Du fait de l’inaccessibilité quasi-générale des transports en commun, beaucoup de personnes handicapées utilisent un véhicule personnel quand elles en ont les moyens physiques et financiers, quelquefois au prix de lourds sacrifices sur ce dernier point.

Sans dispositions spécifiques, la multiplication croissante des centres- villes piétonniers, en interdisant l’accès aux véhicules motorisés, pourrait remettre en cause la libre-circulation des personnes à mobilité réduite – plus précisément celles qui se déplacent avec canne(s), béquilles, fauteuil roulant – des personnes cardiaques, obèses, ou touchées par toute autre cause de grande fatigabilité. Elle les oblige à des parcours supplémentaires très pénibles pour accéder à tel ou tel commerce, service public, zone touristique, voire à renoncer purement et simplement au déplacement envisagé. Les personnes handicapées utilisatrices d’un service de transport adapté sont également concernées par ce constat.

Des solutions existent mais impliquent une condition préalable : que la réglementation prévue par les élus locaux prenne en compte, dans la liste des véhicules dérogeant à l’interdiction d’accès et notamment ceux des services d’urgence), les titulaires de macarons GIC-GIG. Mais peut-on compter sur le bon sens ou la bonne volonté d’un Maire ? Connaît-il le problème de l’accessibilité en général ? Nous connaissons tous des exemples qui nous font en douter.

A supposer que l’élu ait pris en compte cette question, une condition supplémentaire est absolument nécessaire. Généralement, en France, vu l’incivisme généralisé, l’interdiction d’accès est mise en œuvre par un dispositif physique : borne rétractable, barrière à commande par clé, badge magnétique ou autre, quand ce n’est pas purement et simplement une chaîne avec cadenas ! La commande d’ouverture est-elle utilisable par une personne handicapée ? Lui a-t-elle été remise ? Comment a-t-elle pu être informée de la disponibilité de cette commande?

Il faut savoir qu’il n’existe à ce jour aucune réglementation nationale sur cette question et Catherine Bachelier, déléguée ministérielle à l’Accessibilité au Ministère des Transports, n’est pas favorable à son instauration tout en reconnaissant tout à fait le bien fondé de cette demande: « En matière de circulation il convient de laisser aux élus leur responsabilité afin de mieux coller aux situations locales ».

Cette « revendication » n’apparaît pas démesurée car dans de nombreux pays d’Europe, les titulaires de l’équivalent macaron GIC- GIG (désormais Permis Européen de Stationnement) ont des facilités bien plus importantes qu’en France : gratuité du stationnement de surface, autorisation d’arrêt ou de stationnement dans des zones d’interdiction, prolongation du temps de stationnement autorisé, etc. L’écart avec quelques villes « historiques » italiennes est remarquable (Arezzo, Assise, Florence) : les véhicules des personnes handicapées y circulent et stationnent à toute heure, il n’y a pas de barrière et les gens respectent cette réglementation (les amendes pleuvent sur ceux qui prennent le risque).

On regrettera donc, dans ce domaine également, l’absence de volonté de l’administration en France et d’harmonisation européenne.

Laurent Lejard, juin 2001.

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