Présentée lors de son lancement le 19 novembre dernier comme une première européenne (lire en rubrique Handicap auditif), la chaîne de télévision sous-titrée TVST est mise en liquidation judiciaire. Diffusée sur Canal Satellite, elle avait comme objectif d’atteindre 40.000 abonnés en quinze mois, seuil nécessaire à sa pérennité. Mais quatre mois après son lancement, les actionnaires de la chaîne ont décidé de jeter l’éponge !
Pourquoi ? Vous ne le saurez pas. Les raisons de cet échec demeurent secrètes, volontairement cachées par le président et fondateur d’une chaîne qui rejette la faute sur les cablo-opérateurs qui n’ont pas voulu l’héberger. Mais combien de personnes se sont-elles abonnées ? Quel était le budget réel de démarrage ? On peine à croire que les 2,3 millions d’euros du budget initial aient pu être consommés en quatre mois, sachant que les programmes étaient fournis gratuitement. On se demande au final si le projet était mur : le lancement de TVST avait été retardé à plusieurs reprises et la mise sur les ondes le 19 novembre avait semblé précipitée.
Mais la cause principale de cet échec est certainement à rechercher dans le peu d’intérêt marqué par les sourds et malentendants eux-mêmes pour cette chaîne qui leur était spécifiquement destinée (et pour laquelle ils devaient payer un abonnement et s’équiper d’un système de réception particulier). Ce peu d’intérêt, on le retrouve chez les principales associations qui n’ont pas daigné s’exprimer : Bucodes, Unisda, Fnsf, Ardds et même Visuf (zélé propagandiste du projet TVST au point d’y être quasiment associé), sollicités sur cette question et sur leurs propositions en matière de diffusion télévisuelle, doivent certainement méditer leur réponse…
TVST était une réalisation imparfaite, et donc perfectible, mais c’est l’indifférence de son public et du milieu associatif qui l’a condamnée à mort.
Laurent Lejard, avril 2002.