Le télescopage est de taille : d’un côté, une opération de promotion de l’utilisation des transports en commun, de l’autre des personnes handicapées motrices qui ne peuvent les emprunter. Et qui utilisent, lorsqu’elles le peuvent, une voiture particulière pour se déplacer. Elles seront donc clouées au pilori pour entorse à la santé de la Planète lors de la Journée sans voiture organisée lundi 22 septembre dans quelques dizaines de villes françaises et européennes.

La Semaine européenne de la mobilité cumule cette année trois événements précédemment distincts : la semaine des transports publics et celle de la mobilité ainsi que la journée « sans ma voiture ». Durant cette Semaine d’action, 55% des collectivités locales ont mis en place une action en direction des personnes à mobilité réduite, ce qui veut dire que 45% ne se sont pas intéressées à ce public. Encore faut- il faire la part des choses : entre la mise en service de véhicules adaptés de transport urbain et la tenue d’un match de foot- fauteuil on constate une grande diversité d’initiatives plus ou moins en adéquation avec le concept de « mobilité durable » énoncé par les Ministres promoteurs de la Semaine de la mobilité.

Face à cette opération promotionnelle, la réalité a été une nouvelle fois mise en évidence par les militants de l’Association des Paralysés de France : le jour du lancement de la Semaine de la mobilité, ils ont occupé des gares routières ou des quais de gare, testé l'(in)accessibilité de réseaux de transports, sanctionné des automobilistes irrespectueux du stationnement réservé, etc. Pour le directeur général de l’A.P.F, Claude Meunier, « c’est toute la chaîne du déplacement qui est à revoir. A quoi sert d’avoir un bus accessible si le trottoir ne l’est pas pour y monter ou en descendre ou si la correspondance n’est pas accessible ? »

La mobilité des personnes handicapées passe donc encore par la voiture individuelle, et tant pis pour la « mobilité durable »…

Laurent Lejard, septembre 2003.

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