« On est prêts à aider la mère à monter le dossier MDPH, clame le maire de Longwy (Meurthe-et-Moselle), Edouard Jacque, et trouver une solution positive pour ne pas laisser cet enfant en dehors du centre aéré. Une fois passées les élections municipales, je la recevrai dans les 15 jours. » Est-ce la pression résultant des appels répétés de journalistes à la mairie ? De la médiatisation d’une affaire de discrimination parmi des milliers d’autres ? De l’action d’une maman qui ne lâche rien ? Teo est devenu une épine dans la chaussure municipale. « Teo a été accueilli les autres années pendant les petites et grandes vacances, encadré par des étudiantes stagiaires, jusqu’en 2012, raconte Isabelle Gasparini. En 2013, l’Union Départementale des Associations Familiales [Unaf] a fourni une travailleuse sociale pendant 90 heures lors des grandes vacances, en jouant sur l’objet de ma demande au titre d’une ‘fatigue de la maman’. Mais les médecins ont trouvé une tumeur cérébrale à Teo, qui a subi trois opérations. » Agé de huit ans, diagnostiqué autiste atypique avant la découverte de la tumeur, Teo n’a pas de troubles du comportement : « Il aime les enfants, il est ouvert, va vers les autres. Mais il se remet encore des opérations, il ne peut rester longtemps avec eux. Teo a besoin d’être guidé pour se déplacer et avoir des activités avec les autres. »

Isabelle Gasparini voulait resocialiser progressivement son enfant en l’inscrivant au centre aéré Plaine des Jeux, qui dépend de la ville de Longwy, quelques heures dans la semaine et pendant les petites vacances : « Teo était en CP-CE1 avec un Auxiliaire de Vie Scolaire, jusqu’à son opération. Il ne reprendra probablement l’école qu’en septembre prochain. Il a été difficile de le scolariser dans l’école du quartier, les enseignants étaient réticents à recevoir ‘un enfant différent’, il a fallu se battre, je n’ai pas lâché. Par contre, il n’y a eu aucun problème avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées. » Mais pas avec le centre aéré : « La secrétaire du centre, qui reçoit des enfants âgés de 3 à 16 ans, l’a inscrit, puis le directeur a refusé en me disant ‘Ça va vite dans Longwy, si j’accueille votre fils, les autres vont débarquer’. Voilà comment on est traité quand on a un enfant handicapé ! » Isabelle Gasparini a raconté cela fin février au quotidien Le Républicain Lorrain, ce qui irrite le maire de Longwy en pleine campagne de réélection et l’oblige à réagir.

« Une réflexion est engagée, confirme le directeur du centre aéré, Vincent Bolognini. Pas grand chose ne va se passer avant les élections, le maire ne va pas prendre une décision actuellement. » Sur l’accueil de Teo les années précédentes, il rappelle : « On a engagé une démarche avec sa mère pour lui dire que Teo aurait de plus en plus de difficultés à suivre le groupe d’enfants. Nos autres enfants handicapés sont en autonomie, alors qu’il faut à Teo, à certains moments, un éducateur pour lui seul. Et la demande de la maman était particulière, un accueil pendant une à deux heures. Moi, je n’ai pas les moyens de mettre en place cet accueil à temps partiel. » Pour lui, l’idéal serait d’avoir quelqu’un qui intervienne auprès d’enfants comme Teo, mais il n’a recueilli ni appui, ni ressources, ni conseils et a renvoyé à la maman la tâche de trouver « la » solution.

À la question de savoir si cette tâche incombe au parent ou au professionnel qu’il est, Vincent Bolognini répond… qu’il ne sait pas ! Le Maire considère pour sa part qu’il revient aux parents de trouver une solution d’accompagnement, évoquant même un dossier auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées alors que celle-ci n’a pas compétence en la matière. « Déjà il y a deux ans, précise Isabelle Gasparini, le directeur du centre m’a demandé de trouver une aide, et j’ai sollicité l’Udaf. Il y a trop d’inscrits, et pas assez de personnels, disait-il. Alors que la Caisse d’Allocations Familiales m’a expliqué que s’il inscrivait un enfant handicapé, il touchait des subventions. »

Pour sortir de l’impasse actuelle, Isabelle Gasparini est tentée d’accepter la proposition que vient de formuler un adjoint au nom du maire, soit accompagner elle-même son fils le temps qu’un accompagnement professionnel soit mis en place. Mais à la condition expresse que cette solution provisoire ne devienne pas, comme souvent, définitive. À suivre, donc…

Laurent Lejard, mars 2014.

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