Parents, professionnels médico-sociaux, associations et responsables administratifs se rencontraient fin janvier 2001, à l’invitation du groupe Tamaris. Les parents ont largement profité de cette occasion pour crier leur détresse. Et cette détresse est réellement fondée : ils ne se retrouvent plus du tout dans la multitude d’associations très cloisonnées, ils racontent des exemples de discrimination scandaleuse (comme ces enseignants d’un collège organisant une grève pour éviter l’accueil d’un enfant en fauteuil roulant), ils disent l’insuffisance des moyens financiers mis à la disposition des personnes handicapées, la carence d’informations, le manque patent de centres d’accueil pour les personnes handicapées qui les contraints parfois à « s’exiler » en Belgique. Parents d’enfants ou adultes handicapés mentaux ou malades psychologiques, ils disent aussi l’impossibilité de trouver des réponses à leurs questions et souffrent du manque de communication avec les professionnels, lesquels, beaucoup moins nombreux que les parents, s’enfoncent dans leurs fauteuils, évitant des confrontations probablement inutiles. Pourtant, s’ils sont venus, c’est probablement qu’ils voudraient avancer ! Ils n’osent ou ne savent pas dire aux parents que le handicap ou la maladie mentale ne s’expliquent pas avec des réponses ou des certitudes mais avec des hypothèses forcément peu satisfaisantes. Alors, ils continuent à se taire. Et de leur silence naît la méfiance. Les représentants de la DDASS, de la Sécurité Sociale et du Conseil Général interviennent ensuite. Ces personnes sont sympathiques et certainement motivées. Mais faute de pouvoir débloquer des crédits ou grossir des enveloppes financières, elles lisent des tableaux statistiques. Et leurs chiffres tournent aux alentours des dizaines, alors que les manques se comptent par centaines et milliers.

Cette journée est une parfaite illustration des décalages entre les soucis de tous ces intervenants. Les uns crient leur détresse, les autres se cachent ou donnent des chiffres très insuffisants. On dénonce, on critique, on fait la sourde oreille ou l’on se tait : et bien sûr, la tension monte. Il faudra pourtant bien s’accorder si l’on veut avancer ! Mais pour s’accorder, il faut commencer par faire le silence et écouter. Et seulement alors chacun peut jouer sa partie, à sa place, en veillant à suivre la même partition : celle du dialogue menant à des constructions concrètes.

Véronique Gaudeul, février 2001.

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