Il y a bien longtemps que la question des conditions de travail et de la pénibilité au travail n’avait pas était aussi présente dans les médias. La Fédération Nationale des Accidentés du Travail et Handicapés, qui défend les victimes d’accidents, et en particulier les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, pourrait s’en réjouir. Mais il n’en est malheureusement rien.
Tout d’abord, parce que les statistiques sur les accidents de travail ne sont pas brillantes. En effet, si effectivement le nombre d’accidents a tendance à diminuer, les accidents graves continuent de progresser, en particulier dans certaines branches professionnelles (le bâtiment par exemple) et le nombre d’accidents mortels ne cesse d’augmenter. Plus préoccupante est la situation des maladies professionnelles : elles explosent littéralement, en particulier les cancers professionnels mais aussi les troubles musculo-squelettiques. Une prise de conscience s’imposait donc mais elle reste encore bien timide.
Le manque d’ambition caractérise particulièrement l’accord signé au printemps dernier par les partenaires sociaux – à l’exception de la C.G.T et de la C.F.E-C.G.C. Après avoir négocié un accord qui conduit à attribuer la présidence de la commission accidents du travail et maladies professionnelles au MEDEF, les organisations syndicales signataires ont choisi d’enterrer une véritable amélioration de l’indemnisation des victimes du travail. Celles-ci ne bénéficient pour l’instant que d’une réparation forfaitaire, c’est-à-dire très concrètement qu’elles ne sont pas indemnisées de l’ensemble de leurs préjudices, notamment des conséquences de leur accident sur leur vie personnelle ou professionnelle.
Déçue par cet accord, la FNATH avait accueilli avec satisfaction l’annonce de l’organisation d’une conférence nationale sur les conditions de travail début octobre. Elle pouvait constituer l’occasion de rediscuter de ces sujets, y compris de relancer les négociations sur la pénibilité au travail. En effet, celles-ci patinent depuis plus de trois ans… Première source de déception, la FNATH n’a pas été invitée à siéger à cette conférence : elle ne représente en effet que 200.000 victimes ! Si sur d’autres sujets le paritarisme a su ouvrir ses portes, il n’en est rien sur les questions de santé au travail, qui restent le pré-carré des organisations syndicales. Si bien entendu celles-ci ont pleinement leur rôle à jouer, nous estimons aussi que notre association ou l’Association de défense des victimes de l’amiante (ANDEVA) par exemple ont également leur mot à dire. Le résultat de la conférence nationale reste décevant dans la mesure où il renvoie de nombreux sujets à des négociations ultérieures. Entre partenaires sociaux, naturellement !
La FNATH et l’ANDEVA ont donc décidé d’organiser une manifestation nationale le 13 octobre à Paris pour rappeler que nous ne pouvons accepter aucune concession sur l’indemnisation des victimes du travail et que les victimes ont leur mot à dire sur l’ensemble de ces questions. Pour que personne n’oublie le scandale qui aboutit aujourd’hui à un écart de plus de 7 ans entre l’espérance de vie d’un cadre supérieur et celle d’un ouvrier.
Parmi les mots d’ordre de notre manifestation, figure également la suppression des franchises médicales. Le sujet peut sembler éloigné de la question des victimes du travail, mais il ne l’est pas. En effet, les victimes du travail, dont l’indemnisation globale reste très limitée par rapport aux autres accidentés de la vie, ont droit à la gratuité des soins liés à leur accident. Il s’agit bien là d’une des plus grandes conquêtes sociales de la fin du XIXe siècle pour les travailleurs. Les exonérer de ces franchises ne reviendrait donc pas à ajouter un groupe spécifique de « privilégiés » mais bien à leur rendre justice car ils ne sont pas responsables des conséquences sur leur santé de la survenance d’un risque professionnel. Les accidentés du travail ne sont pas moins solidaires que les autres, mais ils considèrent que la maladie d’Alzheimer nécessite un véritable financement, qui n’empiète pas sur leur droit à indemnisation !
Plus généralement, la FNATH reste farouchement opposée à l’instauration de franchises médicales, dont on mesure bien les conséquences notamment pour les personnes handicapées, en particulier pour les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés. Bien évidemment les bénéficiaires de la couverture maladie universelle en seront exonérés, mais comme par hasard, pour quelques euros, les personnes handicapées ne peuvent pas souvent en bénéficier !
Arnaud de Broca, Secrétaire Général de la FNATH, octobre 2007.
La Fédération des accidentés de la vie et l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante appellent à participer à une manifestation nationale, à Paris, le 13 octobre, de la Gare Montparnasse (angle rue du Départ et bd Edgar Quinet) jusqu’à la Place du Maréchal Joffre (Ecole Militaire). La C.G.T s’est jointe à cet appel.