Comment trouver un logement accessible ? Comment le faire adapter ? De quelles aides puis-je bénéficier ? Autant de questions auxquelles, en 1993, on trouvait difficilement des réponses sans avoir à se déplacer de nombreuses fois et passer maints appels téléphoniques.

Las de cette perte de temps et d’argent, nous avons créé, entre quelques amis eux-mêmes handicapés, une association qui s’appela dans un premier temps « Association pour une Meilleure Information des personnes Handicapées ». Son but était de permettre à la personne handicapée, quel que soit son handicap, d’obtenir rapidement l’information dont elle avait besoin en composant un seul numéro. Les personnes sourdes pouvaient nous contacter par minitel. Si les questions étaient trop pointues, nous la dirigions alors directement vers l’interlocuteur compétent.

Nous avons rapidement eu beaucoup d’appels provenant tout aussi bien du public handicapé que de leurs proches (parents, amis), ainsi que des professionnels de la santé. C’est ainsi que nos missions se sont peu à peu étendues. De l’information effectuée dans le cadre d’une permanence téléphonique quotidienne tenue dans mon domicile, nous avons au fur et à mesure ajouté différentes actions permettant d’améliorer la vie quotidienne des personnes handicapées telles l’organisation de conférences, des rencontres thématiques, le développement de nouveaux outils : le bulletin d’information gratuit « L’Handispensable » et notre site Internet.

Convaincue de l’importance de tisser des liens entre tous les acteurs du domaine du handicap pour travailler efficacement, l’AMIH s’est donnée comme seconde mission la médiation. C’est ainsi qu’à l’assemblée générale extraordinaire de mars 2004, l’AMIH est devenue « Association de Médiation et d’Information sur le Handicap ».

L’implication de la Ville de Nancy dans l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées nous aide continuellement. Dès 1981, la ville s’est préoccupée de cette problématique qui a abouti en 1982 à l’installation du Groupe d’Etudes pour l’Insertion des Handicapés Physiques, piloté par le Centre Communal d’Action Sociale dont l’objectif est de développer un dialogue permanent entre les pouvoirs publics et les associations. Ce travail partenarial s’est poursuivi depuis sous des appellations diverses. Cette concertation a permis d’élaborer diverses actions destinées à améliorer les déplacements des personnes handicapées et leur accès aux services publics, à la culture, aux activités socio-éducatives et aux installations sportives. Elle a permis également la mise en place de services facilitant la vie quotidienne et l’exercice de la citoyenneté des personnes handicapées.

L’ouverture de ce dialogue a aussi été bénéfique, et l’est toujours, pour les associations, qui ont pu se rencontrer, faire connaissance, s’échanger des informations et mener ensemble des actions. Ce rapprochement a facilité, à notre initiative, la création en octobre 2005 du Collectif Handicap 54 regroupant les associations représentatives des personnes handicapées, dans le cadre de la mise en place de la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Il constitue une réelle force de proposition et de réflexion et a pour objectif d’organiser la représentation associative afin de s’assurer de la mise en oeuvre effective des droits des personnes handicapées, dans le respect de la loi et la communication régulière entre les associations et leurs représentants.

Aujourd’hui, bien que nous constations que des progrès restent à réaliser à Nancy, nous pouvons dire qu’un pari est gagné : la prise de conscience de la multitude de handicap. Mais nous déplorons encore l’incivilité des personnes non touchées par le handicap. Même si la nouvelle loi du 11 février 2005 s’attache à considérer la personne handicapée comme une personne à part entière, avec des droits et des devoirs, il va falloir sérieusement réfléchir à cette question : comment inciter l’un à prendre conscience de l’existence de l’autre, même s’il est différent, pour le traiter avec respect ?


Nathalie Trabbuco, présidente de l’AMIH, septembre 2006.

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