L’Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (Unapei) organisait le 28 février dernier un forum durant lequel les représentants des partis politiques étaient conviés à présenter leurs propositions en direction des personnes handicapées, à quelques semaines des élections présidentielles et législatives.

Premier fait marquant, le devenir des personnes handicapées ne suscite aucun projet de société du genre « vivons ensemble quelles que soient nos aptitudes et nos capacités physiques ou mentales ». Le grand souffle tant espéré, le programme intelligent, novateur, inspiré, n’est sorti d’aucun bord. A la place, après que droite et gauche se soient un peu chamaillées sur le bilan de la législature, bon selon le PS, sans souffle ni grand chantier pour le RPR, beaucoup de « yaka fauk’on » : il faut simplifier les Cotorep (Chorus), les mettre en réseau (RPR), décentraliser et privatiser (DL), réformer en profondeur la loi d’orientation de 1975 (PCF), ne pas réformer cette loi mais la faire réellement appliquer (Les Verts), réformer les allocations en accord avec les associations (PS). Sur la place de ces dernières, une fois encore l’unanimité est faite pour considérer que rien ne peut être réalisé sans elles et que leur rôle doit être renforcé : ce qu’il faut prendre comme une méconnaissance de la situation des personnes handicapées. Les partis préfèrent s’adresser « à ceux qui savent », persistant à déléguer leur responsabilité politique au milieu associatif qui, toutes formations confondues, est considéré comme le sous-traitant de l’action publique. Combien coûtent ces politiques, comment les financer, pas de réponse.

On a toutefois eu droit à quelques moments de grâce, notamment lorsque Catherine Berger-Lefebure (MDC) exprime le souhait de réformer les allocations dans le cadre d’un « continuum » (espace-temps ?) ou lorsque le docteur Prieur (PRG) affirme que l’État doit financer tous les besoins en… décentralisant ! D’autres propos étaient nettement moins charmants : Jean-Marie Le Pen, qui avait tenu à participer à la conférence de presse précédant le forum, propose de supprimer les crédits alloués aux demandeurs d’asile pour les affecter aux personnes handicapées. Le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, représenté par le député européen Alexandre Varaud, fondateur du réactionnaire Collectif contre l’handiphobie et farouche opposant à la jurisprudence Perruche, a pour tout programme la suppression de l’avortement thérapeutique, des crédits alloués à la recherche génétique et aux examens prénataux pour les attribuer aux enfants handicapés. Quant à Vincent Assante (PS), il déclare sans sourciller que « tous les enfants n’ont pas leur place à l’école ordinaire ». Avec de tels a priori, les combats des parents pour l’intégration scolaire de leurs enfants ont de beaux jours devant eux…

Le quotidien des personnes handicapées n’est pas entré en débat : choix de vie, ressources financières, financement du droit à compensation, aides à la vie autonome, planification de la mise en accessibilité des villes et des transports, droit à l’école, aux loisirs, à la culture, aux vacances, à la vie en société… Des oublis majeurs qu’il nous faudra pourtant traduire dans les urnes…

Laurent Lejard, mars 2002


Participaient au forum Unapei (les partis contactés n’ont pas tous répondu à l’invitation) : Parti Communiste Français (PCF), Parti Socialiste (PS), Démocratie Libérale (DL), Mouvement Pour la France (MPF), Rassemblement Pour la République (RPR), Les Verts, Parti Radical de Gauche (PRG), Front National (FN), Mouvement Des Citoyens (MDC).

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