyée lui ayant permis de vivre durant ses années d’études universitaires. Mariée, elle élève deux enfants de 13 et 15 ans, et sa maternité lui a montré l’inadaptation de notre société aux personnes handicapées motrices : « J’ai vécu de grandes difficultés de déplacement avec mes enfants, pour ouvrir ou fermer une poussette avec une seule main, les attacher dans les sièges de voitures en rassemblant les 4 sangles avec une seule main. Aujourd’hui encore, je prends rarement le métro ou le R.E.R parce qu’il faut toujours descendre ou monter à droite de l’escalier et que je ne peux pas me tenir à la rambarde ». De 1986 à 1995, elle est restée chez elle : « J’ai eu envie d’entreprendre des études universitaires, de faire bouger des choses, de travailler et j’ai essayé des petits boulots. Je me suis également intéressée à la politique, j’ai rencontré Dominique Strauss-Kahn lors de la campagne des municipales; je n’étais pas encore socialiste, il m’a invité aux réunions de quartier. J’ai constaté qu’on n’y abordait pratiquement pas le thème du handicap et que peu de personnes handicapées participaient. J’ai commencé à militer quand les enfants sont entrés à l’école et que j’ai pu reprendre des études ».
Cet engagement l’a conduite, depuis, à se présenter aux élections municipales de 2001. Elue, elle a été délégué aux finances durant quelques mois mais ses études étaient trop prenantes, ce n’est qu’en novembre dernier qu’elle a à nouveau accepté une délégation aux personnes handicapées. Elle est également déléguée aux droits des femmes (« Etre femme et handicapée, ce n’est pas simple. En 2001, la loi sur la parité n’existait pas encore ») et Secrétaire fédérale aux questions sociales au sein de la fédération socialiste du Val-d’Oise. Elle a également créé une association, C’est la vie, avec le père de Stormy Bugsy, Luis Duarte, lui-même handicapé. Nathalie Bellity travaille comme consultante pour une agence de recrutement de travailleurs handicapés en entreprise.
« En politique, je veux faire avancer les choses. Le handicap, c’est transversal, je suis intervenu en ce sens lors de l’Université d’été de la Rochelle du Parti Socialiste, sur le thème de l’emploi. Les participants ont été étonnés par les statistiques et la disparité avec les travailleurs valides, ils ne les connaissaient pas ». Elle milite pour que les personnes handicapées fassent partie de la « diversité » prônée dans les entreprises et la société, tout en constatant que c’est difficile : « Combien de personnes handicapées ont des responsabilités dans les partis politiques ? La question était flagrante lors des dernières élections présidentielles, aucun des deux candidats finalistes n’avait une personne handicapée dans son staff de campagne. Alors qu’il y a des compétences. Au Parti Socialiste, on parle de renouvellement et de diversité, j’attends impatiemment ce qui va se passer en mars prochain ». Un mois durant lequel Nathalie Bellity aura trois importants rendez-vous : l’élection au conseil municipal de Sarcelles, pour laquelle elle est à nouveau candidate, mais également au Conseil Général du Val d’Oise, si sa fédération l’investit, et la publication de son livre autobiographique, Déployer mes ailes (Éditions First).
« Je pense que les citoyens ont besoin de voir des élus différents, plus proche d’eux. On parle essentiellement du handicap physique, alors que beaucoup de gens subissent un handicap social. Alors, quand on se retrouve dans une situation proche, on comprend mieux et on est mieux compris ». Si elle estime qu’au sein de son parti elle n’affronte pas une réelle opposition, et considère comme marginales certaines réflexions sur son handicap, elle pense qu’on ne lui facilitera pas les choses : « Je n’arrêterai pas de parler du handicap : moins on voit les gens, plus on a peur. Il faut lutter contre les discriminations ensemble, faire des propositions en direction de toutes les minorités sans mettre les personnes handicapées à part. Le ‘vivre ensemble’ doit être réel ».
Propos recueillis par Laurent Lejard, janvier 2008.