C’est à la fin du mois de juillet dernier que la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés (FNATH) a obtenu de la Préfecture de police de Paris l’autorisation d’organiser une manifestation nationale, pour revendiquer notamment une meilleure indemnisation des victimes d’accidents du travail, le samedi 29 septembre 2001 à partir de 14 heures, de la place de la République à la place de la Bastille. L’information a été largement diffusée.

Fin août, le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) annonce une manifestation nationale en prélude à la campagne pour les élections présidentielles de 2002 : le 29 septembre 2001 à 15 heures… place de la République à Paris. Nous n’avons pas cru bien longtemps à une coïncidence. L’un des adhérents du CDH a demandé sur la liste de diffusion Forum CDH si le Collectif et la FNATH s’étaient mis d’accord. Le 15 septembre, le président du CDH, Jean- Chistophe Parisot, a répondu que c’était une décision du bureau national prise pour que les manifestants de la Fnath soient au contact des militants du CDH.

La FNATH réagit par la voix de son secrétaire général, Marcel Royez : « Le CDH souhaite manifestement entretenir la confusion sur la manifestation […] Le CDH avait, lui, l’intention de faire un rassemblement aux Invalides. Ils ont apparemment obtenu (le 18 septembre !) l’autorisation d’un rassemblement (sans défilé) le 29 septembre à 15 heures à la République, ce qui est déjà suffisamment ambigu […] Le CDH n’a pas demandé, et encore moins obtenu de la FNATH, l’autorisation de se joindre à son cortège ».

La volonté d’utiliser cette manifestation pour faire du prosélytisme est revendiquée par Jean Milbach, secrétaire national du CDH qui nous écrit qu’il « existait aussi une opportunité de faire découvrir aux adhérents de la FNATH […] l’existence du CDH ». Qui en est réduit à infiltrer ses membres dans une manifestation de grande ampleur, à la manière des groupuscules gauchistes, au nom d’une identité supposée des revendications.

Depuis sa création, le Collectif des Démocrates Handicapés (lire notre article du 15 décembre 2000) a un double visage : s’affirmant ouvert à tous, ses statuts obligent un adhérent à être accepté par le Bureau national. Tous les dirigeants, et parmi eux des militants à forte personnalité comme Jean- Pierre Picaud et Carlos Boursier, qui à un moment donné n’ont pas approuvé les décisions du président Parisot ont été exclus sans ménagement : ce Grand Leader revendique maintenant, dans une péroraison diffusée le 21 septembre sur CDH Actu, l’héritage de la Résistance française à l’occupant allemand et appelle à la rescousse les mannes de Jean Moulin ! Et c’est sur ce mouvement politique que se braquent les micros et les caméras, et c’est ce même Grand Leader que les medias vont interviewer comme s’il était un représentant légitime des personnes handicapées.

On sait maintenant ce qu’il y a de handicapé au CDH : la démocratie.

Laurent Lejard, septembre 2001.

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