Unisda, A.P.F, AMI, Eucréa, Braillenet, les associations entrent dans la campagne des élections présidentielles en formulant propositions et revendications. Si, pour l’essentiel, elles s’adressent au futur président de la République comme s’il devenait le ministre chargé des personnes handicapées, au moins l’une d’entre elles a exposé une vision politique de l’action présidentielle en direction des personnes handicapées. Faut-il rappeler que la fonction de Président de la République est éminemment institutionnelle et non opérationnelle ? L’Association des Paralysés de France semble l’avoir compris en prônant une transversalité de la politique du handicap, dont les besoins spécifiques devraient être intégrés à chaque problème ou dossier, sous l’égide d’une Délégation interministérielle remplaçant le ministère dédié, et placée sous l’autorité du Premier Ministre. Mais comment doit-on interpréter, dans un contexte de lutte électorale acharnée, le « bilan globalement positif » des cinq dernières années qu’a dressé la présidente de l’A.P.F, Marie-Sophie Desaulle, le 17 janvier dernier ?

La rupture avec la neutralité, l’apolitisme proclamé par les associations est plus flagrante encore avec le congrès de l’Unisda qui s’est déroulé le lendemain. L’association, présidée par Jérémie Boroy, militant socialiste et assistant parlementaire de la Vice-Présidente socialiste de l’Assemblée Nationale, Madame Hélène Mignon, a offert une tribune à la candidate socialiste. Ségolène Royal a pu exposer durant une vingtaine de minutes ses propositions électorales, sans autre contradicteur que le public, qui l’a d’ailleurs un peu malmenée sur l’intégration scolaire qu’elle voudrait généraliser. Les intervenants d’autres formations politiques ont dû, eux, s’exprimer lors de table-rondes, dans la confrontation de leurs arguments. Verra-t-on ces prochaines semaines d’autres postulants « sérieux » à la magistrature suprême s’exprimer sans opposants lors de réunions associatives ? Voilà qui romprait enfin avec l’hypocrisie qui consiste à faire croire que toutes les associations nationales sont politiquement neutres, respectueuses de la diversité de sensibilité de leurs adhérents et sympathisants, et permettrait de voir plus clair dans un jeu de pouvoir souvent obscur…

Laurent Lejard, janvier 2007.

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