La Belgique reconnaitra-t-elle prochainement aux personnes handicapées un droit à une vie affective et sexuelle ? Tel était l’objectif du sénateur socialiste Franco Seminara quand il a déposé, le 23 février 2010, une proposition de résolution à ce sujet. Son texte avait été cosigné par quatre autres sénateurs, témoignant d’un intérêt dépassant les clivages politiques et communautaires pour la question mise en débat : la Flamande démocrate-chrétienne Nahima Lanjri, la Bruxelloise francophone Caroline Persoons, le Wallon du Centre Démocrate Humaniste Jean-Paul Procureur et la socialiste francophone Christiane Vienne. Mais les péripéties politiques belges ont retardé le débat prévu au Sénat : le Gouvernement a en effet démissionné le 26 avril 2010, entraînant des élections législatives auxquelles Franco Seminara est candidat. Pas au Sénat cette fois, mais à la Chambre des Représentants, sur la liste du Parti Socialiste. S’il n’est qu’en 10e position, le système de vote préférentiel lui permettra peut-être d’être élu.

« J’ai fait le choix d’aller directement me confronter aux électeurs », précise-t-il. Tout en constatant que là où ses concurrents visitent une dizaine de lieux, lui ne peut en faire que deux : la mobilité réduite de Franco Seminara, qui se déplace en fauteuil roulant depuis une polio infantile, n’est pas un avantage durant une campagne électorale. « Les gens connaissent mon combat, ajoute-t-il, même si je ne suis pas super médiatisé. Les mentalités changent, chacun a le droit d’être au soleil. Il y a 30 ans, on cachait les personnes handicapées. Aujourd’hui, on en voit un peu plus ». Et il rappelle que la Chambre sortante comptait une députée sourde, l’indépendantiste flamande Helga Stevens, et un aveugle du Front National d’extrême-droite, Michel Delacroix.

« J’ai porté des projets de loi sur les emprunts immobiliers, la vie affective, il reste beaucoup à faire ». Issu de la société civile, engagé dans la promotion des droits des personnes handicapées, Franco Seminara est entré en politique en 2003, lors de l’Année Européenne des Personnes Handicapées, à la demande du président du Parti Socialiste de Belgique Elio di Rupo, bourgmestre de Mons et, comme Franco Seminara, fils d’immigrés italiens. Leur parcours se sont croisés à plusieurs reprises, notamment à l’occasion du Festival international du film d’amour créé par Elio di Rupo en 1983 et dans lequel Franco Seminara propose depuis huit ans une séance consacrée aux relations amoureuses version handicap, « Amour pour tous ». « Il faut casser le tabou, répondre aux demandes d’aides. Les gens pensent que les personnes handicapées n’ont pas de sexualité, commente Franco Seminara. C’est le sens de ma proposition de résolution déposée au Sénat, pour regarder ce qui a été réalisé à l’étranger, tenir compte de ces expériences, prendre les parents et les institutions en compte. Il faut mettre tout cela à plat, et porter le débat dans l’Hémicycle, comme on l’a fait pour la fin de vie, l’interruption de grossesse… » Lors du débat en commission sénatoriale, Franco Seminara a constaté que des sénateurs chrétiens soutenaient le projet de résolution, et il apprécie cette ouverture, cette acceptation, lui qui créa en 1997 la chanson Vivre Debout, le leitmotiv de sa vie…

Laurent Lejard, mai 2010.

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