« Notre récompense, c’est le sourire ! » Alexandre Métayer est le président heureux de l’association Handicap et Sport D’un Corps à l’Autre. « Les parents sont super-contents, le livre d’or en témoigne. Ils nous disent ‘nous on n’y arrivait pas, maintenant notre enfant fait des activités tout seul’. Notre politique est de ne refuser personne, qu’un maximum d’enfants puisse profiter. » Cette conquête de l’autonomie, ces enfants la doivent à l’Activité Physique Adaptée, une spécialisation de la formation des professeurs de sports (STAPS). « On travaille avec l’enfant, en fonction de ses envies et de ses capacités, pour les développer progressivement. Ce qui est important, c’est de mettre les enfants en situation de réussite, avec une approche personnalisée, une grande patience et un travail étape par étape, un enseignant par enfant. Par exemple, un enfant avait la phobie de l’eau : l’enseignant a commencé à lui faire découvrir l’eau sous la douche pendant un mois, puis toucher l’eau avec les pieds, puis en le faisant entrer de plus en plus dans l’eau. Cela prend plus de temps, mais cette activité physique adaptée apporte un gain d’autonomie pour le quotidien. »

Handicap et Sport D’un Corps à l’Autre a été créée en 2008 par des professeurs d’activité physique adaptée, parce qu’il n’existait rien en Île-de-France pour les petits enfants lourdement handicapés. « Il y avait des enfants demandeurs à Nanterre, les éducateurs ne se sentaient pas capables de les encadrer, reprend Alexandre Métayer. Le directeur de la piscine a organisé un regroupement d’enfants et de parents, pour une approche loisirs. Les handicaps induisent les capacités des enfants et ils sont protégés par leurs parents qui se voient renvoyer par les autres les incapacités de leurs enfants. »

C’est ce cercle vicieux que contribue à rompre l’activité physique adaptée, en travaillant sur les envies et les capacités : « Cette activité crée une passerelle avec les clubs, pour les enfants qui ont envie d’aller plus loin, vers la compétition. Mais il faut encore faire des attestations pour convaincre l’école, pour aller à la piscine par exemple. On travaille également avec des enfants autistes, pour les intégrer dans l’environnement, même bruyant. »

D’un Corps à l’Autre travaille actuellement dans des centres sportifs de Suresnes et Versailles, et prochainement à Antony et Rambouillet. « La demande vient essentiellement des parents. Peu d’enfants refusent ou abandonnent. Quand l’enfant est réticent, on utilise le jeu puis l’activité physique adaptée en fonction de son évolution. Il y a une prise de repère nécessaire, c’est pour cela qu’un seul éducateur est assigné au même enfant. Tous les cours ont lieu en mixité, au milieu du public. Au début, il y avait des regards et des réflexions du genre ‘va pas dans le bassin, y’a des handicapés’ mais depuis, la bonne entente règne. »

La cotisation annuelle s’élève à 280€, elle intègre les cours auxquels un parent ou un accompagnant peut participer. L’équitation est une activité plus coûteuse : 500€ pour l’année. Actuellement, 250 enfants suivent chaque semaine une activité régulière : natation, escalade, équitation, multisports, plongée, activité avec chien (essentiellement pour des enfants autistes pour une médiation animale et une ouverture vers les autres). Les quinze éducateurs sportifs sont des professionnels rémunérés, assistés de quelques stagiaires dont certains seront embauchés prochainement. L’association organise également des séjours extérieurs, l’été dans le Jura au village vacances de Lamoura, l’hiver à Pralognan, dont le coût peut paraitre élevé bien que les familles des Hauts-de-Seine et des Yvelines aient un niveau de vie plutôt aisé. Mais l’association aide les familles moins favorisées à trouver le financement nécessaire, et la ville de Suresnes, pour sa part, couvre la location d’un autocar pour les trajets. L’association élabore également un projet dans le département du Nord.

Alexandre Métayer aimerait que cette activité physique adaptée ne reste pas confinée à son association : « Le plus dur, c’est de se faire connaître. Les parents sont demandeurs, mais ils n’osent plus demander, lassés des refus. Les gens se mettent des barrières dans la tête. » Pourtant, l’action D’un Corps à l’Autre correspond à un vrai besoin, comme l’association l’a encore constaté dès la publication d’un article de presse dans Paris-Normandie sur l’ouverture d’une activité natation et plongeon à Dieppe : des familles se sont immédiatement informées, et deux ont inscrit leur enfant le lendemain de la parution de l’article. A qui le tour ?

Laurent Lejard, janvier 2012.

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