Depuis quelque temps, il est de bon ton de compter dans sa liste une personne handicapée, parfois même en position éligible. Il est exact que nombre de candidats intègrent à leur programme de campagne les préoccupations des personnes handicapées. Certaines collectivités territoriales font des efforts louables pour leur permettre de mieux vivre dans leur commune, département ou région.

Mais l’exercice de la citoyenneté ne doit-il pas commencer par un accès égal pour tous à la participation aux choix des élus ? Combien de réunions électorales se déroulent dans des salles inaccessibles aux personnes en fauteuil roulant, combien de meetings se tiennent sans qu’un service d’interprétariat ne soit prévu pour permettre aux sourds gestuels de suivre les débats et le cas échéant d’y participer, combien de fascicules, programmes et tracts, même s’ils envahissent nos boîtes aux lettres, sont désespérément illisibles par les non et malvoyants parce que personne n’a envisagé leur transcription en Braille et en gros caractères ? Le bulletin de vote lui- même n’est pas en Braille : le secret qu’offre l’isoloir n’est pas permis aux aveugles puisqu’ils doivent obligatoirement être assistés d’une tierce- personne pour pouvoir glisser le bulletin de leur choix dans l’enveloppe.

Cette situation est appelée à perdurer en France. Nous avons beau chercher, nous ne trouvons nulle part un quelconque projet de loi ou une promesse électorale qui puisse faire espérer un hypothétique changement. Ce qui semble curieux, voire consternant c’est que depuis des décennies les gouvernements successifs s’entourent de personnes handicapées nommées à des postes de responsabilité. Or, ces secrétaires d’État, délégués ministériels, chargés de mission, etc. n’ont jamais fait de l’exercice du droit de votre, pourtant l’un des droits fondamentaux de notre Constitution, une de leurs priorités.

L’État finance pour l’essentiel les campagnes électorales et peut par conséquent imposer un accès égal pour tous au suffrage universel. Et si les personnes handicapées, individuellement ou collectivement, prenaient à leur compte cette revendication.

Abder Ragui, mars 2001.

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