Les conseils qui dirigeront les 13 régions métropolitaines issues de la réforme territoriale ne compteront, au mieux, qu’une poignée d’élus handicapés. Il y en aura un ou deux en Ile-de-France, Pierre Deniziot pour Les Républicains (ex UMP) et peut-être Claude Boulanger-Reijnen s’il n’est pas relégué en fond de liste lors de la fusion de la liste Europe Ecologie Les Verts avec celles des Partis Communiste et Socialiste. Ailleurs, aucun candidat handicapé connu n’est en position éligible, pas même le socialiste sortant David Smetanine. Quand à l’écolo Patrick Larible, qui a quitté Les Verts, il ne se représente pas.

Dix ans après le vote de la loi du 11 février 2005, son volet « participation et citoyenneté de la personne handicapée » est un fiasco complet. Les quelques citoyens handicapés qui parviennent à une fonction élective le doivent à leur militantisme politique sinon politicien, et à leur acharnement à pousser des portes qu’aucun parti n’a envie de leur ouvrir. L’élection aux Conseils Régionaux est significative sur ce point : ce scrutin de liste devrait stimuler la représentation de la diversité de la population mais il n’en est rien. Les places sont chères et vont aux politiciens les plus combatifs et/ou ambitieux, aucun parti politique ne met à profit le mode de scrutin de liste à la proportionnelle pour favoriser la diversité. Le résultat est connu, ce sentiment de profond divorce entre la population et ces « professionnels » qui ne viendraient au contact des gens que pour se faire élire.

Avant même qu’ils soient élus, on sait déjà que les Conseils Régionaux décideront de la vie des personnes handicapées sans qu’elles participent aux décisions qui les concerneront. Que ce soit pour l’action économique, la formation professionnelle, les transports, l’enseignement au lycée, la culture et le tourisme, elles ne pourront pas faire entendre leur voix, leurs choix. Une fois encore, leurs besoins spécifiques seront noyés dans les rapports préalables, les arbitrages d’experts et les considérations budgétaires, telles celles qui ont entrainé la récente suppression de l’accessibilité de la chaine du déplacement et la dislocation du chantier de mise en accessibilité des transports. En 2005, des associations et quelques activistes proclamaient : « rien sur nous sans nous » ! Dix ans après, les partis politiques viennent de leur répondre : « rien pour vous avec nous » !

Laurent Lejard, décembre 2015.

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