Laurence Pourieux vit dans le Limousin, à une soixantaine de kilomètres de Limoges. Avec son mari, elle était agricultrice jusqu’à ce qu’une sclérose en plaques lui soit diagnostiquée en 2000. Immédiatement, elle sut ce que cela voulait dire, connaissant les séquelles de la maladie pour les avoir vues sur l’un de ses cousins, qui se déplace depuis en fauteuil roulant : « J’ai très mal vécu la sclérose en plaques au début, je ne voulais plus voir personne, je me suis renfermée. Une amie est venue me chercher, elle m’a dit ‘on s’occupera de toi’, je ne pouvais plus conduire. C’est dur quand on a été très active. Ça m’horripile de devoir demander pour tout, faire mes courses, être aidée ». Elle ne peut compter que sur une aide ménagère; durant deux ans, la Mutualité Sociale Agricole lui a fourni une aide à domicile, mais cette prestation était limitée dans le temps et, depuis, Laurence Pourieux doit se débrouiller : « On privilégie les personnes âgées, pas celles qui sont handicapées. J’arrive encore à faire mes transferts seule, à avoir quelques activités, faire quelques pas avec mes béquilles. Une fois, j’ai voulu aller à un groupe de parole de l’Association des Paralysés de France : côté transports, c’était compliqué et coûteux. L’éloignement de la ville rend les choses difficiles. Et je suis trop bien dans ma campagne, même si je n’ai pas tous les services dont j’ai besoin ». Alors elle s’accommode des difficultés à trouver un médecin spécialiste ou du personnel d’aide à domicile.

Elle avait intégré en 1999 un atelier d’écriture réunissant des agricultrices, ce qui lui a donné le goût d’écrire; après le diagnostic de sa maladie, c’est l’écriture qui a évité à Laurence Pourieux de sombrer dans la déprime. Ses premiers ouvrages publiés sont une autobiographie et un livre sur la maladie, ainsi que sa participation à un ouvrage collectif et un documentaire, « Femmes en campagne », sur la place de la femme dans le milieu rural; un extrait « Laurence femme de paysan » est visionnable en ligne. Ses derniers livres sont publiés en auto-édition numérique : L’écriture pour parfum (recueil de poésie), Histoire pour les enfants sages, Les engins catastrophes. À 48 ans, elle se consacre essentiellement à l’écriture tout en continuant d’aider son mari au sein de l’exploitation agricole, assurant comptabilité et administration. Leurs deux fils ayant rejoint la ferme, l’exploitation est devenue une structure importante qu’il faut faire tourner sérieusement, d’autant que tous ont fait le choix de l’agriculture biologique.

Si avec son mari elle a fait le choix de la vie rurale, cela lui créé aujourd’hui bien des difficultés : « A la campagne, on n’a pas tous les services à disposition, cela crée un sur handicap. Quand on est malade et handicapé, ce n’est pas la fin. La maladie m’a révélé que je pouvais faire des choses avec ma tête : écrire pour les enfants, faire connaître la sclérose en plaques. Ça m’a apporté beaucoup, alors que je ne pensais pas faire cela. On me félicite, je corresponds beaucoup sur les forums. J’entends du bien de ce que je fais, dans les salons du livre, en présentant des ouvrages. Les gens sont en admiration, ils les achètent pour redonner confiance et courage ».

Sur son blog, Laurence Pourieux parle du besoin d’écrire, parce que ses enfants ont grandi, et qu’autrement elle serait seule à ne rien faire. Ses histoires sont puisées dans les péripéties de sa vie et de ceux qui l’entourent, ainsi que dans son imagination. Elle se projette dans le futur quand elle évoque une grand-mère en fauteuil roulant, dans Histoires pour les enfants sages : « Ça me tracasse énormément, comment mes petits-enfants verront-ils leur grand-mère ? ». Laurence Pourieux connaitra la réponse dans quelques mois…

Laurent Lejard, janvier 2008.

Les livres de Laurence Pourieux sont en vente sur son blog et dans les grands réseaux.

Partagez !