…L’égalité de traitement quel que soit le lieu de résidence a disparu du fait de la décentralisation de l’action sociale en faveur des personnes handicapées, confiée aux Départements qui interprètent réglementation et barèmes sans être soumis à une autorité de contrôle.

Le droit à la compensation de son handicap et au respect de son projet de vie est devenu un voeu pieux du fait d’une définition approximative du concept de « projet de vie » et de son application trop souvent réduite aux barèmes de la Prestation de Compensation du Handicap.

Les « consultations médicales de prévention supplémentaires spécifiques » n’ont pas été mises en place, de même que l’accès aux « innovations thérapeutiques et technologiques pour la réduction de leur incapacité ».

L’Allocation Adulte Handicapé est passée sous la barre des 50% du Smic et sa revalorisation sans cesse annoncée est sans cesse renvoyée à plus tard dans l’idée de lui intégrer dégrèvements fiscaux et droits connexes.

La Prestation de Compensation du Handicap n’a toujours pas séduit les bénéficiaires de l’Allocation Compensatrice Tierce Personne qui préfèrent la conserver plutôt que de satisfaire à des contrôles pointilleux et stigmatisants obligeant les bénéficiaires de la P.C.H à justifier en permanence l’usage de ce qu’on leur octroie.

Le pourcentage de travailleurs handicapés employés dans la fonction publique de l’État a baissé et le ministère de l’éducation nationale est autorisé à déroger à l’obligation d’emploi alors qu’il compte plus de la moitié des fonctionnaires de l’État.

Le nombre d’élèves handicapés accueillis à l’école ordinaire a fortement progressé mais la moitié des enseignants dits « spécialisés » exercent sans formation spécifique.

Le droit à un logement décent, accessible et adapté n’est pas effectif, la priorité d’accès au logement social pourtant réaffirmée par la loi sur le droit opposable n’est pas respectée.

Les priorités d’accès aux files d’attente et aux guichets ne font pas l’objet de l’affichage prévu par la loi, au risque de créer incidents et abus.

L’éducation des animaux d’assistance et leur fourniture aux personnes handicapées demeure financée par la charité publique au lieu de l’être par la Prestation de Compensation du Handicap.

Les arceaux censés protégés les places de stationnement à Paris, Neuilly, Avignon et d’autres villes sont toujours en place alors que la loi les a rendus illégaux et qu’ils bloquent désormais des centaines d’emplacements.

L’accès des aveugles à l’information et à la culture reste dépendant d’initiatives privées et le Gouvernement n’a toujours pas mis en chantier le rapport présentant les moyens permettant de développer l’audiodescription des programmes télévisés qu’il devait déposer au Parlement un an après la vote de la loi.

Le libre choix du mode de communication octroyé aux sourds n’est pas appliqué faute de moyens pour former des interprètes L.S.F et codeurs L.P.C, et par manque de volonté politique de promouvoir les langues non verbales.

L’accès des sourds à la téléphonie est renvoyé à des initiatives de bienfaisance financées par les fondations et le mécénat.

Le décret d’application de la mise en accessibilité des services de communication publique en ligne n’a toujours pas été élaboré et les services publics ont relâché leurs efforts à cet égard.

Le Gouvernement a déjà pris deux ans de retard dans l’élaboration du plan métiers qui devait être présenté au plus tard un an après la promulgation de la loi.

Trois ans après l’adoption de la loi d’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la reconnaissance de la place de la personne handicapée dans la société, son traitement à l’égal des autres et le respect de son choix de vie sont encore à conquérir.

Laurent Lejard, février 2008.

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