La rentrée de Nicolas Sarkozy est placée sous le signe d’une frénésie de réformes en tous genres : fonction publique, 35 heures, immigration, risque dépendance, retraites… Pour ces dernières, deux réformes successives sont envisagées, la première pour les régimes spéciaux, la seconde pour le régime général. Le Président de la République souhaite notamment imposer la suppression de la mise à la retraite d’office dès l’âge de 60 ans, une disposition dont bénéficient les pensionnés d’invalidité et les allocataires adultes handicapés.

Actuellement, les pensionnés, s’ils ne s’y opposent pas expressément, et les allocataires basculent dans le régime de retraite dès qu’ils atteignent 60 ans. La plupart perçoit alors un minimum vieillesse égal au montant de l’A.A.H si leurs années d’activité professionnelle ne leur ont pas procuré des droits à une pension de retraite plus élevée. Ils perdent toutefois le bénéfice des deux compléments attachés à leur prestation, la garantie de ressources (180€) et la majoration vie autonome (103€). Ces bénéficiaires verront probablement d’un bon oeil d’être maintenus jusqu’à l’âge de 65 ans dans le régime invalidité et A.A.H qui leur est globalement plus favorable. Le grand perdant sera le budget de l’État qui couvrira cinq années de prestations supplémentaires.

On peut évidemment s’interroger sur l’utilité d’obliger des pensionnés et allocataires (qui, pour l’essentiel, sont sans emploi à l’âge de 60 ans) à attendre 65 ans pour rejoindre la cohorte des retraités. La proposition est encore plus étrange lorsque l’on se remémore la création récente d’un régime de départ anticipé à la retraite dès 55 ans pour les travailleurs handicapés. Certes, ce régime est incomplet puisque les caisses de retraite complémentaire ne se sont pas alignées sur le régime général, ce qui ramène la pension mensuelle à 50% au mieux du salaire de calcul. Mais l’assénement du dogme du « travailler plus pour gagner plus » devrait avoir, cette fois-ci, des effets positifs sur les revenus des personnes handicapées !

Laurent Lejard, septembre 2007.

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