Samedi 30 avril – Transports – Sanctions pour défaut d’Ad’Ap.
Le Journal Officiel publie un décret relatif aux contrôles et aux sanctions applicables aux schémas directeurs d’accessibilité – agendas d’accessibilité programmée pour la mise en accessibilité des transports publics de voyageurs. Il définit la procédure de constat de carence d’élaboration d’un tel schéma ou de manquement dans sa réalisation, permettant à la tutelle d’Etat d’infliger éventuellement l’une des sanctions prévues par la loi.

Vendredi 29 avril – Discriminations – Recalée dans la fonction publique.

Le Défenseur des Droits publie une recommandation relative à la discrimination du fait du handicap d’une fonctionnaire territoriale de catégorie C dans son évolution de carrière vers un poste de catégorie B. Un jury de recrutement interne l’a recalée en juillet 2014 en invoquant des réserves quant à l’aptitude physique de la candidate. Le Défenseur des Droits constate le refus discriminatoire du fait de l’absence d’avis du comité médical seul compétent en la matière : « L’administration inverse le raisonnement, et substitue son appréciation à celle du médecin compétent », constate-t-il. En conclusion, il demande à l’employeur de  » prendre toute mesure de nature à prévenir le renouvellement d’une telle situation » sans toutefois demander que la situation professionnelle de la fonctionnaire discriminée soit réétudiée.

Jeudi 28 avril – Accessibilité – Carte mobilité-inclusion.
Le Gouvernement a fait adopter au Sénat un amendement à la loi pour une République numérique qui instaure la carte mobilité-inclusion remplaçant les actuelles cartes d’invalidité, de priorité et de stationnement. Cette disposition, annoncée par le Président de la République, François Hollande, en clôture de la Conférence Nationale du Handicap du 11 décembre 2014 n’a pas été préalablement concertée ni étudiée par le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées. Si cette disposition est approuvée lors de l’examen final du texte en Commission Mixte Paritaire, elle entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2017 pour les demandes en cours et les nouvelles; la validité des cartes actuellement en circulation sera maintenue jusqu’à la date indiquée sur chacune. D’un format carte bancaire, la carte mobilité-inclusion risque de n’être valable qu’en France, sa conformité au modèle européen de la carte de stationnement n’étant pas garantie. Lire cet Éditorial.

Jeudi 28 avril – Surdité/Accessibilité – Un centre-relais dans 5 ans.
Le Sénat est finalement revenu au texte adopté par l’Assemblée Nationale en matière d’accès aux communications téléphoniques pour les personnes sourdes ou privées de la parole. La sénatrice Les Républicains du Nord Valérie Létard avait pourtant fait adopter le 6 avril en commission des Lois un amendement instaurant dans l’année un centre-relais des conversations téléphoniques incluant Langue des Signes Française, Langage Parlé Complété et transcription, mais la même commission en a finalement décidé autrement vingt jours plus tard, en reprenant un amendement du Gouvernement. Le texte finalement adopté réserve dans un premier temps cette mise en accessibilité aux seules communications téléphoniques avec des services publics ou commerciaux, les entreprises privées n’étant assujetties qu’au-delà d’un chiffre d’affaires qui sera fixé par décret. Ce service sera délégable à des sociétés spécialisées. Les opérateurs téléphoniques devront d’ici dix ans fournir à leurs clients sourds ou privés de la parole un service de « communications électroniques, incluant pour les appels passés et reçus, la fourniture d’un service de traduction simultanée écrite et visuelle […] sans surcoût aux utilisateurs finals, dans la limite d’un usage raisonnable dont les conditions sont définies par décret ». Il est donc probable que le nombre d’heures de communications entre particuliers sera limité, et la prestation pourra être fournie au moyen d’applications mobiles. L’accueil téléphonique adapté devra être assuré dans les deux ans suivant la promulgation de la loi, cinq ans pour le centre-relais plus cinq années supplémentaires pour que ce dernier fonctionne tous les jours 24 heures sur 24. Lire aussi cet Éditorial.

Mercredi 27 avril – Vie Autonome – Péril sur les salaires PCH.

La Coordination Handicap et Autonomie (CHA) s’alarme de l’impréparation dans laquelle est appliquée la nouvelle classification et grille de salaires des personnels d’aide à domicile dont bénéficient les personnes handicapées dépendantes. « A partir du 30 avril, les personnes handicapées qui emploient un ou plusieurs salariés pour vivre à leur domicile vont devoir avancer les augmentations de salaires et de cotisations sociales signés par les partenaires sociaux et étendus par l’État le 18 mars faute de coordination avec les départements », dénonce la CHA dans un communiqué. Si tous les particuliers employeurs doivent depuis le 1er avril payer leur personnel en fonction des nouvelles règles, les départements n’ont pas eu le temps de les intégrer dans leur mécanique financière et comptable, ce qui va entrainer des retards dans la revalorisation des Prestations de Compensation du Handicap versées aux bénéficiaires handicapés. « Le paiement des salaires mais également des cotisations sociales du mois d’avril va mettre en situation de détresse financière les particuliers employeurs handicapés, en particulier ceux qui emploient plusieurs salariés (en 24h/24) et qui sont, par essence, déjà des personnes fragiles même si elles luttent tous les jours pour vivre en autonomie à leur domicile », conclut la CHA.

Mardi 26 avril – Maltraitance/Parents – Ado délaissée dans l’Orne.

Les parents d’une adolescente handicapée polyhandicapée résidants à Flers, dans l’Orne, ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger et placés sous contrôle judiciaire. Les secouristes, alertés par la mère vendredi dernier, ont découvert la jeune femme dénutrie et baignant dans ses excréments, le bassin marqué d’escarres multiples, une plaie béante à une cheville, la literie habitée de vers et larves. Dans le coma, son pronostic vital est engagé. Selon les parents, l’adolescente dont les jambes sont atrophiées ne voulait pas quitter le lit, et ne parvenait plus à s’alimenter bien qu’ils lui donnent à manger. Ils ont avoué aux enquêteurs avoir été dépassés par la situation.

Lundi 25 avril – La perle de la semaine.

Lors de son discours d’installation du CNCPH, la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Ségolène Neuville, a annoncé la tenue le 19 mai prochain du premier rendez-vous annuel de la Conférence Nationale du Handicap qui s’était déroulée le 11 décembre 2014. Dans son discours de clôture, le Président de la République, François Hollande, avait alors annoncé la tenue annuelle d’une Conférence Nationale du Handicap alors que sa fréquence, tous les trois ans, est inscrite dans la loi. Cette bévue sera donc réparée par la réunion d’associations en présence du Président de la République, sans préparation préalable, pour une grand-messe d’autosatisfaction gouvernementale qui se déroulera vraisemblablement au Palais de l’Elysée, lieu propice à l’extinction des voix protestataires comme il en avait déjà été lors de la CNH 2014…

Lundi 25 avril – Administration – Nouveau CNCPH.

Le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées a été installé dans sa nouvelle composition par la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Ségolène Neuville. Il comporte près de 120 membres titulaires, représentant les collectivités locales, les services de l’Etat et de la protection sociale, les organismes d’insertion professionnelle, les syndicats de salariés et patronaux, de très nombreuses associations et seulement treize personnalités dites « qualifiées » (sans droit de vote) sur les quinze initialement prévues. Les quatre vice-présidences ont également été attribuées par arrêté de la ministre des Affaires sociales. Le CNCPH est chargé de donner un avis sur tous les textes législatifs ou réglementaires concernant directement les personnes handicapées, et divers autres textes et rapports gouvernementaux. La présidence demeure assurée par la sénatrice socialiste du Val d’Oise, Dominique Gillot. Ses membres ne sont pas rémunérés. Par ailleurs, les deux instances consultatives créées par la loi du 11 février 2005, l’Observatoire interministériel de l’accessibilité et de la conception universelle (Obiacu) et l’Observatoire national sur la formation, la recherche et l’innovation sur le handicap (Onfrih) sont en déshérence : le premier est inactif depuis près de quatre ans, le second depuis le dépôt de son second rapport en juin 2011.

Dimanche 24 avril – Politique/Cécité – Annereau échoue à Saint-Herblain.

Élu en mars 2014 au Conseil Municipal de Saint-Herblain, Matthieu Annereau (Les Républicains) a été battu au second tour de l’élection législative partielle de la 3e circonscription de Loire-Atlantique. Détenu par le socialiste Jean-Marc Ayrault depuis 1986, ce siège de député était vacant depuis la mort de son suppléant, suivant de quelques semaines le retour du titulaire au Gouvernement, comme ministre des affaires étrangères. Matthieu Annereau a recueilli 44,56 % des suffrages exprimés contre 55,44 % pour la candidate socialiste Karine Daniel, alors que 3 électeurs sur quatre ne sont pas allés voter. Rappelons que le dernier député aveugle siégeant à l’Assemblée Nationale fut l’avocat Georges Scapini, de 1928 à 1940.

Vendredi 22 avril – Accessibilité – Tours verbalise dans le privé.

Le maire de Tours (Indre-et-Loire) a pris un arrêté autorisant les policiers municipaux à verbaliser sans autorisation préalable les infractions au stationnement des places réservées aux véhicules des personnes handicapées commises dans des parkings privés ouverts à la circulation. La réglementation n’autorise en effet cette répression qu’en cas de demande d’intervention de la part du propriétaire ou gestionnaire. Désormais, la police municipale pourra lors de ses rondes vérifier le respect du stationnement réservé dans des parkings de supermarchés, salles de sport, résidences, etc.

Jeudi 21 avril – Justice – Témoin de son cambriolage.

Un homme paraplégique a obtenu du Tribunal Correctionnel de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) la condamnation des auteurs du cambriolage nocturne de sa maison, le 23 février 2014, auquel il avait « assisté » depuis son lit. Au terme d’une soirée d’anniversaire, les individus avaient décidé de piller la maison de cet homme que l’un connaissait, sachant où était cachée la clef de la porte permettant à l’aide-soignante quotidienne d’entrer pour les soins du lever, coupant le téléphone et la vidéosurveillance. Terrorisant leur victime, ils avaient emporté des objets de peu de valeur. Le voleur cagoulé, multirécidiviste, écope de trois mois de prison ferme, et le guetteur de 120 jours-amendes à 15€/jour, soit 1.800€ à payer sous peine d’être emprisonné la durée des jours impayés. Les deux devront indemniser la victime de son préjudice matériel de 400€ et lui verser 1.000€ de préjudice moral. Profondément choquée, la victime découverte au petit matin par l’aide-soignante avait dû être hospitalisée pendant plusieurs semaines.

Mardi 19 avril – Cécité – Le braille en concours.

Comme chaque année, l’Union Européenne des Aveugles convie les aveugles pratiquant le braille à participer à un concours de dissertation destiné à valoriser cette écriture, World Braille Essay Onkyo 2016. Pour la France, c’est la Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes (CFPSAA) qui est chargée de sélectionner les cinq meilleures contributions de 1.000 mots maximum, à adresser au plus tard le 30 mai. Le premier prix est de 2.000 US$, les lauréats recevront d’autres prix. Le règlement du concours est à demander par courriel auprès du secrétariat de la CFPSAA. Les prix seront attribués en septembre prochain.

Lundi 18 avril – Discriminations/Emploi – Campagne oublieuse.
Lancée par quatre ministres (Emploi, Ville, Économie, Égalité réelle), la campagne d’affichage de lutte contre les discriminations à l’embauche ne traite que de l’origine. Les trois affiches qui doivent orner 1.796 panneaux pendant deux semaines n’abordent pas le handicap alors que celui-ci constitue la troisième cause de discrimination dans le privé et la première dans le secteur public, selon le Défenseur des Droits. La ministre du Travail et de l’emploi, Myriam El Khomri, a justifié ce choix : « Vous remarquerez que dans ces affiches il n’y a que la discrimination liée à l’origine. Mais comme je l’ai dit dans mon intervention, toutes les discriminations seront traitées cette année dans le cadre des campagnes que nous allons lancer. Je ne suis pas dans une logique de mettre toutes les discriminations les unes à côté des autres. » Son ministère a commandé un testing d’entreprises de plus d’un millier de salariés dont les résultats devraient être révélés en septembre, destiné à mieux cerner les discriminations mais qui n’entraîneront pas de poursuites judiciaires, la ministre préférant la voie de la discussion.

Lundi 18 avril – Allocations – Réforme des minima sociaux.
Le député socialiste de Saône-et-Loire Christophe Sirugue a remis au Premier ministre un rapport formulant trois scénarios de réforme des minima sociaux, dont l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) et l’Allocation Supplémentaire d’Invalidité (ASI). S’il propose à long terme de fusionner les dix prestations en une seule, avec un complément spécifique handicap, cette option nécessite une refonte législative d’ampleur qui ne peut être réalisée avant plusieurs années. Mais il propose notamment dès 2017 de supprimer le cumul de l’AAH avec l’Allocation Spécifique de Solidarité afin d’économiser 20 millions d’euros au détriment de 25.000 bénéficiaires qui n’auraient plus d’intérêt à demeurer sur la liste des demandeurs d’emploi et contribuer ainsi à réduire le nombre de chômeurs handicapés, d’attribuer l’AAH à titre définitif aux personnes dont le handicap n’évoluera pas positivement, de la maintenir après l’âge de départ en retraite pour les allocataires invalides à 80% au moins.

Vendredi 15 avril – Institutions – Tarification ESAT.
Le Conseil d’État annule une disposition d’un arrêté conjoint de la ministre des Affaires sociales et de la santé et du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances qui imposait le tarif-plafond aux Etablissements et Services d’Aide par le Travail qui ont signé avec l’Etat un Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens (CPOM). Les juges ont considéré qu’en l’absence de décret en la matière, la pratique du tarif-plafond ne pouvait être appliquée à ces établissements. Depuis plusieurs années, les associations nationales gestionnaires d’ESAT sont en guerre juridique contre l’Etat qui augmente les dotations globales de fonctionnement des ESAT d’un pourcentage inférieur (+0,66% pour 2016) à l’évolution de la masse salariale et gèle le tarif-plafond. Elles ont à plusieurs reprises fait annuler par le Conseil d’Etat l’arrêté fixant le tarif-plafond. Les CPOM devaient pourtant constituer un outil alliant développement des établissements et maitrise des dépenses, le Gouvernement ayant introduit dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2016 leur généralisation à l’ensemble des établissements médico-sociaux d’ici 2022.

Jeudi 14 avril – Justice/Institutions – Escroquerie en Guadeloupe.
Le fondateur sexagénaire d’une association pour personnes handicapées et de l’Esat Mat & Bat, dont les produits sont vendus sous la marque Archituff à Anse Bertrand (Guadeloupe), a été mis en examen pour abus de biens sociaux, travail dissimulé, escroquerie aux prestations sociales et blanchiment de fraude fiscale, portant sur plus de 500.000€. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’approcher certaines personnes, dont des élus locaux qui auraient bénéficié de travaux gratuits à leur domicile. A la fois président de l’association support et directeur de l’Esat, le mis en cause a rejeté le caractère délictuel des griefs, évoquant la gestion d’une affaire privée. Depuis sa création il y a quinze ans, l’Esat n’a jamais été contrôlé par la tutelle d’Etat. La plupart de la vingtaine de travailleurs handicapés ne peut plus se rendre au travail, l’entreprise de transport dédiée ayant cessé de l’assurer faute d’être payée, et l’Esat tourne au ralenti, une partie des machines étant hors-service faute d’entretien. Le paiement des salaires pourrait ne pas être assuré.

Mercredi 13 avril – Surdité/Administration – Déni d’accueil.

A la suite d’un mauvais accueil à la Caisse d’Allocations Familiales de Créteil (Val-de-Marne), la comédienne sourde Noémie Churlet a créé la page Facebook Pas de LSF, pas d’existence ? Des sourds racontent leurs expériences d’accueil dans les services publics par des agents qui ne connaissent pas les besoins spécifiques et ne font pas l’effort de communiquer par écrit, bien que ce soit obligatoire aux termes de l’article 78 de la loi du 11 février 2005, si l’éventuel système d’interprétariat en Langue des Signes Française à distance n’existe pas ou est indisponible. L’initiative de Noémie Churlet résulte d’ailleurs du refus d’un agent de la CAF de communiquer par écrit alors que le système de visio-conférence avec un interprète LSF était en panne pendant un créneau d’accueil spécifique des allocataires sourds. Si l’accueil adapté des administrés handicapés, dont les personnes malentendantes ou sourdes, est inscrit dans la loi, les personnels d’accueil sont peu formés, et peu de services publics recourent aux procédés de traduction LSF à distance assurés par des sociétés privées. Lire aussi cet Éditorial.

Mardi 12 avril – Famille – Nouveau guide handiparentalité.
La collection de guides pratiques Parentalité et handicap (lire l’actualité du 10 avril 2015) élaborés par le Réseau de Services pour une Vie Autonome Basse-Normandie s’étoffe d’un troisième volume, « Être parent en situation de handicap moteur. » L’ouvrage s’ouvre sur des témoignages de femmes qui racontent leur grossesse, la naissance de leur enfant et la vie qui s’est écoulée depuis. Il prodigue une série de conseils adaptés sur la grossesse, la naissance, le retour à la maison, les droits, ainsi que les matériels et aménagements utiles en fonction d’un handicap moteur. Si les adresses pratiques concernent les départements normands, l’ensemble des informations est utile à tous les futurs parents. Les trois guides parus (handicap moteur, auditif ou visuel) sont consultables via Calameo sans téléchargemenrt possible, ou disponibles sur commande au format papier. L’ouvrage « Être parent aveugle ou malvoyant » est quant à lui téléchargeable au format Word sans image.

Lundi 11 avril – La perle de la semaine.

On connaît désormais l’explication d’une bizarrerie figurant dans l’arrêté du 24 décembre 2015 appliquant aux immeubles d’habitation la réforme de l’accessibilité instituée par l’ordonnance du 26 septembre 2014. Son article 14 autorise que l’accès aux balcons, loggias et terrasses des logements neufs présente un seuil d’accès allant de 15 à 25 cm, ce qui s’inscrit dans la logique d’une réglementation de restriction de l’accessibilité. Toutefois, l’arrêté ne s’applique pas uniquement aux constructions neuves mais également à celles qui résultent d’un permis de construire déposé à compter du 1er janvier 2008, ce qui régularise des réalisations non conformes comme le soulèvent Christian François, administrateur de l’Anpihm, et Odile Maurin, présidente d’Handi-social : « Il est connu du ministère du Logement qu’une procédure contentieuse est en cours à l’encontre d’un bailleur social toulousain ayant attribué des logements ‘adaptés’ (autorisés par des permis de construire postérieurs au 1er janvier 2008, du 26 octobre 2009 plus précisément) dont les loggias sont distribuées par un seuil de plus de 27 cm bien qu’aucune contrainte technique particulière n’interdisait dans ce programme immobilier que la valeur réglementaire de 2 cm soit respectée. » La rétroactivité « régularisatrice » contenue dans l’arrêté du 24 décembre 2015, également étendue aux salles de bains, s’oppose à un principe fondamental du droit français que l’Administration a clairement décidé de ne pas respecter. Toutefois, le seuil relevé à Toulouse excédant largement la valeur admise dans cette réglementation rétroactive, le bailleur social concerné n’est pas à l’abri des poursuites. Lire également ce Flop.

Vendredi 8 avril – Surdité – Sourdline Développement en redressement.
Créée en mai 2013, l’Entreprise Adaptée Sourdline Développement est en redressement judiciaire. Elle devait poursuivre l’activité de Sourdline (lire l’actualité du 15 septembre 2014), centre de relation clientèle entre entreprises commerciales et consommateurs sourds, et s’était alors adossée à Urbilog, société spécialisée dans l’accessibilité numérique pour les personnes déficientes visuelles. Elle constitue l’une des trois entreprises opérant dans la relation clientèle sourde, alors que le Sénat doit examiner à la fin du mois le projet de loi pour une République numérique qui prévoit de généraliser les centre d’appels pour les conversations téléphoniques des personnes sourdes, malentendantes ou privées de la parole. Lire aussi cet Éditorial.

Jeudi 7 avril – Cécité – Un cycliste blesse un chien-guide.

Olivier Brisse, vice-président de l’Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev) dénonce publiquement le comportement d’un cycliste qui a blessé son chien-guide, ce dernier étant immobilisé pour un mois. Les faits se sont produits la semaine dernière sur un trottoir de Bordeaux (Gironde) : un cycliste qui y circulait a heurté l’animal, l’a blessé à la patte, et s’est enfui avec la certitude de ne pouvoir être identifié ou poursuivi par le maître aveugle. Olivier Brisse fustige les usagers de la route qui multiplient sur les trottoirs les incivilités à l’égard de personnes handicapées ou parents avec poussettes.

Mardi 5 avril – Architecture – Canopée parisienne.
Le nouveau Forum des Halles (Paris 1er) a été inauguré après une reconstruction quasi-complète de cinq années. Couvert d’un immense auvent de verre et acier, la Canopée, il comporte une place dédiée aux cultures dites « urbaines », des espaces culturels ainsi que de nombreux commerces, essentiellement en sous-sol. La nouvelle médiathèque La Fontaine est dotée d’un pôle sourd, le cinquième dans la capitale, disposant de bibliothécaires sourds ou entendants assurant accueil et conseil en Langue des Signes Française, et également animations, contes, pour les enfants, les jeunes et les adultes. Les ouvrages évoquant la surdité ou dont un personnage est Sourd sont classés parmi les autres, signalés sur la tranche par le pictogramme « mains ». Autres équipements culturels, une Maison des Pratiques Artistiques Amateurs (MPAA), un conservatoire de musique et un établissement consacré au hip-hop, La Place. Si tous ces lieux sont accessibles aux usagers en fauteuil roulant, il demeure fastidieux de s’y rendre par la ligne 14 du métro, pourtant accessible, ou le RER, du fait de l’absence pendant quelques mois encore d’un ascenseur desservant directement la Canopée depuis la porte Lescot ce qui oblige à effectuer de très longs parcours et détours mal signalés. De même, il n’a pas été installé d’ascenseur en alternative aux immenses escaliers mécaniques qui desservent la place inférieure, côté jardin des Halles, et les commerces en sous-sol, ce qui oblige les personnes à mobilité réduite à sortir de la Canopée pour emprunter les ascenseurs des portes extérieures Berger ou Rambuteau. Les visiteurs aveugles ne disposent, quant à eux, d’aucun guidage à la canne ou sonore, ces équipements devant être installés « d’ici la fin de l’année » affirment les architectes du projet, Patrick Berger et Jacques Anziutti.

Mardi 5 avril – Santé – Suspens pour le packing.
Répondant en séance à la question orale du député socialiste du Morbihan, Gwendal Rouillard, la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Ségolène Neuville, qui est également médecin hospitalier, a renouvelé le qualificatif de « maltraitance » à l’encontre du packing. Cette « thérapie » appliquée par des psychiatres à des personnes autistes consiste à les envelopper dans des draps humides et froids, étroitement serrés, avec l’objectif d’influer sur leur comportement. « Le Gouvernement juge valables les recommandations de l’ONU selon lesquelles cette pratique relève de la maltraitance, a rappelé Ségolène Neuville. Nous prendrons, avec Marisol Touraine, un certain nombre de mesures précises, via des circulaires, à destination des agences régionales de santé. » La ministre n’a toutefois pas précisé la nature de ces mesures et n’a pas affirmé l’intention d’interdire purement et simplement le packing, annonçant seulement « l’actualisation de la circulaire relative à la maltraitance, qui date de 2014. Ce texte précisera ce qu’est le packing. » Une étude clinique sur le packing lancée en 2008 par le Centre Hospitalier Universitaire de Lille et qui devait durer trois ans est toujours en cours, bloquant toute décision « politique ». Toutefois, l’Organisation des Nations-Unies a demandé à la France, dans un rapport publié en févier dernier, d’interdire cette maltraitance qu’elle demeure l’un des très rares pays à infliger.

Lundi 4 avril – Loisirs/Surdité – Tricotage version sous-titrée.

Pascale Thullier, alias la Joueuse de Pelote, a décidé de sous-titrer l’ensemble des vidéos qu’elle consacre au tricot sous toutes ses formes. « J’ai créé une chaîne Youtube et un site web pour partager ma passion du tricot et pour transmettre mes connaissances sur le sujet, précise-t-elle. Ajouter des sous-titres pour permettre à tous de vivre cette passion s’inscrit bien dans ma démarche. Depuis ce jour, je mets des sous-titres en transcrivant moi-même ce que je dis. C’est un travail assez long et pour l’instant je n’ai que quelques vidéos entièrement sous-titrées, mais je le fais pour toute nouvelle publication. J’ai retiré toutes les transcriptions automatiques qui ne servent à rien et je propose de s’abonner à mon espace Twitter pour être informé à chaque fois que je reprends une vidéo ancienne. J’aimerais vraiment que mes efforts portent leurs fruits et que des personnes qui entendent mal puissent quand-même tricoter avec moi. » Pour afficher le sous-titrage, il faut les activer dans les préférences Youtube, en cliquant sur l’icône rectangulaire située à droite de celle à roue dentée. A suivre aiguilles en main…

Vendredi 1er avril – Emploi – L’Agefiph baisse ses aides.
Confrontée à la forte baisse de ses ressources (lire cet Editorial), l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) réduit fortement ses aides à l’emploi. L’Aide à l’Insertion Professionnelle (AIP) est divisée par deux, 2.000€ pour un temps complet, 1.000€ pour un temps partiel. L’aide forfaitaire à la création d’activité est, quant à elle, réduite de 1.000€ pour s’établir à 5.000€. Les travailleurs handicapés formés en alternance par contrat d’apprentissage ou de professionnalisation percevront une prime forfaitaire de 1.000€ pour les moins de 26 ans, 2.000 € pour les 26-44 ans et 3.000€ au-delà; les employeurs concernés toucheront de 1.000€ à 7.000€ par contrat selon sa nature et sa durée (contre un maximum de 13.000€ précédemment).

Vendredi 1er avril – Allocations – +81 centimes pour l’AAH.

Le Gouvernement a choisi d’effectuer une augmentation de principe à la nouvelle date annuelle de revalorisation de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : 81 centimes de plus par mois, soit moins de trois centimes par jour, pour une prestation qui passe de 807,65€ à 808,46€. Cette augmentation de 0,1% correspond à celle des crédits inscrits au projet de loi de finances pour 2016. L’AAH augmentée de ses compléments éventuels (dont les montants demeurent inchangés depuis leur création il y a plus de dix ans) reste inférieure au seuil de pauvreté qui était de 1.000€ en 2013, dernière évaluation publiée par l’INSEE. L’indexation de l’AAH sur l’évolution de l’indice des prix à la consommation n’étant effectuée qu’une fois l’an au 1er avril, depuis la loi de finances pour 2016, il n’y aura pas d’autre revalorisation de la prestation dans les douze mois qui viennent. Lire aussi cet Éditorial.

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