Les lecteurs du Canard Enchainé connaissant bien Anastasie, cette femme qui manie les ciseaux de la censure politique. Dans le monde du handicap, elle vient de s’incarner dans l’actuelle secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel. Critiquer son action, contester sa communication a en effet entrainé une mise à l’écart et une censure de facto sur les réseaux sociaux de deux organisations activistes dans le champ de l’autisme. Le Collectif pour la Liberté d’Expression des personnes autistes (CLE Autistes) et le Collectif Citoyen Handicap ne recevaient plus les tweets de Sophie Cluzel et, surtout, ne pouvaient y réagir ou leur répliquer. On pourrait penser que cela n’a guère d’importance, sauf que Twitter est utilisé par les ministres comme un outil de diffusion d’informations officielles mêlées à d’autres qui n’ont rien à voir, ainsi qu’à des posts politiciens. Twitter, comme Facebook, servent de diffuseurs de la « bonne parole », sauf qu’ils ont été conçus pour être interactifs : tu postes, je réagis, tu réponds, on débat. C’est ça la démocratie.

Le CLE Autistes ne s’en est pas laissé compter et a immédiatement dénoncé ce blocage le 5 mai : « Une ministre bloque une association de personnes autistes, belle preuve de démocratie. » Et a reçu cette réponse le même jour : « Il s’agit évidemment d’une erreur. Nous ne bloquons que très rarement. Il nous arrive de masquer des commentaires pour motifs d’appels à la haine ou de contenus injurieux. Les commentaires sur tous nos réseaux en sont témoins. » Erreur ou censure ? Le Collectif Citoyen Handicap a subi le même blocage après la dernière rentrée scolaire, suite à une contestation argumentée d’éléments d’information communiqués par la secrétaire d’État. « Nous avoir bloqué aussi est une erreur ? » interpellait le 6 mai sa vice-présidente, Meryem Duval.

Cela ne l’était pas mais cette censure vient d’être levée : « Plus de compte bloqué normalement. Héritage du passé réglé », nous a écrit la conseillère en communication presse de Sophie Cluzel. Voilà qui finit (temporairement ?) bien, comme un miracle viral en quelque sorte…

Laurent Lejard, mai 2020.

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