Peu de femmes handicapées motrices pratiquent la boxe fauteuil roulant en compétition : Anne Roblin est de celles-là. Elle a d’ailleurs décroché en 2015 le titre de championne de France dans sa catégorie. La boxe, elle l’a rencontrée un peu par hasard : « J’avais besoin de faire du sport, de me défouler, mais je ne savais pas quelle activité faire. C’est en discutant avec un voisin que j’ai découvert la boxe. J’ai commencé à pratiquer. On est six licenciés sur Rennes, une quinzaine en Bretagne et environ 200 au niveau national. Les femmes sont majoritaires sur Rennes, quatre femmes et deux garçons. En handiboxe, il doit y avoir environ 20% de femmes en France, elles sont de plus en plus nombreuses. » Ce sport est pratiqué fauteuil roulant bloqué, ce qui permet d’ailleurs d’affronter un combattant valide assis sur une chaise : « Notre entraîneur maintient le fauteuil freins mis pour qu’il ne bouge pas, et on boxe sur le côté. » Les coups sont semblables à ceux de la boxe ordinaire, il est simplement interdit de frapper dans la poitrine. « En handiboxe, les coups ne sont pas portés, c’est un peu comme dans la boxe éducative. Le combat se déroule en touchers et aux points. Le plus important est d’adapter son geste à l’adversaire, il faut apprendre à doser son geste, c’est bien pour la maîtrise de soi. Ce sport demande de la technique et des réflexes, un peu d’endurance qui vient avec l’entraînement. En fauteuil, on est beaucoup plus proche de l’adversaire. »

Âgée de 35 ans, Anne Roblin est comptable à Rennes depuis une requalification après un bac Pro. Entre ces deux moments, elle a connu le chômage et les difficultés d’obtenir un emploi durable, a travaillé dans une école maternelle avant d’entamer une formation en comptabilité dans une Ecole de Reconversion Professionnelle. Née en Bretagne, elle y vit toujours même si son parcours l’a fait passer par un Institut Médico-Educatif en région parisienne. Et depuis ses 20 ans, elle est autonome malgré les séquelles d’une paralysie cérébrale résultant d’une naissance prématurée : « Le plus gênant, c’est que je suis très spastique. Je me déplace avec un fauteuil électrique mais mon handicap ne me permet pas de conduire une voiture. Heureusement qu’il y a beaucoup d’entraide. J’utilise le transport adapté de la communauté de communes et je compte aussi sur l’aide de mes amis. »

Depuis 2008, Anne Roblin est conseillère municipale de Noyal-sur-Vilaine, une commune de 5.000 habitants voisine de Rennes. « Je suis venue y habiter parce que j’ai obtenu un logement adapté. C’est vrai que j’avais un bon contact avec les élus, on a commencé à discuter. Un jour on m’a dit que ce serait bien de rendre la ville accessible et on m’a proposé de faire partie du conseil municipal. J’ai dit oui, et j’ai trouvé cela très intéressant, alors je poursuis. » Elle participe évidemment à la commission accessibilité, mais également aux commissions enfance jeunesse, communication, animation communale et travaux. Elle siège aussi à la commission intercommunale d’accessibilité. « Je ne m’intéresse pas forcément à la politique, mais plutôt à la vie de la commune et du territoire. J’aime bien aider, rendre service aux autres. Je m’occupe d’associations et tout mon entourage tourne autour du milieu associatif. »

Anne Roblin porte un regard humble et lucide sur ce qu’elle a déjà accompli : « Personnellement, je ne trouve pas exceptionnel ce que je fais, j’essaie de vivre ma vie tout simplement. Après, il est vrai qu’il faut rester réaliste tout en laissant un peu avancer ses désirs, sans se mettre de freins, essayer de s’entretenir au maximum pour pouvoir mener à bien ses projets. Je sais qu’on m’a souvent découragée, il faut donner envie à l’autre d’avancer et au bout d’un moment, on arrive à se faire accepter et ça se passe très bien. Il suffit de le vouloir. C’est vrai que mes propres amis m’ont dit ‘Anne, tu rêves un peu trop, tu mets la barre trop haut’, et au bout du compte, j’ai eu raison de m’écouter aussi ! « 

Propos recueillis par Laurent Lejard, avril 2016.

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