Novembre 2005 : le député U.M.P de Seine-et-Marne Guy Geoffroy livrait, dans un rapport qui lui avait été commandé par le Ministre de l’éducation nationale, la quintessence de sa réflexion en matière de scolarisation des enfants handicapés. Quintessence, c’est-à-dire pas grand-chose : des affirmations creuses, du lyrisme aux lunettes roses, aucune proposition concrète et une conclusion étonnamment idyllique. Un rapport que l’APAJH fut l’une rares associations à saluer dans un communiqué destiné surtout à vanter les mérites de l’expérimentation pédagogique qu’elle réclamait. Mais, pour la plupart des organisations, ce rapport fut oublié aussitôt publié.

Mais pas par tout le monde : le Premier Ministre en a gardé le souvenir et vient de charger Guy Geoffroy de donner un rejeton à son premier rapport. « Vous avez récemment remis un rapport fort utile […], est-il écrit dans la lettre de mission signée par Dominique de Villepin. J’ai décidé de vous confier, dans le prolongement de ce rapport, une nouvelle mission qui portera sur la complémentarité des services relevant de l’éducation nationale et du secteur médico-social en vue d’offrir à chaque enfant handicapé la prise en charge la plus adaptée à sa situation ». Étonnant : on avait cru que c’était l’objet du premier rapport, intitulé « Conséquences sur les relations entre les institutions scolaires et médico-sociales »…

On comprend mieux la demande de Dominique de Villepin quand on lit son propos introductif : l’individualisation du parcours scolaire de l’enfant handicapé « nécessite un suivi, un accompagnement et une prise en charge qui ne pourront être mis en oeuvre que grâce à la complémentarité entre les services de l’éducation nationale et ceux du secteur médico-social ». Doit-on comprendre que tous les enfants et les jeunes handicapés doivent passer par une prise en charge duale, même s’ils sont autonomes et n’en ont pas besoin ? Ou s’agit-il d’une méconnaissance de la réalité de leur scolarisation et de ses besoins spécifiques ? Le Premier Ministre demande au député « d’analyser les conditions qui permettront de mettre en oeuvre concrètement les recommandations de [son] précédent rapport ». De quelles recommandations s’agit-il ? On n’en trouve aucune trace dans le document mentionné.

Dominique de Villepin a choisi d’annoncer publiquement son initiative lors d’une visite qu’il effectuait à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) le 29 mai, l’une de celles qui sont organisées pour montrer qu’il n’est pas atteint par les scandales du moment et continue sereinement à travailler, au plus près des préoccupations des Français. Serein, mais peu lucide quand il proclame : « Cher Guy [Geoffroy] ton précédent rapport a été largement salué. Tes nouvelles préconisations sont attendues avec impatience ».

Vraiment ?

Laurent Lejard, juin 2006.

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