Que dire de Philippe Bas ? Il est connu des initiés, les dirigeants associatifs au long cours, ceux qui ont côtoyé ce haut- fonctionnaire (énarque, conseiller d’Etat) alors qu’il était conseiller social de Jacques Chirac, de 1997 à 2000. Précédemment, Philippe Bas avait travaillé au sein de cabinets ministériels : Affaires sociales de 1994 à 1995 puis, jusqu’en 1997, Ministère du travail. Nommé en 2000 secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, il remplaça au poste suprême de secrétaire général Dominique de Villepin quand ce dernier entra en 2002 dans le premier gouvernement Raffarin.

En dehors de cette biographie succincte et du satisfecit de quelques associations nationales, on ne peut rien dire de plus sur le nouveau Ministre en charge des personnes handicapées. Sauf qu’il devra également traiter de la Sécurité Sociale, des personnes âgées et de la famille. Pour cette dernière, la conférence nationale est en déshérence : elle devait se dérouler dans le courant de ce mois de juin, rien n’est prévu et la branche famille de la Sécurité Sociale croule sous un déficit d’un milliard d’euros. Voilà une première urgence pour notre ministre multi- tâches. La réforme de la branche maladie de la Sécurité Sociale attise les critiques, moins du quart des assurés ont choisi leur médecin traitant, les praticiens ne savent pas ce qu’ils pourront ou devront tarifer. Telle est la seconde urgence de notre ministre. L’été approche avec son cortège de vieillards en péril caniculaire, troisième urgence de Philippe Bas. Lui restera- t-il du temps pour s’intéresser à la mise en oeuvre de la loi d’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ? Espérons-le, d’autant que l’agenda ministériel risque de se remplir de dirigeants et décideurs qui auront bien des choses à lui dire et des idées nécessairement géniales à lui vendre…

Les échéances sont serrées et les attentes considérables : rénovation de l’Allocation Adulte Handicapé, déploiement de la prestation compensation, réforme de l’obligation d’emploi, scolarisation, grande dépendance, participation à la vie citoyenne… Tout dépend du gouvernement, des décrets qu’il signera et qui montreront aux personnes handicapées la place que les hommes politiques leur réservent. Quelles dispositions Philippe Bas privilégiera- t-il, ou sera-t-il tenté de remettre en cause ? Il devra mettre en application une loi écrite par une autre Ministre (Marie- Thérèse Boisseau) puis rectifiée par une seconde (Marie- Anne Montchamp) : trois géniteurs pour une même loi.

Mais restons optimiste, même si le gouvernement Villepin apparaît surtout comme le résultat d’un jeu de chaises musicales n’ayant entraîné de changements que de portefeuilles, occupés grosso modo par le même personnel politique. Les personnes handicapées, qui attendent depuis bien longtemps une amélioration de leur vie quotidienne, n’en sont plus à un gouvernement près…

Laurent Lejard, juin 2005.

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