Samedi 28 février – Sports – Cécile Hernandez-Cervellon en or.
Unique représentante de la France aux premiers championnats du monde para-Snowboard, qui viennent de s’achever à La Molina (Espagne), Cécile Hernandez-Cervellon a remporté le titre en slalom parallèle. Elle a gagné également la médaille d’argent en snowboard cross. Elle triomphe au terme d’une semaine éprouvante, étant au bord de l’abandon mardi, jour du slalom. Née à Perpignan (Pyrénées-Orientales) il y a 31 ans, atteinte de sclérose en plaques depuis 2002, Cécile Hernandez-Cervellon s’entraine dans la station des Angles. Elle avait obtenu une médaille d’argent lors des Jeux Paralympiques d’hiver de Sotchi 2014.
Vendredi 27 février – Emploi – Décret subvention spécifique EA.
Le montant de la subvention spécifique versée aux Entreprises Adaptées et aux Centres de Distribution de Travail à Domicile est modifié par deux textes réglementaires parus au Journal Officiel. Un décret précise l’objet des trois parties de cette aide : la première, forfaitaire, « permettant un accompagnement social et professionnel renforcé des travailleurs handicapés en emploi », la seconde attribuée sur critères pour prendre en compte le « développement économique de la structure, le maintien dans l’emploi des salariés vieillissants et la mobilité professionnelle externe », la troisième, variable, « destinée prioritairement à soutenir les projets tendant à développer les compétences des salariés handicapés pour la réalisation de leur projet professionnel ». Un arrêté fixe le montant de la partie forfaitaire à 925€ (en hausse de 25€) pour l’année par salarié de « l’effectif de référence », et ceux des parties sur critères et variable dont les modalités de calcul deviennent complexes. Enfin, le montant de l’aide au démarrage reste identique, 4.600 € par embauche d’un travailleur handicapé. La subvention spécifique est désormais « versée dans la limite des crédits de la loi de finances », contingentement qui pourrait entrainer à terme l’absence de paiement pour cause d’épuisement de la ligne budgétaire.
Vendredi 27 février – Manifestation/Institutions – 200 à Caen contre les hausses.
Environ 200 personnes handicapées et militants associatifs ont manifesté devant le Conseil Général de Caen contre les hausses des tarifs d’hébergement en établissement médico-sociaux. Ils dénonçaient une augmentation allant jusqu’à 100€ par mois et rétroactive sur l’année 2014 (soit l’équivalent d’un mois de revenus pour ceux qui travaillent). Le tarif des repas fixé par le Conseil Général que doit payer l’usager a doublé, passant de 3,50€ à 7€, un montant supérieur au coût réel desdits repas selon des associations. Pour le Conseil Général, le tarif précédent était « extra-légal » et il serait dans son droit en appliquant ces augmentations à plus d’un millier d’usagers, imputant cette austérité budgétaire sur la baisse des dotations de l’Etat. Il a toutefois proposé d’étaler sur deux ans l’augmentation du prix de l’hébergement et des repas en foyer, alors que les manifestants avait envahi l’hémicycle dans lequel délibéraient les conseillers généraux. Les frais d’hébergement sont prélevés directement sur l’Allocation aux Adultes Handicapés ou la rémunération en Etablissement et Service d’Aide par le Travail, le bénéficiaire ne conservant que 30% au mieux de l’AAH pour vivre, soit 240€ par mois.
Jeudi 26 février – Emploi – Retraite anticipée et complémentaires.
Selon le site Tout sur la retraite, les caisses de retraite complémentaires Agirc et Arrco préparent une circulaire portant sur l’application des nouvelles règles de départ anticipé à la retraite pour les personnes invalides à au moins 50%. Les conditions du bénéfice de la pension versée par ces caisses seraient alignées sur celles du régime général de retraite, que les salariés soit cadres ou non-cadres. Les conseils d’administration Agirc et Arrco ont déjà adopté le principe de cette extension qu’il reste à transcrire dans leurs règlements respectifs lors des prochaines semaines. Les personnes handicapées à 50% au moins depuis qu’elles sont en âge de travailler pourront en conséquence obtenir une pension complète dès 55 ans, les autres à partir de 62 ans. Une circulaire de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse datée du 16 février en précise les modalités pour ce qui concerne la pension de base du régime général, et l’octroi de l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA, ex minimum vieillesse).
Mercredi 25 février – Éducation/Vie Autonome – Chien refusé puis accepté.
La jeune éducatrice d’un futur chien guide d’aveugle a dû mobiliser la radio locale France Bleu pour que l’animal soit admis dans l’école maternelle de Toulouse (Haute-Garonne) lorsqu’elle venait chercher ses enfants. Dans un premier temps, l’Inspection d’Académique entendait interdire l’accès au chien, jusqu’à que la médiatisation agisse comme un rappel à la loi. En effet, un décret du 20 mars 2014 étend aux chiens-guide ou d’assistance en phase d’éducation l’accès « aux lieux ouverts au public ainsi qu’à ceux permettant une activité professionnelle, formatrice ou éducative. » Un inspecteur de l’Education Nationale a finalement promis de régler la question.
Mardi 24 février – Handicap moteur – Documentaire sur le corps.
Le réalisateur Sylvain Ferrari prépare un documentaire dans le cadre d’un programme de recherche et d’études à l’université de Paris Panthéon Sorbonne, en partenariat avec le ministère du Travail et des solidarités, et France 2. « Je souhaite aborder ce documentaire par le prisme de l’intime et réfléchir aux obstacles auxquels sont confrontés les personnes en situation de handicap dans l’expression de leurs désir et dans leur relation à l’autre, au couple. C’est un travail sur le corps et une réflexion sur la manière dont le désir se reconfigure, se redéploie face aux aléas de la vie. » Pour ce film, Sylvain Ferrari recherche un couple dont l’un ou les deux partenaires sont handicapés physiques, « prêts à témoigner et susceptibles d’incarner le ou les personnages principaux de mon documentaire. » En 2012, il avait réalisé La Nature de l’Homme, série de portraits sur la relation de l’homme à la terre. Pour le contacter, appelez le 06 40 70 45 84.
Lundi 23 février – Cécité/Médias – Charlie Hebdo audiodécrit.
Le Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes (GIAA) a réalisé l’audiodescription des dessins du numéro exceptionnel de Charlie Hebdo du mercredi 14 janvier 2015, le premier après l’assassinat de ses principaux rédacteurs et dessinateurs (lire cet Editorial). Les personnes aveugles « peuvent enfin savoir à quoi ressemble un dessin de Tignous, de Wolinski, de Cabu, de Luz ou de Riss ». La lecture des textes de ce numéro et la description de ses dessins figurent sur un CD audio adressé gratuitement à toute personne justifiant d’un handicap visuel ou étant « empêchée de lire ». Le GIAA veut ainsi s’associer à l’élan des personnes aveugles ou malvoyantes qui ont défilé le dimanche 11 janvier 2015 pour soutenir la liberté d’expression. Le GIAA gère une bibliothèque de 26.000 titres et propose sur abonnement l’adaptation sonore d’une trentaine de périodiques.
Vendredi 20 février – Transports/Emploi – Loi Macron à l’Assemblée.
Le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques dit loi Macron a été adopté sans vote par l’Assemblée Nationale : des députés de la majorité refusant de voter le texte, le Gouvernement a posé la question de confiance sans être renversé par l’adoption de la motion de censure déposée par l’opposition parlementaire. Le projet de loi modifié par les députés organise, entre autres, la mise en ligne à la disposition du public des données nécessaires à l’information du voyageur incluant « les arrêts, les horaires planifiés et les informations sur l’accessibilité aux personnes handicapées ». Il autorise le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour « modifier les règles applicables en matière de création, d’aménagement et d’exploitation des gares routières de voyageurs [en] matière de police dans ces gares pour garantir l’accès à celles-ci par l’ensemble des usagers, notamment les personnes handicapées et à mobilité réduite ». Il intègre dans le Code des postes et des communications électroniques « la satisfaction des besoins de l’ensemble des utilisateurs, y compris les utilisateurs handicapés, âgés ou ayant des besoins sociaux spécifiques, dans l’accès aux services et aux équipements. » Les accords professionnels d’extension du nombre de dimanches travaillés devront contenir des « engagements pris en termes d’emploi ou en faveur de certains publics en difficulté ou de personnes handicapées ». Le texte étend le respect de l’obligation d’emploi à l’achat de fournitures auprès du milieu protégé et de prestations à des travailleurs indépendants handicapés, à l’accueil de « personnes handicapées pour des périodes de mise en situation en milieu professionnel » et à celui de collégiens et lycéens handicapés en « périodes d’observation ». Le Sénat doit examiner le texte dans les prochaines semaines.
Vendredi 20 février – La perle de la semaine.
Une ancienne militante aveugle du Front National se retrouve candidate contre son gré aux élections départementales dans le Puy-de-Dôme ! Kinésithérapeute retraitée âgée de 77 ans, cette personne avait reçu la semaine dernière à son domicile deux militants du Front National et a eu ensuite la surprise d’apprendre qu’elle était candidate en tant que titulaire dans le canton de Saint-Ours-les-Roches, connu parce que le parc d’attractions Vulcania y est installé. Lors de la visite domiciliaire, l’ex-kiné aveugle a visiblement signé un acte de candidature alors qu’elle affirme avoir seulement demandé un acte de domiciliation pour voter à Royat. Elle a porté plainte pour abus de faiblesse. De son côté, la présidente du Front National, Marine Le Pen, dénonce une manoeuvre malveillante qu’elle impute à un ex-dirigeant de son parti entré en dissidence, un problème similaire ayant été identifié en Saône-et-Loire.
Jeudi 19 février – Société – Formation d’accompagnants sexuels.
Fondateur et président de l’Association Pour la Promotion de l’Accompagnement Sexuel (APPAS), Marcel Nuss annonce le lancement de la première formation à l’accompagnement à la vie affective, intime et sexuelle en France. « Consciente des souffrances et des attentes en matière de vie affective et sexuelle, dont notre société refuse de tenir compte, [l’APPAS] a décidé d’organiser, pour la première fois sous nos latitudes, une formation pour des accompagnant(e)s sexuel(le)s volontaires et autonomes, précise-t-il dans un communiqué. Cette décision est une suite logique de notre engagement en faveur de cette cause. En effet, il s’agit pour nous de répondre au mieux et à un maximum de demandes d’accompagnement sexuel sur le territoire français. » Trois femmes et huit hommes âgés de 29 à 72 ans y participeront à la mi-mars près de Strasbourg, encadrés par un juriste, un psychologue-sexologue, une ex-accompagnante sexuelle, une spécialiste de l’accompagnement sexuel des personnes déficientes intellectuelles et psychiques et Marcel Nuss. Cette formation constitue l’embryon du déploiement de l’accompagnement sexuel en France au sujet duquel le débat public, pourtant vif en 2011 et 2012, est aujourd’hui inexistant : lire cet article.
Jeudi 19 février – Justice/Discrimination – La France condamnée.
La Cour Européenne des Droits de l’Homme condamne la France pour traitements inhumains envers un détenu algérien devenu paraplégique lors d’une tentative d’évasion. Tout en considérant que la détention du condamné à trente ans de prison n’est pas incompatible avec son état de santé, la Cour relève « l’insuffisance des soins de rééducation qui lui ont été dispensés et l’inadaptation des locaux à son handicap ». Entre 2009 et 2012, il a été privé de soins de rééducation et ne bénéficie depuis que d’une courte séance hebdomadaire. WC et douches n’étant pas adaptés alors que le détenu subit une incontinence urinaire et fécale, il dépend de l’aide d’un codétenu pour ses besoins naturels et sa toilette. La Cour a en conséquence condamné la France à lui payer 7.000€ de dommages et intérêts et 4.000€ de remboursement de frais. La France, dont les prisons ont été classées juste avant celles de la Moldavie dans une étude du Conseil de l’Europe, a déjà été condamnée pour de tels faits, notamment en 2006. Cette nouvelle condamnation témoigne de l’immobilisme de l’administration pénitentiaire et du ministère de la Justice.
Mercredi 18 février – Manifestation – Finistère en colère.
Le Collectif des Associations de Personnes Handicapées du Finistère (CAPH) appelle à manifester à Quimper le 5 mars à 14 heures, place Saint-Corentin, proche du Conseil Général, sur plusieurs revendications. Ses 37 associations déplorent « les nombreuses insuffisances des moyens existants ou prévus par le Conseil général pour répondre aux besoins essentiels et reconnus des personnes handicapées du département ». Il manquait 420 places d’hébergement fin 2013, alors que 200 travailleurs en Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) vont dans les prochaines années partir en retraite et ont besoin d’un hébergement adapté pour 70 places seulement prévues. Le Collectif s’inquiète également du contrôle des aides humaines, le Conseil Général ayant décidé de revenir à la stricte application de la loi du 11 février 2005 alors que précédemment il accordait des prestations allant au-delà : le retour à cette orthodoxie budgétaire sans concertation ni information préalable des bénéficiaires a entrainé la suspension de prestations à domicile et le remboursement brutal de trop-perçus.
Mardi 17 février – Politique – Rubio, Montané et… Mélenchon.
Les électeurs ariègeois devront se prononcer sur la candidature de deux militants handicapés lors des élections au Conseil Départemental (ex conseil Général) des 22 et 29 mars prochains. Président du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique, André Montané (handicap moteur) sera candidat socialiste à sa troisième réélection dans le 2e canton de Pamiers, en binôme avec Monique Bordes (1ere adjointe au maire de La Tour-de-Crieu); Chantal Rubio, aveugle, présidente de l’Association Pourquoi Pas Moi (APPM), sera leur candidate suppléante. Par ailleurs, le fondateur et ex-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, annonce dans une émission de France 3, Le Divan, qu’il est très malentendant du fait d’une maladie génétique qu’il n’a pas davantage précisée. « Vous, a-t-il déclaré à son intervieweur, vous voyez les gens arriver, vous les entendez. Moi, non. Je les découvre quand ils sont sur moi. Si bien que souvent, je le vis comme une agression, le temps de réagir ». Jean-Luc Mélenchon est député européen depuis 2009.
Lundi 16 février – Tourisme – Destination pour Tous ressuscite.
Le ministère chargé du Tourisme intérieur a finalement accepté que soit lancé un troisième appel à candidatures aux territoires souhaitant obtenir le label Destination pour Tous (lire l’actualité du 20 novembre 2014). Les collectivités locales intéressées ont jusqu’au 30 juin pour déposer leur dossier, la sélection devant intervenir en septembre pour que des audits soient effectués pendant l’automne afin que le ou les lauréats soient annoncés en décembre. Lancé en 2013 après une phase expérimentale, Destination pour Tous n’a actuellement été accordé pour trois ans qu’à la seule ville de Bordeaux, pour les handicaps moteur et mental, en juin 2014. Le second appel à candidatures n’a reçu qu’un seul dossier, celui de Saint-Jean-de-Luz, qui n’a pas abouti. Gestionnaire et instructeur des dossiers de ce label, l’Association Tourisme et Handicaps refuse à son habitude de communiquer sur le sujet, bien qu’elle soit financée en quasi-totalité par l’État.
Lundi 16 février – Parents – Accueil en crèche.
Le ministre chargé du Travail, François Rebsamen, et la secrétaire d’Etat en charge de la Famille, Laurence Rossignol, ont signé avec des organisations professionnelles et des syndicats de salariés un accord cadre national d’Engagement de Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC) pour la petite enfance. Il vise à améliorer la formation des personnels de garde d’enfants à domicile comme en établissements (crèche, halte-garderie). Pour ces derniers, les dispositions incluent l’accueil des enfants handicapés et leur accompagnement spécifique, ainsi que l’amélioration de la prévention et du repérage des handicaps.
Vendredi 13 février – Culture/Cécité – Danse au Festival de Marseille.
Dans le cadre de ses activités en direction des publics handicapés, le Festival de Marseille organise des sessions de danse adaptée aux personnes déficientes visuelles. Il propose des stages assurés par l’association Acajou, qui utilise les supports qu’elle a spécialement conçus : « l’Acajouet », dont le kit tactile permet de comprendre le mouvement par le toucher pour écrire son mouvement sur une partition, et le « coffret Giselle », approche du ballet « par ce qu’on y vit et non par ce qu’on en voit ». Acajou interviendra auprès des jeunes de l’Arc-en-Ciel, à l’Institut régional des sourds et aveugles de Marseille (IRSAM) lors d’ateliers hebdomadaires ouverts également aux jeunes déficients visuels extérieurs à l’établissement.
Jeudi 12 février – Éducation/Surdité – Option LSF au Bac.
L’Union Nationale des Associations de Parents d’Enfants Déficients Auditifs (Unapeda) entreprend de dresser la liste des établissements scolaires proposant l’option Langue des Signes Française pour les examens du Baccalauréat et du Brevet des collèges. Elle en a actuellement recensé sept : deux en Aquitaine, un à Paris, trois dans le Limousin et un dans le Nord-Pas de Calais. Le nombre de lycéens présentant la LSF au Baccalauréat est passé de 188 en 2008 à 1.374 en 2014, sans que la répartition entre Sourds et entendants soit connue. L’Unapeda répertorie également les textes réglementaires applicables à l’option LSF au Brevet et au Baccalauréat.
Mercredi 11 février – Éducation – Arrêtés PPS et Geva-Sco.
Le Journal Officiel publie deux arrêtés relatif à la scolarisation des enfants et jeunes handicapés. Le premier définit le document formalisant le projet personnalisé de scolarisation (PPS) et la nomenclature applicable. Dans cette dernière on relève plusieurs omissions importantes, résultant de modifications récentes de la réglementation : besoin de transport adapté, chien-guide d’aveugle ou d’assistance, participation aux activités résultant des nouveaux rythmes scolaires. Or, pour être pris en compte par l’établissement, ses personnels et les collectivités locales qui les financent, ces besoins doivent obligatoirement être inscrits sur le PPS. Le second arrêté contient le modèle du document de recueil d’informations constituant le « guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation (GEVA-Sco) », livret contenant les conditions spécifiques de scolarisation des élèves handicapés. Dans un communiqué, la Fédération nationale pour l’Insertion des personnes Sourdes et des personnes Aveugles en France (FISAF) rappelle toutefois les lacunes de ce dispositif : « Les remontées de terrain attestent qu’aujourd’hui [les Commissions des Droits et de l’Autonomie de la Personne Handicapée] ne peuvent pas concrètement consacrer le temps nécessaire à l’élaboration réelle du PPS étant donné le nombre de dossiers à analyser. D’autre part, le manque de compétences spécifiques en matière d’enseignement, soit par l’absence dans cette même commission d’enseignants spécialisés, soit par la présence d’enseignants n’exerçant plus depuis longtemps d’activité d’enseignement, empêche la mise en oeuvre réelle et sérieuse de ces projets de scolarisation. La FISAF souhaite que cette problématique soit prise au sérieux par le Ministère de l’Education Nationale et le Secrétariat d’Etat aux personnes handicapées car il en va de la crédibilité même des textes adoptés et des objectifs poursuivis et constamment rappelés. »
Mercredi 11 février – Manifestation – Les 10 ans de la loi.
Ni le Président de la République, François Hollande, ni son Premier ministre, Manuel Valls, n’ont voulu célébrer les dix ans de la loi d’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. Ils n’ont effectué aucun déplacement ni assisté à un seul événement sur ce thème, laissant le champ libre à la protestation associative qui s’est exprimée dans une quarantaine de villes en rassemblant près de 5.000 personnes. Ils étaient par exemple une soixantaine à Gap (Hautes-Alpes), une cinquantaine à Saint-Denis de la Réunion devant l’inaccessible préfecture, à Moulins (Allier) comme à Perpignan, les manifestants ont brulé en public un cercueil contenant la défunte loi du 11 février 2015, une opération escargot était organisée sur le périphérique de Toulouse, etc. A Paris, les 200 protestataires ont été empêchés par la police de déposer une gerbe à la loi défunte devant l’Assemblée Nationale, et l’ont donc laissée sur un trottoir. La veille, le Comité d’Entente des associations nationales de personnes handicapées avait publié une étude d’opinion IFOP sur l’évolution de la vie quotidienne depuis la promulgation le 11 février 2005 de la loi d’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. 52% d’entre elles estiment que leur situation s’est améliorée depuis 2005, 26% jugent qu’elle est restée stable et 22% qu’elle s’est dégradée. La population générale estime à 63% que le quotidien des personnes handicapées s’est amélioré, mais 80% des répondants pensent que les pouvoirs publics n’agissent pas assez. Chez les élus, la moitié affirme être informée du contenu de la loi de 2005, mais ils sont un tiers à juger que ses dispositions sont un frein au développement de leurs territoires. 28% des personnes handicapées estiment que les pouvoirs publics agissent pour améliorer leur situation, contre 47% de la population et 85% des élus, mettant ainsi en évidence un net décalage de perception des réalités. Lire en Focus ce qu’en pensent dirigeants associatifs et ministres.
Mercredi 11 février – Surdité – La FNSF dresse le bilan.
La mise en oeuvre de la loi du 11 février 2005 n’a pas apporté grand chose aux personnes sourdes, constate dans un communiqué la Fédération des Sourds de France. « Dix ans après, il reste bon nombre de carences », déplore-t-elle, soulignant que 95% des services de soins réorientent « systématiquement les parents d’enfants sourds vers de la rééducation (orthophonique, psychomotrice, et autres). » En matière d’éducation, elle regrette que n’existent dans toute la France que trois classes bilingues Langue des Signes Française-Français écrit et onze autres plus ou moins bilingues : « Aujourd’hui, nous déplorons un accompagnement essentiellement médicalisé. Les seuls services qui sont proposés sont de l’ordre médical et de soins : dépistage précoce, appareillage et implants. Où est le libre choix des parents ? » Elle relève également l’absence d’alarmes visuelles dans les bâtiments publics et d’accessibilité aux personnes sourdes des services de communication publique de l’Etat et des services publics, la suppression du forfait Surdité de Prestation de Compensation de Handicap dès l’âge de 75 ans. « Face à cette lenteur des mises en place, la Fédération Nationale des Sourds de France continue de se mobiliser afin que l’utopie de l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ne soit pas qu’une utopie. »
Mardi 10 février – Emploi – Convention Pôle et Cap Emploi.
Le ministre de l’Emploi, François Rebsamen, annonce un accord cadre renforçant la coopération entre le réseau Cap emploi et Pôle emploi et signé par l’Etat, Pôle emploi, l’AGEFIPH, le FIPHFP et CHEOPS (Fédération des Cap Emploi). Couvrant la période 2015-2017, il repose « sur les savoir-faire respectifs et sur la complémentarité des offres de services » des réseaux Cap et Pôle Emploi. « L’orientation s’effectue ainsi à partir des besoins de la personne et non pas en fonction de critères administratifs », ce qui ne devrait plus rendre systématique le renvoi des travailleurs handicapés de Pôle Emploi vers les Cap Emploi. La coopération s’appuierait sur les « expertises respectives de chacun des acteurs pour définir un projet de coopération local », avec renforcement des échanges de données entre les organismes concernés. Pôle Emploi subventionnera en 2015 les Cap Emploi à hauteur de 29,8 millions d’euros, dotation sur fonds d’Etat identique à celle de 2014.
Vendredi 6 février – Accessibilité – Fin d’Architecture pour Tous.
Le Conseil pour l’International des Architectes Français (CIAF) décide de ne plus participer au groupe de travail international Architecture pour Tous piloté depuis une quinzaine d’années par l’Union Internationale des Architectes. Ce retrait résulte d’une décision de la nouvelle Assemblée du CIAF pour laquelle l’Architecture pour Tous n’est pas en adéquation avec les priorités portées par la France, rapporte l’architecte Louis-Pierre Grosbois qui représentait l’Hexagone au sein du groupe de travail. Cette décision laisse le champ libre aux pratiques anglo-saxonnes en matière d’accessibilité, la France n’ayant pas en la matière d’actions de promotion à l’international que ce soit dans les infrastructures touristiques, culturelles, sportives ou de transport comme en témoignent les constructions réalisées par des entreprises françaises à l’étranger.
Jeudi 5 février – Société – Piot au HCEfh.
La psychanalyste aveugle Maudy Piot est nommée par décret du Premier ministre au Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) en tant qu’experte au sein de sa commission Santé, droits sexuels et reproductifs. Farouche opposante à l’assistance sexuelle aux personnes handicapées, cette présidente d’une association féministe disposera d’une position-clé pour empêcher tout développement d’une pratique française en la matière. Proche du Parti Socialiste, Maudy Piot avait soutenu Anne Hidalgo lors de la campagne électorale de mars 2014 pour le Conseil de Paris et figurait sur une liste socialiste lors du scrutin de 2008.
Mercredi 4 février – Accessibilité – Ratification de l’ordonnance.
La ministre chargée des Affaires sociales, Marisol Touraine, a présenté en Conseil des Ministres le projet de loi ratifiant l’ordonnance 2014-1090 du 26 septembre 2014 relative à la mise en accessibilité des établissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voirie pour les personnes handicapées. Ce texte devait être déposé dans les cinq mois suivant la publication de l’ordonnance. Il ne contient qu’une seule disposition modificative, concernant l’entrée en vigueur de la possibilité pour l’acheteur d’un logement en voie d’achèvement (VEFA) d’en modifier l’accessibilité. Le projet de loi a été déposé au Sénat qui l’examinera en premier, à une date encore inconnue. Des associations nationales de personnes handicapées ont lancé, depuis plusieurs mois, une campagne auprès des parlementaires pour les inciter à voter contre la ratification de l’ordonnance du 26 septembre 2014. Lire ce Flop.
Mercredi 4 février – Accessibilité – Circulation restreinte à Paris.
A l’occasion d’une « déambulation à l’aveugle » organisée par la Fédération des Aveugles de France (FAF), l’adjoint à la maire de Paris chargé des Déplacements et de l’espace public, Christophe Najdovski a précisé les conditions d’interdiction prochaine de circulation des véhicules les plus polluants. « Nous nous laissons le temps de mettre en place les mesures, puisqu’elles seront effectives à compter du 1er juillet 2016. D’ici là, nous mettrons en place un centre conseil en mobilité qui permettra de donner toutes les informations nécessaires aux personnes qui ont besoin d’un véhicule pour se déplacer. » Il envisage de travailler avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées pour identifier des situations nécessitant d’adapter le futur dispositif « et si besoin avoir un système de dérogations ». La création de zones à circulation restreinte est inscrite dans le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte adopté par l’Assemblée Nationale le 14 octobre 2014 et débattu au Sénat à partir de la semaine prochaine. Son article 13 renvoie à un décret après concertation la détermination des « catégories de véhicules dont la circulation dans une zone de circulation restreinte ne peut être interdite ainsi que les modalités selon lesquelles des dérogations individuelles aux mesures de restriction peuvent être accordées ». Christophe Najdovski envisage également de reprendre l’aménagement de la place de République, entièrement rénovée en 2013 mais totalement inaccessible aux piétons déficients visuels faute de dispositifs adaptés et de repérage, tout en déplorant que la Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes (CFPSAA) dont fait partie la FAF poursuive la ville de Paris en justice pour cette inaccessibilité : « Il est préférable toujours d’essayer de travailler ensemble plutôt que d’aller vers un contentieux. » Pour l’éviter, la ville nommera un référent Accessibilité sur tous les grands chantiers à venir, dont celui de la rénovation de la place de la Bastille. Interview intégrale de Christophe Najdovski disponible sur YouTube.
Mardi 3 février – Justice – Prison pour maltraitance.
Quatre parents d’un jeune homme handicapé mental ont été condamnés par le Tribunal Correctionnel du Havre (Seine-Maritime) à quatre mois de prison ferme (sans incarcération immédiate) et vingt autres avec sursis pour actes de maltraitance. La victime était alors hébergée, en 2010, par un oncle et une tante vivant avec leurs deux enfants. C’est l’un d’eux qui a eu l’idée d’attacher leur cousin à une chaine pour le punir d’une sortie nocturne, le jour à l’escalier, la nuit à son lit. Cela jusqu’à ce qu’il parvienne à s’en libérer une nuit, sorte de la maison chaîne au pied et soit remarqué par des passants qui alertèrent la police. Il vit depuis dans un foyer. La famille qualifiée de « Thénardier » par le Procureur de la République, la tante détournant les allocations de la victime, devra également verser 8.000€ de dommages et intérêts à la victime.
Lundi 2 février – Société – Une mère tue son fils.
La mère d’un jeune adulte handicapé mental, âgé de 22 ans, l’a assassiné dans la nuit de samedi à dimanche en lui administrant une surdose de médicaments, dans les environs de Rouen (Seine-Maritime). Elle l’a ensuite étouffé avec un coussin puis étranglé avec une laisse. Aux gendarmes qui l’ont placée en garde à vue et interrogée hier, la mère quinquagénaire a affirmé que son fils était violent avec elle et qu’il l’avait menacée avec une tronçonneuse. Sans attendre les premiers résultats de l »enquête judiciaire, l’Unapei s’affirme dans un communiqué « horrifiée de constater encore une fois l’échec de notre société qui laisse des familles en souffrance commettre l’irréparable […] Les familles sont abandonnées à un destin inacceptable que nul être humain ne peut supporter sans songer à commettre l’irréparable. » Le jeune homme était toutefois accueilli la journée en Institut Médico-Educatif.
Dimanche 1er février – Sports – La France au mondial de ski nordique.
Chaque membre de l’équipe de France de ski nordique handisport est revenu avec une médaille des championnats du monde, qui se déroulaient depuis le 23 janvier, à Cable dans le Wisconsin (USA). En catégorie debout, Benjamin Daviet a remporté l’or en relais open, de même que Thomas Clarion et son guide Julien Bourla ainsi qu’Anthony Chalençon et son guide Lucas Duperrex chez les déficients visuels. Benjamin Daviet a également gagné l’argent en sprint 1km, sprint 7,5km et 20km classique, ainsi que le bronze en biathlon 12,5km. Enfin, Thomas Clarion et son guide Julien Bourla ont remporté l’argent dans le 20km classique.