Du 18 au 24 novembre, vous allez en manger de l’action en faveur de l’emploi des personnes handicapées ! Comme chaque année, les associations Ladapt, créatrice du concept, et Agefiph vont organiser leur semaine pour l’emploi, chacune avec ses partenaires (parfois les mêmes), sur fond d’explosion du business exploitant le chômage de 400.000 personnes handicapées : les sites web proposant des offres d’emploi sont déjà innombrables, et il s’en crée de nouveaux, preuve qu’il y a encore de la « viande à bouffer » pour de nouveaux affairistes. Il faut dire qu’avec 70% d’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi handicapés en cinq ans, il y a de quoi prospérer. Alors que dans le même temps, les offres diffusées par Pôle Emploi ont fortement baissé depuis l’été 2011, passant au-dessous de 200.000 en juin dernier, un niveau jamais atteint depuis 16 ans.

Concomitamment à cette détérioration du marché du travail, le soutien aux travailleurs handicapés a été fortement réduit : amputation de 100 millions d’euros du financement de leur formation professionnelle (-40%), forte baisse des ressources de l’Agefiph alors que l’État a transféré sans concertation des compétences transformant cette association en administration privée (gestion des déclarations d’emploi, de la déclaration de lourdeur du handicap, de la garantie de ressources des travailleurs handicapés en ESAT, financement de stages de formation professionnelle). Initiée par le précédent gouvernement, cette politique de pénurie est poursuivie par l’actuel, dont les décisions dégradent davantage encore l’emploi des travailleurs handicapés. Il a stoppé les plans de création de places en ESAT et de 1.000 aides au poste en Entreprises Adaptées. Cerise sur le gâteau, le Gouvernement a annoncé lors du Comité Interministériel du Handicap du 25 septembre dernier le transfert à Pôle Emploi d’une partie de l’accompagnement des demandeurs d’emploi travailleurs handicapés actuellement assuré par le réseau spécialisé Cap Emploi. Si ce dernier verra sa charge de travail allégée pendant quelques mois, la plus grande part des chômeurs handicapés « stockés » chez Pôle Emploi reviendra au bout de 18 mois dans les Cap Emploi au titre de « personnes handicapées éloignées de l’emploi ».

C’est exactement à l’opposé de ce que proposait, le 5 juin dernier à la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, la députée socialiste Martine Carrillon-Couvreur, accessoirement présidente du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées et de son propre club d’entreprises, HandiclubEmploi : « Les 103 structures Cap emploi qui interviennent en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap ont fait leurs preuves mais souffrent d’un sous-dimensionnement qu’il faudrait revoir. Les demandeurs d’emploi handicapés sont de moins en moins nombreux à pouvoir bénéficier d’un accompagnement spécialisé. Les entreprises qui les reçoivent se plaignent d’une baisse des services d’accompagnement alors que la mobilisation de tous devrait être requise pour favoriser l’emploi de ces personnes handicapées. Le Conseil économique, social et environnemental et, auparavant, le Médiateur de la République ont mis en garde contre une aggravation de ces restrictions qui conduisent à déshumaniser les services. »

Autre lacune importante, là encore partagée par le précédent et l’actuel Gouvernement, l’absence de réglementation de l’accessibilité des locaux professionnels neufs ou existants. Si les normes sont précises dans les bâtiments d’habitation collective, les Etablissements Recevant du Public, la voirie, elles sont indigentes dans les lieux de travail : comment travailler si on ne peut accéder ? Cet aspect essentiel a été ignoré par le Comité Interministériel du Handicap qui proclamait pourtant que l’emploi des personnes handicapées est l’une de ses priorités. Mais sans moyens ni volonté réelle…

Laurent Lejard, novembre 2013.

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