Alors que la première vague des français partait en vacances, Nadine Morano, Secrétaire d’État à la famille et la solidarité, a cru devoir faire une annonce fracassante, le 8 juillet, lors d’une interview sur RMC : créer un label Handi-Vacances. « Pour l’instant nous n’avions quasi pas de label pour les personnes handicapées, à part Handiplage. Je crois que, là, il faut que nous fassions un effort majeur parce que c’est un droit aussi pour les personnes handicapées et leur famille », a-t-elle déclaré. Etait-elle mal informée ? A première écoute, on lui aurait bien objecté que le label Tourisme et Handicap, créé en 2001, est à la fois plus ancien qu’Handiplage (2003) et couvre tout le champ touristique. Mais une ministre ne peut tout savoir, et visiblement celle-ci ignorait alors l’existence d’un label pourtant demandé depuis son lancement par plus de 7.000 professionnels des secteurs public comme privé, et obtenu par près de 4.000.
Mais voila : une semaine plus tard, le 15 juillet, Nadine Morano embarque la presse parisienne à Vichy pour rejoindre notre « aveugle national » Gilbert Montagné, promu dans l’instant président de la commission d’élaboration dudit label Handi-Vacances ! Passons sur l’idée incongrue que cette ville thermale aux attraits touristiques restreints serve d’exemple en matière d’accessibilité et voyons-y simplement la méconnaissance toute parisienne de ce qui existe ailleurs. Entretemps, Nadine Morano a appris son erreur : la France a bien un label de promotion du tourisme des personnes handicapées, propriété du Ministère du tourisme et géré par une association nationale. Et pourtant, notre Secrétaire d’Etat enfonce le clou et vante la création de son propre label dans une ville dont l’Office de Tourisme est installé au sommet d’une volée d’escaliers (avec néanmoins une sonnette afin qu’une personne en fauteuil roulant puisse être renseignée sur le trottoir)…
Dix jours après, le 27 juillet, c’est au tour du Secrétaire d’État chargé du tourisme, Hervé Novelli, d’aller promouvoir les vacances des personnes handicapées, au bord de l’Atlantique cette fois. « Sans évoquer une seule fois le label Handi-Vacances », selon la secrétaire générale de l’Association Tourisme et Handicap, Dominique Rabet, qui assistait à la visite ministérielle : « Hervé Novelli a réaffirmé la volonté de maintenir le label Tourisme et Handicap », affirme-t-elle, ajoutant que si l’Association Tourisme et Handicap est en relation avec les services d’Hervé Novelli, la demande de prise de contact adressée à ceux de Nadine Morano est restée sans réponse.
Entre une Secrétaire d’Etat qui ignore un label qu’un autre Secrétaire d’Etat promeut tout en ignorant lui-même celui que veut lancer sa collègue, nul doute que les vacances des personnes handicapées vont être boostées dans les années qui viennent. Si, bien sûr, elles ont les moyens de partir en vacances. Mais là, le sujet fait l’unanimité des ministres : aucun ne l’évoque.
Laurent Lejard, août 2009.