On croyait le tenir, ce fichu Plan Métiers du handicap, même avec deux ans de retard, et voilà qu’il nous échappe encore : présenté publiquement le 12 février dernier, le plan Métiers de la dépendance ne constitue qu’une préfiguration qui doit être soumise à concertation, et dont la réalisation serait confiée aux Régions. En clair, le Gouvernement a dépassé de deux ans le délai que le Parlement lui avait assigné dans la loi du 11 février 2005 pour élaborer un Plan Métiers du handicap. Gouvernement qui n’est en mesure de ne présenter qu’une ébauche sans apporter de moyens financiers, déléguant aux Régions, à la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie et aux employeurs le financement de la formation des futurs professionnels. Ils devraient être au moins 400.000 à l’horizon 2015, selon la Secrétaire d’État à la solidarité, Valérie Létard : 200.000 salariés prochainement retraités, et qu’il faudra remplacer, et 200.000 créations d’emploi. Pour couvrir ce besoin particulièrement important, qui ne tient pas compte des nouveaux métiers du handicap (audio-descripteurs, techniciens de l’écrit, organisateurs de transport, etc.), l’État engagera… 10 millions d’euros sur les 1,18 milliards nécessaires, soit 0,08% du budget !

La Ministre ouvre la porte aux nouveau métiers du handicap et en confie la définition à un comité de pilotage national tout en délégant aux Régions l’expérimentation de son actuel Plan Métiers de la dépendance. La première à s’engager sur cette expérimentation est le territoire électif de Valérie Létard, le Nord-Pas de Calais. Deux autres sont pressenties pour s’engager dans l’expérimentation, ce qui incite à s’interroger : combien d’années faudra-t-il pour que l’ensemble des régions déploie un Plan Métiers de la dépendance et du handicap ? Comment l’État qui s’en décharge aujourd’hui pourra-t-il demain combler les lacunes des régions qui ne pourront ou ne voudront déployer leur plan ? Les Régions travailleront-elles en collaboration avec les Départements, qui paient sur leur budget les allocations versées aux personnes handicapées ou âgées dépendantes ? Que feront, une fois formés, ces 200 et quelques mille nouveaux professionnels de l’aide aux personnes handicapées ou âgées : trouveront-ils à employer leurs compétences moyennant une juste rémunération ? Actuellement, les métiers de service à la personne sont mal payés, exercés par des salariés à temps (très) partiel qui gagnent en moyenne annuelle, selon l’Insee, 1.666€ nets. Ces métiers sont très loin de constituer l’Eldorado vanté naguère par le Ministre Jean-Louis Borloo qui, depuis, a entamé la poursuite d’autres chimères…

Sur ce terrain, Valérie Létard se veut optimiste, les dispositifs allocataires lui apparaissent suffisants pour « solvabiliser » les besoins du fait de la faible capacité contributive des bénéficiaires concernés. Selon la ministre, les actuelles Prestation de Compensation du Handicap et Allocation Personnalisée d’Autonomie permettront de rémunérer tous les nouveaux personnels d’aide à domicile, le niveau de prestation suivra la demande. Voilà un pari sur l’avenir dont il y a fort à parier que Valérie Létard ne raflera pas la mise.

Laurent Lejard, février 2008.

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