D’un côté, le Gouvernement promet que demain les personnes handicapées dépendantes pourront mener la vie qu’elles souhaitent avec toutes les aides dont elles ont besoin, humaines ou techniques, avec le financement qui va avec. De l’autre, il s’acharne à poursuivre la volonté d’un homme qui n’a plus voulu du peu de vie dont il disposait et qui a eu recours à des tiers pour mettre fin à ses jours parce qu’il ne pouvait le faire lui- même.
Le paradoxe est dramatique : la France ne poursuit plus les personnes qui se suicident, et l’Eglise accepte maintenant de célébrer leur décès. La volonté de vivre et de mourir est respectée dans ce pays. Sauf pour les personnes qui ne peuvent, du fait d’un handicap, réaliser leur volonté : ceux qui les aident à mourir sont passibles de la Cour d’Assises. Tel semble être le message qu’a voulu faire passer la Justice en poursuivant le Docteur Chaussoy et la mère de Vincent Humbert. Le Ministre de la justice, après avoir publiquement demandé aux institutions policières et judiciaires de traiter les protagonistes de l’affaire avec humanité, a laissé le champ libre au Procureur de la République du Pas-de-Calais.
Le résultat est là : les personnes handicapées dépendantes n’ont d’autre choix que de vivre comme elles le peuvent… en espérant des lendemains qui chantent.
Laurent Lejard, janvier 2004.