Il n’est certainement pas agréable de se retrouver sur une liste noire. Les syndicalistes ouvriers des 19e et 20e siècles ou les artistes américains victimes du Maccarthysme n’ont guère apprécié cette pratique qui les condamnait à ne plus pouvoir travailler. On peut donc comprendre que les médecins psychiatres qui se sont retrouvés sur la « liste noire des médecins utilisant la classification française pour diagnostiquer l’autisme » l’ait pris en mauvaise part. Trois d’entre eux ont ainsi saisi la Justice dans une procédure de référé, réclamant la suppression de cette liste noire, ce qui est effectif depuis l’assignation au tribunal.

Nous ne trancherons pas ici le débat du diagnostic de l’autisme et de ceux qui le pratiquent. C’est là l’affaire des personnes concernées, les autistes et leurs familles, celle des associations qui les aident et les informent, celle aussi des médecins et des chercheurs. Ce n’est pas davantage la Justice qui dira qui sont les gentils et les méchants, distribuant les bons et les mauvais points aux praticiens selon qu’ils emploient telle ou telle classification médicale. Et ce n’est certainement pas en frappant d’anathème des médecins au nom d’une Vérité que l’on pense détenir que le devenir des personnes autistes sera amélioré dans notre pays. L’évolution de la recherche a déjà fait chanceler bien des certitudes dans le domaine des troubles psychiques !

Le dictionnaire nous apprend qu’une liste noire est « à la fois illégale et secrète ». Espérons que celle qu’avait publié Meuse Autisme sur son site Internet, désormais fermé, ne le devienne pas, ne circule pas sous le manteau, par courrier électronique ou autre. Au risque d’enfermer dans leurs certitudes des personnes de bonne volonté et de réduire la nécessaire confrontation des pratiques médicales et sociales à une querelle de chapelles.

Le manichéisme est le pire des enfermements.

Laurent Lejard, juin 2001.

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