« Un plan national d’adaptation assurera d’abord la rénovation de 80.000 logements d’ici à 2017 », annonçait le 9 septembre 2014 la ministre chargée des Affaires sociales, Marisol Touraine, en exposant aux députés le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement. L’examen de cette loi par le Parlement a duré jusqu’en décembre 2015 et de nombreux journalistes ont écrit des articles mentionnant l’adaptation d’ici 2017 de 80.000 logements. Parmi eux, Libération du 7 septembre 2014 : « 80.000. C’est le nombre de logements que les pouvoirs publics souhaitent voir adaptés au vieillissement d’ici à 2017 ». Diagnostiqueurimmobilier.fr du 10 septembre 2014 : « Un plan national d’adaptation de 80.000 logements privés d’ici à 2017 va être lancé. Doté de 250 millions d’euros, ce plan doit permettre à davantage de retraités d’adapter leur habitat à l’avancée en âge ». Le Monde du 9 mars 2015 : « La future loi sur la perte d’autonomie, qui arrive au Sénat le 17 mars, prévoit quelques mesures financières qui permettront d’adapter au grand âge 80.000 logements privés d’ici à 2017 ». Batiweb du 27 janvier 2016 : « Il faut dire que la loi du 28 décembre 2015 n’est pas assez ambitieuse puisqu’elle prévoit l’adaptation de 80.000 logements d’ici fin 2017 alors que 2 millions de logements doivent être adaptés au vieillissement de la population, selon l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ». On le constate avec une belle permanence, de nombreux observateurs et commentateurs ont été abusés par l’effet d’annonce gouvernemental.
Parce qu’en fait, ces 80.000 logements entrent dans un plan national d’adaptation de logements privés couvrant la durée du quinquennat de François Hollande, 2012-2017. Un tour de passe-passe sémantique a permis de faire croire à la plupart des gens que l’objectif concernait les années 2016 et 2017, or le financement n’est assuré dans cette période que pour 30.000 logements occupés par des personnes âgées en perte d’autonomie. « Le montant que nous investissons sur les travaux d’adaptation à la perte d’autonomie est de 50 millions d’euros, précisait le 26 janvier la directrice de l’Anah, Blanche Guillemot. Plus de 15.000 logements l’an dernier, 15.000 logements prévus cette année. » La Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie apporte 20 millions à l’Anah qui emploie donc 30 millions sur ses ressources pour adapter des logements à des personnes en perte d’autonomie. Côté personnes handicapées, l’engagement de l’Anah est identique, elle finance pour un montant moyen de 3.000€ l’adaptation de 15.000 logements chaque année mais cet effort est distinct de celui qui porte sur les personnes âgées.
Voilà donc comment le plan national d’adaptation de logements privés aux personnes en perte d’autonomie a été amplifié au-delà de sa réalité, donnant l’impression que le Gouvernement incitait à améliorer en deux ans les conditions de logements de 80.000 personnes en perte d’autonomie.
Laurent Lejard, février 2016.