Toute cette semaine, des entreprises se sont mobilisées au côté de l’Agefiph dans le cadre de la 10e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées. J’en profite pour les remercier d’avoir ainsi participé à l’opération « Un jour, un métier en action », une initiative inédite imaginée par l’Agefiph sur les conseils d’entrepreneurs. Plus de 120 établissements ont accepté d’accueillir, pendant une journée, un demandeur d’emploi handicapé pour découvrir un poste et une entreprise en binôme avec un salarié valide. Certains ont déjà fait savoir qu’ils aimeraient poursuivre l’opération en dehors de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées et en accueillant plus de personnes. Un véritable encouragement qui nous fait dire que peu d’entreprises préfèrent payer plutôt que d’embaucher des travailleurs handicapés.

Aujourd’hui, la moitié des 100.000 entreprises assujetties à la loi et soumises à l’obligation d’emploi, ont atteint le quota de 6%, ou ont signé un accord sur l’emploi des personnes handicapées avec leurs partenaires sociaux, agréé par l’Etat. Ce qui constitue un moyen de remplir leur obligation. Près de 27.000 entreprises ont un quota compris entre 0 et 6% et 23.000 n’emploient encore aucun travailleur handicapé. Mais ce chiffre décroit chaque année. Ainsi, entre 2004 et 2005, 610 établissements, qui n’employaient aucun travailleur handicapé, ont recruté et donc contribuent moins à l’Agefiph.

La France est dans le peloton de tête des pays européens en matière d’emploi de personnes handicapées. Mais c’est aussi grâce à la sensibilisation et aux aides apportées aux entreprises, que des résultats durables sont obtenus. Et beaucoup reste à faire pour rendre accessible l’école, les transports, la ville.

Les entreprises se mobilisent davantage sur l’emploi des personnes handicapées. En deux ans, nos services ont multiplié par trois les contacts avec les entreprises, en particulier celles de plus de 500 salariés En dix-huit mois, les entreprises, qui ont engagé une démarche de diagnostic avec nos services et nos partenaires, ont vu leur taux d’emploi progresser d’1 point. C’est pour nous, le signe que les entreprises se mobilisent et que cette mobilisation peut-être rapidement efficace. Un intérêt qui s’est déjà manifesté dès les débats sur la loi en 2004-2005 au Parlement. Nombreuses sont aussi les entreprises qui ont déjà engagé des discussions avec leurs partenaires sociaux alors qu’elles avaient toute l’année 2006 pour se conformer à l’obligation de négocier. C’est la preuve qu’elles anticipent.

Le taux d’emploi aussi évolue. Il atteignait 4,38% fin 2004, dernier chiffre publié par l’Etat. Mais nous savons qu’il a fortement augmenté en 2005 car les contributions à l’Agefiph ont baissé en 2006. Même évolution pour le taux de chômage des personnes handicapées qui, même s’il reste le double de celui des personnes dites valides, s’établit aujourd’hui à environ 17%.

Il y a encore beaucoup à faire. C’est un fait. Mais on est parti de loin. A la création de l’Agefiph, seulement 1.000 personnes handicapées entraient dans l’emploi chaque année. Aujourd’hui, ce sont 100.000 personnes qui accèdent à l’emploi, en moyenne par an.

D’autres actions doivent être renforcées pour aider les entreprises. D’abord, les informer. C’est que ce l’Agefiph a fait avec sa campagne sur la loi Handicap dès avril 2006. En retour, nous avons eu plus de 500 demandes de rendez-vous et plus de 2.000 demandes d’envoi de documentations. Nous poursuivrons cette campagne pour préciser l’information et surtout pour convaincre les entreprises qui ne font rien d’agir avant que cela ne leur coute 1.500 fois le Smic par personne manquante en 2010. Le plus dur, pour une entreprise, est de franchir le premier pas. Ensuite, 93% de celles qui l’ont fait, se déclarent satisfaites : nous n’avons plus à les convaincre mais seulement à les aider le cas échéant.

Il est nécessaire aussi d’améliorer la formation des personnes handicapées. C’est l’un des principaux écueils à leur insertion professionnelle. C’est pourquoi le Conseil d’administration de l’Agefiph a engagé l’opération « Handicompétence ». 110 millions d’euros sont engagés sur trois ans, de 2006 à 2008. Cela vise à répondre aux besoins des personnes handicapées en termes de préparation à l’emploi, de formation et de qualification et de les amener au niveau de qualification aujourd’hui requis pour un très grand nombre d’emplois offerts. « Handicompétence » invite les demandeurs d’emploi handicapés à faire le point sur leur projet professionnel, en valider la pertinence et l’adéquation avec le marché de l’emploi, acquérir de nouvelles compétences ; retrouver confiance en eux, trouver une formation adaptée à leur projet. En ce moment même, 100.000 demandeurs d’emploi handicapés sont directement sollicités via un courrier personnalisé.

Enfin, il y a un travail important à engager sur le regard, porté par chacun de nous sur le handicap. Il y a beaucoup de peurs, de réticence à embaucher par méconnaissance du handicap. Par exemple, seuls 15% des handicaps le sont de naissance. La majorité s’acquiert au cours de la vie. Les situations de handicap sont variées et relatives. Enfin, il y a encore trop souvent amalgame entre handicap et incapacité, alors que les 700.000 personnes handicapées aujourd’hui en emploi témoignent quotidiennement du contraire.

Tanguy du Chéné, Président de l’Agefiph, Membre de la commission relations du travail et politiques de l’emploi du Medef, novembre 2006.

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