Le bilan de la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République est loin d’être réjouissant pour la plupart des Français, et plus particulièrement les personnes handicapées. Malgré tous les discours volontaristes sur l’action transversale, la plupart des textes de loi ont oublié les besoins spécifiques liés aux handicaps. L’une des raisons de ce délaissement ? La concertation n’existe plus, comme l’expriment des dirigeants associatifs auxquels on demande leur avis… pour ne pas en tenir compte. Dernier épisode en date, la réforme du logement : APF France Handicap pensait pouvoir négocier en dernier ressort la définition de l’évolutivité des logements neufs et voulait entrainer plusieurs associations avec elle, qui viennent de dénoncer la future loi qui ramènerait à 4% environ la part de logements neufs accessibles et adaptés en standard, contre environ 40% aujourd’hui. Leur démarche de conciliation a abouti à un échec, « le Gouvernement n’a jamais pu définir de manière satisfaisante la notion de logement évolutif » clament-elles dans un communiqué publié le 3 mai.

Pourtant, depuis les propos du Président de la République lors des 24 heures du bâtiment en octobre 2017, il était très clair que l’accessibilité et l’adaptabilité des immeubles d’habitation avaient vécu : place à la construction industrielle, sans architecte, d’immeubles aux éléments préfabriqués et aux normes et confort réduits pour abaisser leur prix de revient. Les occupants de ces futurs logements sociaux au rabais, conçus dans l’esprit des immeubles des années 1960, s’y retrouveront-ils ? Là n’est pas la question puisqu’ils n’auront pas le choix. La réforme ELAN du logement traduit dans le droit les propos d’un Emmanuel Macron qui préfère privilégier le volume de construction à la qualité et la durabilité. L’expérience montre en effet que les logements sociaux des années 1960 et 1970 ont nécessité, au bout d’une vingtaine d’années, des rénovations de grande ampleur dont le coût équivalait à la moitié d’une construction neuve. Les grands groupes du bâtiment ont de belles années de chiffre d’affaires en perspective, leurs dirigeants et actionnaires bénéficiant pleinement des allègements fiscaux consentis à tous les riches de notre pays depuis un an.

La constatation est la même sur d’autres sujets. Le Gouvernement proclame sa volonté d’une société inclusive pour les personnes handicapées mais maintient la dépendance, dans les couples, du conjoint handicapé au conjoint valide : réduction ou suppression de l’Allocation aux Adultes Handicapés en fonction des revenus de celui qui travaille, dépendance pour l’aide humaine quotidienne, l’ensemble au nom des « solidarités familiales » que prônaient le candidat de droite à l’élection présidentielle battu dès le premier tour et que reprend à son compte l’actuelle secrétaire d’Etat aux personnes handicapées qui clame dans une récente interview au Figaro « Je sais très bien ce qu’est d’être aidant familial » ! Elle n’a pourtant pas réagi quand la majorité présidentielle a rejeté à l’Assemblée Nationale une proposition de loi instaurant une rémunération minimale de 43 euros par jour pour un parent s’occupant temporairement d’un enfant malade ou handicapé. Pour les personnes lourdement handicapées, l’aidant familial est actuellement dédommagé de 3 à 5 euros de l’heure au mieux, rien ne témoigne de perspectives d’évolution de cette « charité nationale ».

Il reste normalement quatre ans à Emmanuel Macron pour réaliser la société inclusive qu’il vantait lors de sa campagne électorale. La réalité de sa première année de pouvoir est à l’inverse de cette proclamation, les quatre années qui viennent seront-elles plus satisfaisantes ? Rien n’est moins sûr.

Laurent Lejard, mai 2018.

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