Promise maintes fois par Emmanuel Macron pendant la campagne pour l’élection présidentielle 2017, la revalorisation de l’Allocation Adulte Handicapé à 900€ mensuels en 2019 est devenue un cadeau empoisonné. Comme toutes les prestations sociales, l’AAH ne suivra plus l’indice des prix et n’augmentera que de 0,3% en 2020, elle perdra par conséquent du pouvoir d’achat par rapport au salaire minimum, le SMIC, dont l’indexation sur la hausse des prix à la consommation devrait se poursuivre. Le législateur de 2005 avait créé un « filet de sécurité » pour les allocataires dont la capacité de travail est estimée à moins de 5%, en leur garantissant une AAH au moins égale à 80% du SMIC net, que le Gouvernement et Emmanuel Macron ont décidé de détruire en supprimant le Complément de Ressources de 179,81€ par mois. Il ne restera que la Majoration Vie Autonome au montant immuable depuis sa création, 104,77€. Résultat, le total AAH et MVA passera au-dessous de 80% du SMIC net dans le courant de l’année 2021 si l’inflation est comprise entre 1,7% et 2%, et dès 2020 si elle est supérieure à 2%. La MVA sera perçue par moins d’allocataires puisque ses conditions seront plus restrictives que celles du Complément de Ressources, faisant perdre non pas 75€ mais près de 180€ à plusieurs dizaines de milliers de personnes handicapées.

Pour éviter un mouvement de révolte, le Gouvernement va employer une technique éprouvée : appliquer les nouvelles règles aux demandes ou renouvellements à compter du 1er novembre 2019 et laisser jusqu’à dix ans de transition aux actuels bénéficiaires. D’autres économies seront réalisées sur le dos des allocataires vivant en couple, avec un barème réduit de cumul des revenus du conjoint ou assimilé pour qu’ils paient ce « prix de l’amour » que nos voisins belges envisagent de supprimer.

Les pensionnés d’invalidité et les bénéficiaires d’une rente pour accident du travail ou maladie professionnelle verront leurs prestations n’augmenter que de 0,3% en 2019 et 2020. Comme les retraités, ils subiront une importante perte de pouvoir d’achat. C’est ce quasi-blocage qui permet au Gouvernement de présenter un projet de budget de la Sécurité Sociale en excédent de 800 millions d’euros. Excédent que le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, veut verser au budget de l’Etat. Les hauts-fonctionnaires de son ministère plaident d’ailleurs de longue date pour que la Sécurité Sociale soit intégrée au budget de l’Etat afin qu’ils aient la main sur ce magot, eux qui n’ont su depuis 40 ans que générer du déficit budgétaire couvert par des emprunts contractés auprès des banques, secteur dont est issu l’actuel Président de la République.

Dans le même temps, la baisse des impôts des contribuables les plus riches est maintenue, près de six milliards de pertes de recettes pour le budget de l’Etat. Et les entreprises vont bénéficier de près de 19 milliards d’euros d’exemptions d’impôts et taxes, ce qui va mécaniquement doper la rémunération des actionnaires et du capital. Des pauvres plus pauvres, des riches plus riches : les budgets de voleurs se suivent et se ressemblent.

Laurent Lejard, octobre 2018.

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