Dimanche 31 mai – Santé – Bilan de l’épidémie.

Le coronavirus a contaminé dans le monde 6.348.900 personnes (+ 1.075.328 en une semaine), dont 380.810 décédées (+ 39.088), depuis son identification, dont 1.410.698 (+ 62.287) en Europe entrainant la mort de 167.270 malades (+ 5.413) selon Santé Publique France. C’est donc hors d’Europe que l’épidémie se développe fortement, avec une augmentation de 37% de contaminations en une semaine. En France, 11 des 109 foyers infectieux sont situés dans des établissements médico-sociaux. Ce bilan présente à nouveau une baisse des décès de pensionnaires d’hébergements pour personnes handicapées, 279 soit –2, variation non expliquée par Santé Publique France. Officiellement, 28.530 malades sont morts du Covid-19 en France (+ 696).

Samedi 30 mai – Les initiatives de la semaine.

  • La solidarité humaine réconforte un messin tétraplégique qui pourrait, au terme de trois années de péripéties, bénéficier de son premier fauteuil roulant motorisé.
  • Les Vélos du Coeur remettent deux engins adaptés à une MAS de Nouvelle-Calédonie grâce à la générosité publique après le vol d’un monopousseur et d’un fauteuil tracté.
  • Organisée par l’église catholique par l’intermédiaire d’une association écran, la Nuit du handicap qui devait se dérouler le 13 juin avec le soutien d’une trentaine de municipalités est annulée.
  • Le Comité International Paralympique reporte au 1er août l’ultimatum adressé à la fédération internationale de basket fauteuil pour modifier son système de classification des joueurs (lire l’actualité du 31 janvier 2020).
  • Un foyer de vie de l’Orne recherche des artistes et spectacles pour se produire devant les résidents.
  • Le ministère de la santé crée une consultation médicale complexe, payée 46€ aux médecins, visant les « patients à risques ou ceux souffrant d’une affection de longue durée qui n’ont pas pu être suivis en consultation pendant la durée du confinement ».

Vendredi 29 mai – Les ratés de la compensation.

  • Direction et présidente des FAM Sésame autisme du Languedoc retardent le déconfinement des pensionnaires du fait de leur « fragilité de santé ».
  • Le père sourd et sadique d’une fillette qu’il martyrisait avec la complicité de son épouse, également sourde, et d’amis est condamné à deux ans de prison ferme par le Tribunal Correctionnel de Châteauroux (Indre).
  • Bien qu’il ait ciblé un homme handicapé pour le voler à Toulouse (Haute-Garonne), un adolescent sera poursuivi pour une simple agression, le Parquet ne retenant pas la circonstance aggravante du handicap parce qu’il « ne se détecte pas physiquement ».
  • Le procès en appel à la Cour d’Assises de Melun (Seine-et-Marne) d’un meurtrier sourd est contrarié par les mesures de protection sanitaire qui empêchent l’accusé de comprendre les débats et de s’exprimer.
  • Le médico-social « handicap » est exclu du comité national du Ségur de la santé alors que le médico-social « personnes âgées » participe à cette concertation nationale visant à réformer à nouveau le système national de santé mis à mal par les réformes successives et l’épidémie de coronavirus.
  • Le Collectif des associations de personnes handicapées du Finistère (CAPH 29) dénonce un déni de démocratie et des abus de pouvoir au sein des commissions de la MDPH. 

Jeudi 28 mai – Emploi/Solidarité/Social – Produit du jour de corvée.

Selon la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, la journée dite de solidarité travaillée non payée devrait rapporter près de 3 milliards d’euros : 2,13 milliards prélevés sur les salariés et 816,5 millions sur les retraités et préretraités. Ces sommes sont destinées à financer notamment des établissements médico-sociaux, le fonctionnement des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), l’habitat inclusif, des allocations aux personnes âgées dépendantes ou handicapées : Allocation Personnalisée d’Autonomie et Prestation de Compensation du Handicap. Depuis la création de cette taxe sur les salaires et retraites, les gouvernements successifs ont transféré à la CNSA des charges et dépenses qui incombaient au budget de l’Etat et étaient donc financées par l’ensemble des impôts et taxes. Le Gouvernement envisage d’ailleurs d’augmenter en 2024 cette ponction des salariés et retraités : il veut affecter à la CNSA 2,3 milliards d’euros collectés via la Contribution Sociale Généralisée et qui ne devaient plus être prélevés puisqu’ils devaient alimenter la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) appelée à disparaître en 2024. Cette Caisse va toutefois être maintenue jusqu’en 2033 pour absorber 136 milliards de déficits des caisses de Sécurité Sociale et autres charges, avec prolongation du prélèvement spécifique CRDS sur les salaires et retraites (lire plus bas au 20 mai). Ce qui veut dire que l’État transforme la part de CSG affectée au remboursement de la dette sociale en taxe pérennisée destinée à financer les aides aux personnes âgées dépendantes. Le montant concerné est proche de celui d’une deuxième journée de travail non payée, mais son caractère « transparent » évite au Gouvernement une nouvelle vague de mécontentement social s’il l’avait imposée dans les mêmes formes que la journée dite de solidarité. 

Mercredi 27 mai – Accessibilité/Justice – Recours contre les dérogations préfectorales.

Le décret du 8 avril confiant aux préfets un très large pouvoir de dérogation en matières de normes (lire plus bas au 19 mai) est attaqué devant le Conseil d’État par quatre organisations de protection de l’environnement. Les Amis de la Terre FranceNotre Affaire à TousWild Legal et Maiouri Nature Guyane dénoncent un texte qui « permet aux préfets de contourner les normes existantes pour prendre des décisions dans des domaines étendus, tels que l’aménagement du territoire, l’environnement et la construction, ainsi que l’octroi de subventions. » Élaboré sans concertation, ce texte pérennise et étend à l’ensemble du territoire une expérimentation visant à alléger la reconstruction de territoires dévastés à des degrés divers par des catastrophes naturelles en 2017 (Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Mayotte, Lot, Bas et Haut-Rhin, Creuse, Saint-Barthélemy, Saint-Martin). « Au moins 183 arrêtés dérogatoires ont alors été adoptés, constatent les quatre plaignants, parmi lesquels de nombreux cas inquiétants : cette période d’expérimentation a notamment permis l’installation d’une unité de méthanisation dans une zone protégée dans l’Yonne, ou encore à la construction d’une digue et d’un parc d’éoliennes en Vendée en passant outre l’obligation de réaliser une étude d’impact environnemental. » Ce qu’appuie la juriste de l’association Notre Affaire à Tous : « Dans une période de ‘relance économique’, où les projets polluants sont amenés à se multiplier, ce décret peut être dévastateur en matière environnementale. » Et également d’accessibilité aux différents usagers handicapés. A cet égard, il ne semble pas qu’un recours similaire a été introduit par une association nationale de défense de leurs intérêts.

Mardi 26 mai – Loisirs/Tourisme – Reprise sans volet social ?

La faiblesse du volet social du plan de relance de l’activité touristique conduit ATD Quart Monde à réagir. Le Premier ministre a en effet renvoyé à une concertation l’élaboration de dispositions en faveur des plus démunis alors qu’elles devaient être au menu du Comité Interministériel du Tourisme du 14 mai dernier. ATD Quart Monde expose dans un communiqué 10 propositions visant à « reconnaître le droit au tourisme pour tous, augmenter les moyens solidaires consacrés aux vacances des plus pauvres, encourager et conforter l’accès aux vacances et aux loisirs pour les jeunes, préserver les missions et le statut de l’Agence Nationale des Chèques Vacances [ANCV], harmoniser les politiques des Caisses d’Allocations Familiales. » L’association redoutait que le fonds d’action sociale de l’ANCV de près de 30 millions d’euros annuels soit amputé au profit du plan de relance du Gouvernement, mais ce dernier a renoncé à ponctionner cette agence de ces 30 millions. « ATD Quart Monde a dit qu’il y avait mieux à faire avec cet argent, précise la chargée du dossier. Ce qui nous importe c’est de conserver un établissement public qui dispose de moyens pour mener des actions sociales. Nous voulons préserver les intérêts des invisibles dont on ne parle jamais. » L’association redoute que la commercialisation du chèque-vacances soit ouverte à des entreprises privées comme le préconise le secrétaire d’État à la jeunesse, Gabriel Attal, ce qui réduirait fortement l’action en faveur du tourisme des plus démunis puisque le fonds social ANCV est alimenté par des excédents de gestion qui seraient forcément réduits. Le Premier ministre pourrait annoncer vers le 10 juin des mesures en faveur des vacances des plus pauvres, croit savoir la députée Pascale Fontenel-Personne; chargée en mars 2019 d’une mission et d’un rapport « Tourisme pour tous » remis au Gouvernement six mois après, elle a quitté en novembre le parti présidentiel La République En Marche ce qui a entrainé l’absence de publication de son rapport d’une mission confiée depuis à la secrétaire d’État aux solidarités, Christelle Dubos, et Gabriel Attal. Rappelons enfin que les séjours de vacances adaptées restent suspendus jusqu’à l’accord des autorités de tutelle (lire plus bas au 6 mai).

Lundi 25 mai – Loisirs – Vivre en couple sur Perfect World.

Après avoir consacré neuf tomes à l’histoire d’amour tourmentée de Tsugumi et Itsuki, Rie Aruga expose dans la suite de la manga Perfect Word (lire l’actualité du 19 août 2019) la vie de couple des jeunes gens qui viennent de se marier et sont travaillés par le désir d’enfant. Ils en côtoient au contact d’amis, et la création d’une famille s’impose dans leur esprit. Mais la paraplégie d’Itsuki l’empêche de pouvoir concevoir par les voies naturelles et le couple doit recourir à une fécondation in vitro. Et ils n’ont droit qu’à quatre tentatives, compte-tenu de la piètre qualité du sperme du mari… Outre un suspens basé sur la tension au sein du couple confronté à une nouvelle épreuve, le processus de cette insémination artificielle est détaillé et montre que ce chemin vers la procréation est particulièrement rude et difficile. Perfect World Tome 10, par Rie Aruga, éditions Akata, 6,99€.

Dimanche 24 mai – Santé – Reprise de l’épidémie.

Selon Santé Publique France, l’épidémie de coronavirus Covid-19 se poursuit avec 5.273.572 cas confirmés dans le monde (+ 675.678 en une semaine) entrainant 341.722 décès (+30.134) depuis le 31 décembre 2019 dont 1.348.411 en Europe (+44.558) faisant 161.857 morts (+7.267). Pour la France, la situation poursuit son amélioration pour la septième semaine consécutive, sauf à Mayotte qui est en crise sévère. Au total, le virus a causé la mort de 27.834 malades, dont 281 pensionnaires d’établissements pour personnes handicapées (+10) et 13.618 de maisons de retraite (+388, et au total 49% du total des victimes). Trois hébergements pour personnes handicapés sont des foyers épidémiques importants, leur localisation n’étant pas précisée; ils font l’objet de dispositions spécifiques, dont le test des résidents et personnels afin d’isoler les porteurs du virus.

Samedi 23 mai – Les initiatives de la semaine.

  • Multiplication d’initiatives pour créer des masques de protection assurant la lecture labiale, comme à Brest (Finistère) en brevetant un modèle intégralement transparent, et à Pont-Sainte-Maxence avec une fenêtre en plastique (Oise).
  • Une société gardoise crée et commercialise un distributeur automatique, par détection laser, de gel hydroalcoolique.
  • L’association Innovation pour la Mobilité des Déficients Visuels (IMDV) ouvre une formation au métier de guide touristique pour personnes aveugles ou malvoyantes.
  • L’Unapei, l’Inria et Facebook élaborent un procédé de génération automatique de textes en Facile à lire et à comprendre qui devrait être disponible l’an prochain.

Vendredi 22 mai – Les ratés de la compensation.

  • Paris ne prévoit de rouvrir que 10% de ses bibliothèques début juin.
  • La ville de Paris a buggué dans la distribution informatisée aux habitants des 2,2 millions de masques de protection qui pourrait prendre plus d’un mois.
  • Incapable de les effectuer dans la journée, la SNCF va imposer aux riverains toutes les nuits pendant six mois les bruyants travaux de mise en accessibilité de la gare de Cosne-sur-Loire (Nièvre).
  • L’opérateur des transports collectifs d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) refuse d’accepter un client handicapé moteur au motif du respect des gestes-barrière que le chauffeur ne peut pas respecter, faute de masque.
  • Enquête édifiante de France Info sur la pesanteur et l’inertie de l’administration centrale et des ministères avant et au début de la crise sanitaire marquée par l’impréparation et des obstacles bureaucratiques à répétition (lire également cette enquête).
  • L’Unapei, la FCEP et les PEP écrivent au ministre de l’Éducation Nationale et à la secrétaire d’État aux personnes handicapées pour dénoncer les lacunes dans l’accueil d’élèves handicapés dans le cadre du déconfinement.

Jeudi 21 mai – Fiscalité/Parents – Régime fiscal des aidants familiaux.

Le Bulletin officiel des finances publiques explicite les conditions d’imposition sur le revenu des sommes perçues par les aidants familiaux de personnes handicapées. Ceux qui sont salariés dans ce cadre « sont imposables selon les règles de droit commun des traitements et salaires » à l’exception de « certaines indemnités représentatives de frais » selon les dispositions du code général des impôts. La Prestation de Compensation du Handicap pour dédommagement d’un aidant familial n’est, elle, plus imposable avec rétroactivité au 1er janvier 2019. Les parents aidants n’ont donc plus à porter les sommes reçues sur leur déclaration de revenus.

Mercredi 20 mai – Social/Finances – Déficit et bonnes affaires.

Le Gouvernement a décidé de maintenir jusqu’en 2033 la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) et de lui transférer la charge de 136 milliards d’euros : 30 milliards de déficits passés, 13 milliards pour la couverture du service de la dette des hôpitaux et une « provision au titre des déficits prévisionnels de la sécurité sociale pour les exercices 2020 à 2023 qui apparaissent inéluctables au regard de la situation économique et qui incluront également des dépenses d’investissement dans les secteurs hospitalier et médico-social. » Créée par ordonnance en 1996 pour 13 ans afin d’éponger le « trou de la Sécu », la Cades a été maintenue par les gouvernements successifs et fonctionne comme une entreprise privée de crédit bien qu’étant alimentée par une cotisation sociale prélevée essentiellement sur les salariés, les chômeurs et les retraités : ce sont eux qui paieront pendant au mois 13 ans les conséquences financières de l’épidémie de coronavirus, ainsi que des intérêts exorbitants comme le dénonçait la député Caroline Fiat (La France Insoumise) le 26 octobre 2018 à l’Assemblée Nationale : « En 2017, la CADES avait remboursé depuis sa création 140 milliards d’euros de dettes sociales grâce aux impôts essentiellement et elle avait, dans le même temps, versé 52 milliards d’euros d’intérêts à ses créanciers […] Si nous savons avec quelles banques privées la CADES signe des contrats, nous n’avons aucune idée de ce que cet argent public devient ensuite. » Le Gouvernement annonce également un financement de l’accompagnement du grand âge à hauteur de 2 milliards d’euros… en 2024.

Mardi 19 mai – Éducation – Cluzel et Blanquer ne veulent pas payer pour la cantine.

Une nouvelle fois interrogés à l’Assemblée Nationale sur l’aide aux élèves handicapés pendant la cantine assurée par les Accompagnants de l’Élève en Situation de handicap, les deux ministres concernés renvoient la résolution du litige au Conseil d’État. Il a pourtant tranché la question le 11 avril 2011, jugeant qu’il appartient à l’Éducation Nationale d’en assumer la dépense, ce que ce ministère refuse toujours de faire. « La question de la responsabilité du financement n’a effectivement jamais été clairement établie dans la législation », prétend la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, oubliant qu’une décision de la plus haute juridiction administrative s’impose à l’État au même titre qu’une loi. Elle s’associe au ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, pour attendre une nouvelle décision du Conseil d’État sur le même sujet ainsi que les activités périscolaires et la garderie du soir que l’État espère toujours mettre à la charge des communes. Or, ce dossier est en attente de la remise en ordre des audiences sans que l’on sache combien de mois seront nécessaires.

Mardi 19 mai – Ca nous avait échappé.

Un décret signé par le Président de La République, Emmanuel Macron, autorise les préfets a déroger aux normes d’accessibilité. Publié discrètement le 8 avril dernier au Journal Officiel au plus haut de l’urgence sanitaire du Covid-19, il pérennise le pouvoir accordé pendant deux ans (lire l’actualité du 9 avril 2018) à chaque préfet de délivrer des autorisations et permis dérogeant « aux normes arrêtées par l’administration de l’État pour un motif d’intérêt général […] afin de tenir compte, sous certaines conditions, des circonstances locales », justifie sa notice. Cela concerne de nombreux domaines, dont la construction, le logement, l’urbanisme, la protection et mise en valeur du patrimoine culturel, les activités sportives, socio-éducatives et associatives. Le préfet peut ainsi décider souverainement que les normes d’accessibilité ne s’appliqueront pas ou seulement en partie, en le justifiant « par un motif d’intérêt général et l’existence de circonstances locales » suffisamment vague pour conduire à des abus et des discriminations. D’autres dispositions concernant les logements et les Etablissements Recevant du Public sont également en préparation à la faveur de la réécriture de la partie réglementaire du code de la construction et de l’habitation dont le nouveau texte serait soumis en septembre au Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées. Le projet mis en concertation fusionne les règles applicables aux différents types d’immeubles et généralise les solutions d’effet équivalent au moyen de mesures qui auront comme conséquences de rendre les usagers handicapés dépendant d’une aide humaine ou d’un planning d’heures d’ouverture spécifique, par exemple. Ce texte est conçu pour alléger les nomes et – théoriquement – les coûts, ce qui devrait rendre aléatoire l’accessibilité en autonomie aux immeubles neufs ou existants rénovés.

Lundi 18 mai – Emploi – Décrets fonction publique.

Trois décrets publiés au Journal officiel améliorent les conditions de recrutement et d’emploi d’agents handicapés dans les fonctions publiques. Le premier organise la titularisation des apprentis selon une procédure expérimentale jusqu’au 6 août 2024 de proposition obligatoire de postes. Le second autorise le transfert entre employeurs publics de l’équipement adapté au poste de travail de fonctionnaires handicapés et définit les dérogations et aménagements aux concours, recrutements et examens. Le dernier décret organise jusqu’au 31 décembre 2025 la promotion au niveau ou grade supérieur par la voie du détachement sur des postes mis à disposition d’agents handicapés par l’intermédiaire d’appels à candidatures. Ces trois textes appliquent certaines dispositions de la loi du 6 août 2019 de réforme de la fonction publique (lire l’actualité du 7 août 2019).

Dimanche 17 mai – Santé – Bilan de l’épidémie de coronavirus.

Selon les chiffres publiés par Santé Publique France, le covid-19 a contaminé 4.597.894 personnes dont 311.588 décédées depuis le 31 décembre dernier, avec 1.303.853 contaminations en Europe entrainant la mort de 154.590 malades. En France, la situation poursuit son amélioration, avec une baisse des contaminations et des hospitalisations. Au total depuis début mars, 96.979 personnes ont été hospitalisées et 26.991 sont décédées (+611 en une semaine) dont 13.230 pensionnaires de maisons de retraite (+408) et 268 d’hébergements pour personnes handicapées (+8).

Samedi 16 mai – Les initiatives de la semaine.

  • La Fédération Française Handisport publie son plan de déconfinement pour une « reprise progressive des activités sportives et associatives » et comportant des « dispositions fédérales spéciales dans le contexte de la crise sanitaire ».
  • Les résidents et les personnels d’un foyer proche de Périgueux (Dordogne) s’amusent ensemble en créant des vidéos humoristiques.
  • Les livraisons de masques fabriqués dans des Entreprises Adaptées de Meurthe-et-Moselle sont escortées par des policiers pour dissuader d’éventuels voleurs.
  • C’est en aménageant un fourgon en parloir qu’une MAS de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) organise les visites familiales déconfinées aux pensionnaires.
  • Une couturière sourde de Dambach-la-Ville (Bas-Rhin) réalise des masques transparents pour lecture labiale et contact avec des jeunes autistes.
  • Un collectif de scientifiques a réalisé avec le séminaire Politique des Sciences de l’EHESS deux vidéos qui synthétisent l’effet des politiques publiques sur l’épidémie de coronavirus et son éradication.
  • L’orchestre Open’Injazz rassemblant élèves, anciens élèves, professeurs de musique de l’INJA et des musiciens professionnels proposent Feeling good Confinement, deux élèves et leurs profs proposant également Le slam des confinés.

Samedi 16 mai – Santé/Vie Autonome – Foire aux questions déconfinement.

Le secrétariat d’État aux personnes handicapées publie une Foire aux questions consacrée au déconfinement lancé lundi dernier. Il présente notamment les dispositions en matière de réouverture des établissements médico-sociaux fermés au début de l’urgence sanitaire le 13 mars dernier, les choix possibles entre reprise d’activité ou maintien à domicile, l’obligation du port du masque et sa dérogation, les possibilités de faire tester son éventuelle contamination et les conséquences, la prolongation des allocations et prestations, le retour à l’école et l’enseignement à distance, la reprise des soins à domicile, etc. Cette FAQ est parsemée de quelques fiches en facile à lire et à comprendre illustrées, réalisées par SantéBD.

Vendredi 15 mai – Les ratés de la compensation.

  • Bien qu’il soit un département français soumis aux prises en charge légales, les autorités de La Réunion laissent prospérer des pensions « marrons » pour personnes dépendantes dont on qualifierait les tenanciers de « marchands de sommeil » s’ils sévissaient en Métropole.
  • L’ARS Nouvelle-Aquitaine profite de l’épidémie pour rejeter le maintien en internat d’une adolescente autiste confinée dans sa famille et qu’elle violente.
  • Le squat habité par des migrants et vendeurs de drogue à Brest (Finistère) et près duquel un passant handicapé avait été agressé et volé (lire Les ratés du 1er mai) est muré sous protection policière, l’agresseur interpellé, identifié par sa victime puis… remis en liberté.
  • A Bordeaux (Gironde), un jeune voleur n’a pas hésité à piquer au couteau la jambe d’un homme en fauteuil roulant qui retirait de l’argent à un distributeur, mais il a finalement été arrêté par la police.
  • Des aveugles et sourdaveugles évoquent leurs difficultés de déplacements et de vie quotidienne, dont le respect impossible de la distanciation sociale et des gestes-barrière.

Vendredi 15 mai – Emploi/Solidarité – Primes Covid pour les soignants et certains employés.

Le décret d’octroi d’une prime exceptionnelle versée aux personnels de santé qui ont travaillé pendant la crise sanitaire est publié au Journal Officiel. D’un montant maximum de 1.500€, elle concerne l’ensemble des professionnels des établissements publics de santé, des hôpitaux des armées et de l’Institution nationale des invalides. Un second décret accorde une prime maximale de 1.000€ « à certains agents civils et militaires de la fonction publique de l’État et de la fonction publique territoriale soumis à des sujétions exceptionnelles pour assurer la continuité des services publics dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire déclaré pour faire face à l’épidémie de covid-19 »; ce décret exclut expressément les établissements médico-sociaux, les maisons de retraite (EHPAD) et les services d’aide à domicile pour lesquels un autre décret doit être publié.

Jeudi 14 mai – Éducation/Allocations – Droits enfants prolongés.

Une ordonnance législative publiée au Journal Officiel prolonge de 15 mois, jusqu’au 31 août 2021, les orientations scolaires et socio-éducatives actuelles des enfants et jeunes handicapés si la Commission des Droits et de l’Autonomie de leur Maison Départementale des Personnes Handicapées ne prend pas une nouvelle décision d’ici le 31 juillet prochain. Les droits en cours à l’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé et à la Prestation de Compensation du Handicap pour aides humaines, animalière ou charges exceptionnelles sont prolongés dans les mêmes conditions. Toutefois, « sont exclues de cette prolongation les décisions d’orientation qui aboutiraient à un redoublement de fait. Pour celles-ci, les demandes font l’objet d’un examen prioritaire par la commission ». La plupart des familles devraient y trouver une simplification, mais la reconduction automatique pour un an ne peut guère s’appliquer aux enfants changeant de cycle scolaire, passant du CM2 au collège par exemple.

Jeudi 14 mai – La perle de la semaine.

La mission Accessibilité de la RATP a tenu à informer la rédaction « qu’un encart a été mis en place dans la rubrique accessibilité du site ratp.fr, pour communiquer sur les modalités particulières de prise en charge des PMR pendant cette période de déconfinement. » Effectivement, on y voit la confirmation de la prise en charge par taxi des clients en fauteuil roulant partant d’une gare RATP des lignes RER A et B : « adressez-vous en gare à un agent qui vous commandera un taxi ». La Régie avait créé cette prestation dès le 17 mars dernier, mais en oubliant d’informer ses clients pour s’étonner le 7 mai (lire plus bas) qu’aucun ne l’ait demandé. L’encart comporte également une information importante pour les clients aveugles, mais ils ne pourront la lire puisque ledit encart est au format… image. Rendons-leur directement service en transcrivant son contenu : « Si vous êtes mal ou non-voyant et vous déplacez sur nos lignes de métro et RER A ou B, si vous avez besoin d’assistance pour circuler dans nos stations, les agents présents sur place peuvent vous guider dans le respect des règles de distanciation obligatoires ». Il reste à la mission Accessibilité de la RATP à rendre son information accessible…

Mercredi 13 mai – Transports/Accessibilité – Reprise aléatoire à la SNCF.

La SNCF rétablit l’assistance aux voyageurs handicapés, mais en mode dégradé. Il redevient possible de réserver sur les grandes lignes et TGV, mais « dans certaines gares » et les employés ne porteront pas de bagage sans que l’on en comprenne la raison. De plus, pour le réseau francilien Transilien, « les assistances sans réservation préalable ne sont pas garanties, elles se feront dans la mesure du possible ». La SNCF précise également que le port du masque est obligatoire, sans mentionner la nouvelle dérogation médicale (lire plus bas au 12 mai).

Mercredi 13 mai – Administration – Faire cesser une arnaque.

A la suite de la révélation d’une nouvelle arnaque visant les personnes handicapées (lire l’actualité du 30 avril 2020), le directeur général de l’Association française pour le nommage Internet en coopération (AFNIC), Pierre Bonnis, apporte quelques précisions. Si cet organisme gère les noms de domaine en .fr notamment, ceux-ci sont achetés auprès de registrars français ou étrangers ce qui ne lui permet pas de bloquer aisément des pratiques manifestement frauduleuses. Cela d’autant plus que les noms de domaine déposés par des particuliers sont automatiquement anonymisés dans la base de données Whois. « On peut faire une demande de levée d’anonymat, explique Pierre Bonnis. N’importe quelle MDPH peut demander cette levée, on lui donne les coordonnées du titulaire s’il y a un point d’accroche sur le nom. » C’est le cas pour l’arnaque en cours qui usurpe le terme « mdph » et n’importe laquelle peut agir. Cette procédure consiste à demander au propriétaire du nom de domaine de justifier de son identité, ce que les arnaqueurs ne font généralement pas puisqu’ils veulent la dissimuler. Le nom est suspendu sept jours après une demande infructueuse, puis supprimé au bout d’un mois.

Mardi 12 mai – Société/Santé – Fin du confinement mais pas des restrictions.

Si le Gouvernement a mis fin hier au confinement à domicile, il maintient par décret des restrictions de déplacement; au-delà de 100 km à vol d’oiseau du lieu de résidence, il est nécessaire de compléter une attestation justifiant sous peine d’amende de motifs précis : activité professionnelle, scolarité (dont examens et concours), « motif familial impérieux, pour l’assistance des personnes vulnérables, pour le répit et l’accompagnement des personnes handicapées et pour la garde d’enfants », convocation policière ou de justice, missions d’intérêt général. Le port sur le visage d’un masque de protection est obligatoire dans les transports collectifs dont l’accès peut être réservé à certaines catégories d’usagers aux heures de pointe. Toutefois, « l’obligation du port du masque prévue au présent décret ne s’applique pas aux personnes en situation de handicap munies d’un certificat médical justifiant de cette dérogation qui mettent en oeuvre les mesures sanitaires [gestes-barrière] de nature à prévenir la propagation du virus. » De même, il appartient à l’accompagnant de mettre « en oeuvre les mesures sanitaires de nature à prévenir la propagation du virus » si le maintien de la distanciation physique n’est pas possible « entre la personne en situation de handicap et la personne qui l’accompagne »; cette disposition ne règle pas la situation des personnes aveugles se déplaçant seules. L’arrêté définissant l’attestation de déplacement ne comporte pas de modèle adapté aux personnes déficientes intellectuelles. Elle est téléchargeable au format PDFWordtexte et générable en ligne. Les cafés, hôtels, restaurants, lieux culturels, de loisirs et de spectacle demeurent fermés.

Lundi 11 mai – Éducation – Rentrée aléatoire d’après confinement.

Une partie des élèves du primaire doivent reprendre le chemin de l’école demain, mais ce n’est qu’en fin d’après-midi que le ministère de l’Éducation Nationale a achevé puis diffusé une note concernant les enfants handicapés et leurs accompagnants. Ces derniers devront porter en permanence un masque de protection « grand public » (en tissu lavable norme Afnor). Les Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap « qui ont une vulnérabilité de santé au regard du virus Covid-19 ou qui vivent avec une personne ayant cette vulnérabilité » ne peuvent reprendre leur travail qu’à distance ou bénéficient d’une autorisation spéciale d’absence. De ce fait, des élèves handicapés bénéficieront d’un autre AESH que celui qui leur était précédemment attribué, d’autant plus que les Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (PIAL) vont élaborer de nouveaux « projets d’accompagnement » qui pourront redéployer les personnels en fonction de leur disponibilité et des élèves handicapés admis en classe : « un AESH disponible pourra se voir confier l’accompagnement d’un ou plusieurs autres élèves en situation de handicap que celui dont il avait la charge avant la crise sanitaire […] en fonction de l’intérêt du service » et avec révision des contrats. Dans le même temps, leur rôle est renforcé notamment dans l’apprentissage et le respect des gestes-barrière et l’appui aux professeurs. Enfin, le renouvellement des contrats en vue de la rentrée de septembre « sera anticipé et s’applique pour tous afin d’accompagner la prorogation des droits des élèves en situation de handicap prévue par ordonnance. »

Dimanche 10 mai – Santé – Bilan hebdomadaire de l’épidémie.

L’épidémie mondiale de Covid-19 a touché près de 4 millions de personnes depuis le 31 décembre dernier, dont 1.239.428 en Europe, entrainant 278.814 décès dans le monde dont 146.700 en Europe. Pour la France sont comptabilisées 139.063 personnes infectées depuis le début de l’épidémie, 22.569 en cours d’hospitalisation (2.776 en réanimation) et 26.380 décédées (dont 16.642 à l’hôpital). Les contaminations poursuivent leur régression mais, faute de tests systématiques sur les personnes ressentant des symptômes, « le nombre de cas confirmés en France, tel que défini, ne reflète donc pas l’importance réelle de l’épidémie » précise le bilan épidémiologique de Santé Publique France. Parmi les 71.216 résidents d’établissements pour personnes âgées ou handicapées contaminés, 9.501 sont décédés dans l’établissement d’accueil et 3.321 à l’hôpital. 188 pensionnaires d’hébergements pour personnes handicapées sont décédés à l’hôpital et 72 dans leur établissement, des chiffres à nouveau en baisse du fait de « l’identification de données erronées dans la base de données qui ont conduit à des corrections ».

Samedi 9 mai – Les initiatives de la semaine.

  • La déchèterie de Romilly-sur-Seine (Aube) rouvre au public et ses employés apporteront leur aide aux seuls usagers handicapés.
  • Le quotidien belge La dernière heure rappelle les ravages de l’épidémie de grippe de Hong-Kong qui avait tué un million de malades en 1968-69 sans mesures de protection de la population ni émoi médiatique.
  • L’association Zicomatic propose en Savoie des concerts dans des établissements confinés pour personnes handicapées.
  • Le Journal Officiel publie un décret instaurant dans chaque département un comité pour l’école inclusive qui remplace le groupe technique de suivi de la scolarisation des enfants.
  • Un collectif de dirigeants associatifs et de personnalités publie une tribune en faveur de masques de protection adaptés aux personnes déficientes auditives.
  • Ce sont des gendarmes qui ont livré des fraises données par une coopérative du Périgord.
  • A Paris, l’axe rues Saint-Antoine et de Rivoli (3,6 kms) sera progressivement interdit à compter du 11 mai aux voitures particulières, avec quelques exceptions dont les véhicules transportant une personne handicapée.
  • Une professeure de danse de Lavaur (Tarn) propose sur Vimeo une chorégraphie adaptée aux personnes en fauteuil roulant.
  • Le musée de la céramique de Lezoux (Puy-de-Dôme) propose un livre numérique accessible, Le secret du monde.

Vendredi 8 mai – Surdité/Accessibilité – Plus de LSF pour les centres-relais.

L’ARCEP (autorité de régulation des télécommunications) publie les données d’utilisation pendant le dernier trimestre 2019 des deux centres-relais des conversations téléphoniques sur appli mobile RogerVoice et Free-Deafi destinés aux personnes sourdes ou malentendantes. Le nombre d’usagers de la Langue des Signes Française augmente de 13,4% par rapport au trimestre précédent (soit + 25% par rapport au 1er trimestre). Le nombre de conversations LSF progresse également de 21% (+ 31% par rapport au 1er trimestre), mais leur durée moyenne poursuit sa baisse (-3,9%) et chaque usager ne consomme que 19 minutes sur l’heure mensuelle dont il dispose. L’usage du LPC demeure marginal et stable, celui de la transcription se redresse légèrement. Au total, le nombre de minutes de conversations tous procédés confondus a baissé de 9% et celui des usagers de 4% entre le début et la fin de l’année 2019. Rappelons également que les personnes sourdaveugles ou aphasiques ne disposent toujours pas des adaptations nécessaires à l’utilisation de ces centres-relais, et ne sont par conséquent pas comptabilisées sans que cela mobilise les autorités compétentes.

Vendredi 8 mai – Les ratés de la compensation.

  • La réouverture d’une grande surface de bricolage de Plan-de-Campagne, près de Marseille, s’accompagne de plusieurs centaines de mètres de files d’attente avec priorité d’accès aux clients handicapés.
  • A Bordeaux (Gironde), quatre jeunes (dont deux femmes) sont accusés d’avoir séquestrés et contraints une jeune femme handicapée mentale à se prostituer, trois d’entre eux étant placés en détention provisoire.
  • Près de deux mois après le début du confinement, les personnes dialysées ou transplantées obtiennent le droit d’acheter en pharmacie des masques chirurgicaux.
  • Une députée du parti présidentiel votre contre le plan de déconfinement et rappelle la dénonciation par les Ordres des professions de santé d’un trafic sur les masques de protection qui ont manqué aux soignants, malades et personnes fragiles.
  • Le concours pour lycéens Sciencefactor prime un projet de carte de stationnement avec puce RFID libérant un plot sur l’emplacement, alors qu’un tel système de blocage est interdit depuis 15 ans.
  • 13 résidents d’un foyer de La Tour-du-Pin (Isère) ont été contaminés par le coronavirus.

Jeudi 7 mai – Santé/Société – Déconfinement sans adaptations.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, et plusieurs ministres ont présenté le plan de déconfinement progressif à compter de lundi 11 mai. Dans quatre régions classées rouge (Bourgogne, Grand-Est, Hauts-de-France et Ile-de-France), les collèges, parcs et jardins n’ouvriront pas. Partout en France, les commerces, médiathèques, bibliothèques, petits musées et monuments pourront rouvrir, mais pas les cinémas, théâtres, cafés, hôtels et restaurants. Les enfants et jeunes handicapés sont prioritaires pour revenir dans leurs établissements scolaires, et les accueils de jour médico-sociaux pourront rouvrir. Le port d’un masque de protection sera obligatoire dans les transports, sans exception annoncée pour les personnes qui ne peuvent le supporter. Le ministre de la santé a de son côté annoncé le versement d’une prime de 1.500€ aux personnels d’établissements médico-sociaux pour personnes handicapés financés par la Sécurité Sociale (payée sur son budget), ceux qui dépendent des départements faisant encore l’objet de négociation sur l’octroi d’une telle prime. La secrétaire d’État aux personnes handicapées, qui avait annoncé lundi la présentation de dispositions spécifiques avant la fin de la semaine, ne participait à la présentation du plan de déconfinement.

Jeudi 7 mai – Transports/Accessibilité – Pas de retour de l’assistance.

La reprise progressive des activités et déplacements à partir du 11 mai, début du déconfinement, ne s’accompagnera pas du rétablissement des prestations d’assistance aux voyageurs handicapés dans les réseaux ferroviaires. La Direction accessibilité de la SNCF n’a actuellement pas précisé sa politique quant au rétablissement des services Accès Plus national et TER fermés depuis le 17 mars (lire l’actualité du 18 mars 2020). Pour l’Ile-de-France, l’autorité organisatrice de mobilité nous informe que la RATP prendrait en charge le transport en taxi de ses clients handicapés, mais sans préciser les modalités; la mission Accessibilité de la RATP n’a pas apporté de compléments d’information sur ce point. Pour sa part, le service presse de la RATP précise : « Depuis le début du confinement, et pour garantir le respect de la distanciation, les personnes en fauteuil qui se sont présentées dans les gares RER RATP se sont vues prises en charge par un service de taxi proposé par les agents RATP. Ce service sera maintenu jusqu’à nouvel ordre. Jusqu’à présent, nous n’avons eu aucune demande de ce service sur la ligne A et B du RER. » Ce qui est logique, la seule information communiquée mi-mars concernait l’arrêt de toute assistance aux voyageurs en fauteuil roulant ! « Le déconfinement s’annonce extrêmement complexe pour les opérateurs, exprime de son côté la porte-parole d’Ile-de-France Mobilités. Dès que les conditions sanitaires s’amélioreront et que la RATP pourra disposer de toutes ses ressources, nous remettrons le service en marche, pour permettre la plus grande indépendance aux personnes en situation de handicap. La SNCF va rouvrir son service de réservation le 11 mai, pour les voyages à compter du 12 mai. Pour les services sans réservation, le service d’assistance sera délivré selon la disponibilité des agents et des équipements, et en respectant les gestes barrière. Le service sera totalement disponible dès que les conditions sanitaires le permettront. » La reprise du 11 mai s’effectuera par conséquent de manière aléatoire, sans réservation ni garantie de service d’assistance en gare et à l’embarquement.

Jeudi 7 mai – Transports – Vortex sombre.

Alors que la Cour d’Appel d’Angers (Maine-et-Loire) a récemment confirmé sa condamnation pour travail dissimulé, Vortex Mobilité est mise en liquidation judiciaire. Cette société a été leader dans le transport adapté d’élèves handicapés en gagnant des marchés publics grâce à des prix bas. Depuis plus de cinq ans, sa gestion avait suscité de multiples remous : suspicion de fraudes au détriment du département du Rhône, de la Seine-Maritime et de l’Eure, condamnation pour travail dissimulé et surfacturation dans le Maine-et-Loire, conflits à répétition avec les conducteurs dont des heures de travail étaient minorées ou pas payées dans le Nord, les Bouches-du-Rhône, les Yvelines, train de vie somptuaire des dirigeants. Sa mauvaise réputation lui avait fait perdre des marchés publics, entrainant une baisse constante de son chiffre d’affaires passant de 49 millions d’euros en 2015 à 35 millions en 2018, avec près de 12 millions de pertes cumulées. Cette liquidation judiciaire à compter du 29 avril n’est pas imputable à l’épidémie de coronavirus puisqu’elle résulte du redressement judiciaire décidé par le tribunal de commerce de Montpellier le 7 février, lui-même consécutif à une procédure de sauvegarde lancée le 27 mai 2019.

Mercredi 6 mai – Tourisme/Loisirs – Les vacances adaptées compromises.

Les usagers d’établissements médico-sociaux ainsi que toutes les personnes handicapées qui souhaitaient partir en séjours de vacances adaptées organisés (VAO) ne peuvent pas le faire, quelle que soit la destination envisagée. La Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS), qui dépend du ministère des Solidarités, a informé le 24 avril les structures spécialisées des conséquences : « L’organisation des séjours est incompatible avec la finalité des mesures précitées issues du décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 et mettrait en péril la santé, la sécurité et le bien-être des vacanciers. Aussi, tout organisme qui prendrait la décision d’organiser un séjour VAO, en contradiction avec les recommandations actuelles de la DGCS, engagerait sa pleine et entière responsabilité […] un directeur d’ESSMS [établissement et service social et médico-social] qui prévoirait le départ en séjours VAO de ses résidents, dans ces conditions, engagerait également sa responsabilité. » Cette mise en garde a conduit les organismes représentant le secteur des vacances adaptées à engager une négociation avec la DGCS pour tenter de sauver la saison estivale, comme l’explique Simon Thirot, délégué général de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) : « D’ici 15 jours, l’enjeu est de travailler sur un cadre sanitaire commun et le développement de solutions innovantes, tout en continuant à demander un soutien financier pour les opérateurs du secteur qui sont particulièrement touchés. De façon plus générale, nous connaîtrons le cadre général des ‘vacances estivales’ à la fin du mois de mai, comme annoncé par le gouvernement. Nous considérons que c’est très tardif, mais cela est soumis à l’évolution sanitaire des trois premières semaines de déconfinement. »

Mercredi 6 mai – Ca nous avait échappé.

Le Collectif pour la Liberté d’Expression des Autistes a obtenu un très intéressant arrêt du Conseil d’État. Il l’avait saisi après l’annonce par le secrétariat d’État aux personnes handicapées via un simple communiqué de presse de mesures très strictes appliquées aux établissements médico-sociaux dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 : suspension jusqu’à nouvel ordre des sorties collectives et individuelles, interdiction des visites. Le CLE Autistes argumentait que ces mesures « plus rigoureuses que celles qui s’appliquent à l’ensemble des personnes résidant sur le territoire national, portent atteinte à plusieurs droits et libertés ». Le Conseil d’État a rappelé qu’en « publiant le communiqué de presse contesté, la secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé des personnes handicapées s’est bornée à énoncer de simples recommandations destinées aux directeurs des établissements et services sociaux et médico-sociaux. » Il en découle qu’en l’absence d’un texte juridique normatif (loi, décret ou arrêté), des décisions diffusées par voie de communiqué ne s’imposent à aucun organisme ni aux individus qu’elles visent et que ces derniers ne peuvent être obligés de les respecter. Petite curiosité supplémentaire, la réception par CLE Autistes des tweets de la secrétaire d’État, Sophie Cluzel, était bloqué :  » Il s’agit évidemment d’une erreur » a invoqué son équipe, tout en maintenant le blocage du Collectif Citoyen Handicap ce qui l’empêche de prendre connaissance de la communication officielle de Sophie Cluzel.

Mardi 5 mai – Parents/Vie autonome – Le répit restera éparpillé.

Après la fermeture le 30 avril du site web SOS Répit, aucune solution de remplacement ne serait en cours d’élaboration par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) : « Je n’ai pas d’information sur le sujet », informe sa porte-parole après dix jours de recherche et réflexion. Une réponse étonnante alors que la CNSA a élaboré en octobre 2019 le document mis en concertation « Élargissement du cadre fonctionnel de référence du SI SDO à l’accueil temporaire au répit ». Il traite l’intégration de l’offre et de la demande en accueil temporaire au sein du système d’information de suivi des décisions d’orientation (SI SDO) et comporte 59 pages très techniques. Parmi les organismes nationaux participant à la co-construction de ce système figurent des associations gestionnaires mais pas le GRATH qui en a été écarté par la direction de la CNSA. Rappelons que l’accueil temporaire permet aux familles de confier un parent handicapé pour quelques heures ou jours, le temps de se reposer ou lors d’un changement de prise en charge par exemple.

Lundi 4 mai – Santé/Société – Déconfinement à venir.

La secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, a annoncé au Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) réuni en visioconférence les grandes lignes du plan de déconfinement des personnes handicapées, toujours en cours d’élaboration. Elles retrouveront leur liberté d’aller et venir dans le cadre des règles communes applicable le 11 mai, sans restriction du fait du handicap mais avec un appel à la prudence pour celles qui sont atteintes de pathologies les rendant plus sensibles à la contamination par le coronavirus Covid-19. Ces pathologies sont listées dans l’avis du 20 avril du Haut conseil en santé publique, qui cite comme catégories de personnes les plus à risque les plus de 65 ans, les antécédents cardiovasculaires, les diabétiques non équilibrés ou avec complications, les pathologies chroniques respiratoires, les dialysés, les malades atteints de cancer évolutif sous traitement, les personnes obèses ou immunodéprimées, etc. Pour les autres personnes handicapées, le port d’un masque est recommandé au domicile en présence de visiteurs et lors des sorties, les soins pourraient prochainement reprendre. Tous les enfants et jeunes handicapés pourront retrouver leur établissement scolaire ou accueil de jour s’ils le souhaitent, dans des conditions spécifiques encore à préciser. Les travailleurs handicapés pourront poursuivre leur activité en télétravail ou entreprise, ou bénéficier du chômage partiel s’ils sont « à risques ».

Dimanche 3 mai – Santé – Bilan de l’épidémie.

A la date du 1er mai, l’épidémie de coronavirus Covid-19 a tué depuis le 31 décembre dernier 232.570 malades parmi les 3.214.256 personnes infectées, dont 131.138 en Europe. En France, 89.818 ont été hospitalisées depuis le début de l’épidémie, et 23.686 sont mortes (18% des décès en Europe) dont le bilan relève qu’entre la semaine du 13 au 19 avril et celle du 20 au 26 avril, la proportion de pensionnaires de maisons de retraite malades à être hospitalisée est passée de 13% à 19% (hors Ile-de-France) et la part des « décès à l’hôpital rapportés au nombre de décès total a augmenté, passant de 27% à 36%. Ces résultats vont dans le sens d’une augmentation des hospitalisations des patients en provenance des établissements d’hébergement pour personnes âgées. » Ce nouvel élément semble confirmer la priorité donnée pendant les semaines précédentes à l’hospitalisation des malades moins âgés et vivant à domicile. Au 27 avril, 270 usagers d’hébergements pour personnes handicapés sont décédés, dont 91 (33%) dans leur établissement, ainsi que 11.662 pensionnaires de maisons de retraite, dont les trois-quarts dans leur établissement. Au total, 23.686 personnes sont mortes du Covid-19 selon les chiffres officiels qui ne comptabilisent pas les décès à domicile estimés à 9.000 par le syndicat de médecins MG France.

Samedi 2 mai – Santé/Société – État d’urgence sanitaire prolongé.

Le Conseil des Ministres a approuvé le projet de loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 23 juillet (lire l’actualité du 18 mars 2020) et contenant plusieurs nouvelles mesures contraignantes, dont les régimes de mise en quarantaine et de placement à l’isolement. Les personnes pénétrant sur le territoire national ou provenant d’un territoire infecté pourront être placées en quarantaine pour une durée pouvant atteindre un mois. Les contrôleurs et autres agents assermentés des services de transport collectif seront autorisés à verbaliser les infractions, notamment sur le port du masque et les gestes barrière. Le projet de loi crée un fichier d’identification des personnes infectées par le Covid-19, contenant des données de santé : une ordonnance et un décret donneront tous pouvoirs au Gouvernement quant aux services et personnels habilités à consulter ce fichier, et les conditions de mise en oeuvre de ce fichage. Il sera alimenté par les résultats des examens de biologie médicale de dépistage, « la collecte des informations relatives aux contacts des personnes infectées et, le cas échéant, par la réalisation d’enquêtes sanitaires […] l’orientation des personnes infectées, et des personnes susceptibles de l’être, en fonction de leur situation, vers des prescriptions médicales d’isolement ». C’est la première fois en France que sera institué un fichier nominatif de personnes malades dont la consultation n’est pas réservée au corps médical. Ce texte sera examiné la semaine prochaine au Parlement, en procédure accélérée et temps de débat très réduit.

Samedi 2 mai – Sports/Médias – Champions d’exception sur France 2.

Après l’avoir déprogrammé à cause de l’épidémie, France 2 a finalement diffusé le 13e numéro du magazine Champions d’exception, réalisé par Fabrice Marinoni et Alice Boivineau et consacré à l’actualité du handisport. Au sommaire de ce numéro, trois reportages effectués avant le confinement et le report des Jeux Paralympiques de Tokyo à l’été 2021 (lire l’actualité du 24 mars 2020). On y suit la préparation du paratriathlète de choc Alexis Hanquinquant, le titre de champion de France de tir aux armes remporté à la dernière balle par Tanguy de La Forest, et une présentation claire et instructive de la boccia qui montre comment cette discipline est un sport à part entière. Quelques news insolites complètent ce magazine sous-titré de 12 minutes visible en replay et sur le web. Les précédents numéros sont proposés sur Vimeo.

Samedi 2 mai – Les initiatives de la semaine.

  • A Tahiti, un orthoprothésiste en fauteuil roulant depuis un accident de moto utilise son imprimante 3D pour fabriquer des visières de protection.
  • Des artistes vont distraire les pensionnaires d’établissements de l’Adapei de l’Eure, et des créateurs de bandes dessinées réalisent « La Gazette du dedans » ciblant les personnes handicapées.
  • L’ESAT de Douarnenez (Finistère) poursuit ses activités au ralenti. La Métropole du Grand Nancy (Meurthe-et-Moselle) va distribuer à chaque habitant deux masques de protection gratuits.
  • Un centre de loisirs de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) accueille des jeunes autistes sur des sessions d’une heure par semaine.
  • Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme publie une note aux États reprenant les principales difficultés et discriminations vécues par les personnes handicapées pendant l’épidémie de Covid-19.
  • L’association rouennaise Enfance Handicap’76 mobilise des bénévoles pour proposer des moments de répit pour les familles.
  • L’activiste Elena Chamorro met en rapport les préconisations de tri des malades avec la conception validiste de notre société.
  • Deux associations gestionnaires de tutelle et curatelle des Côtes d’Armor organisent l’envoi de cartes postales aux majeurs protégés qu’elles ne peuvent plus visiter.

Vendredi 1er mai – Emploi – Défaite du travail.

Dans une note datée du 17 avril, l’Agefiph s’inquiète des conséquences de l’épidémie de coronavirus sur le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. L’organisme estime à 270.000 le nombre de salariés handicapés mis au chômage partiel, auxquels s’ajoutent 250.000 demandeurs d’arrêt maladie en Affection Longue Durée, dont un quart auraient été refusés par l’Assurance Maladie. L’Agefiph redoute une surexposition des travailleurs handicapés au risque de chômage dans un marché du travail en tension susceptible « d’exacerber les vulnérabilités des personnes en situation de handicap et de les exposer au risque de désinsertion professionnelle » ainsi qu’un « enkystement dans le chômage de longue durée ». Elle appelle à la vigilance sur  » trois moments de vigilance et phases critiques » : crise sanitaire actuelle pendant laquelle l’association déploie un plan de mesures exceptionnelles d’urgence, phase de déconfinement progressif pendant laquelle « les conditions particulières d’exercice des activités (mesures barrières, risque de services réduits dans certains secteurs) ou les difficultés de mobilité pourraient constituer des freins nouveaux pour l’emploi des personnes en situation de handicap » et « phase de reprise des activités avec un point de vigilance général sur l’impact immédiat et durable sur la dynamique d’emploi des personnes en situation de handicap. » Les périodes de crise impactent généralement plus fortement les personnes handicapées qui mettent davantage de temps à retrouver, quand cela se produit, une situation satisfaisante.

Vendredi 1er mai – Les ratés de la compensation.

  • Un joueur de rugby devenu tétraplégique lors d’un match est privé de la cagnotte lancée par son club depuis janvier.
  • Décrété facultatif pour les élèves mais obligatoire pour les enseignants, le déconfinement élaboré sans concertation sème le trouble parmi les personnels.
  • Opposant déterminé à l’accessibilité des logements, le directeur général de Nexity, Jean-Philippe Ruggieri, est décédé à l’âge de 51 ans du fait du Covid-19.
  • A Quiberon (Morbihan), une trentenaire handicapée est harcelée par ses voisins depuis qu’elle a été hospitalisée pour suspicion de contamination par le Covid-19.
  • Les deux-tiers des kinésithérapeutes de Guadeloupe sont laissés sans matériel de protection et ne peuvent reprendre les soins auprès des patients et personnes handicapées.
  • Un quinquagénaire handicapé moteur est violemment agressé et volé à Brest (Finistère) dans une rue gangrénée par des dealers agissant dans l’impunité.
  • Si des catalans espagnols sourds produisent des masques transparents pour les personnes lisant sur les lèvres, une journaliste de France 3 en relativise l’intérêt et l’usage.
  • Si les maisons de retraite de Bruz, banlieue de Rennes (Ille-et-Vilaine), rétablissent le droit de visite, les foyers pour personnes handicapées restent fermés aux parents.
  • L’agresseur d’un homme handicapé écope au Tribunal Correctionnel de Carcassonne (Aude) de 30 mois de prison ferme auxquels s’ajoutent 10 mois supplémentaires d’une précédente condamnation avec sursis.
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