D’abord il faut se plaire. Moniteur de ski, on le trouvait sérieux et désinvolte. Institutrice, elle se sentait bien dans sa peau. Depuis une chute tragique, il est paraplégique. Victime d’un banal accident de circulation, elle n’avait pas bouclé sa ceinture de sécurité, elle est aujourd’hui aveugle. Pendant des mois, ils ont été pris en charge pour ne pas mourir. Aujourd’hui ils doivent apprendre à vivre.

Acquérir de nouveaux gestes pour gagner plus d’indépendance. Jour après jour les progrès sont évidents. La journée, dans les couloirs et les salles de rééducation, on est entre pairs. Chacun a vécu une aventure pénible et on est tous un peu dans la même galère. Le soir dans la solitude de la chambre, l’angoisse est plus lourde.

Comment devenir complice de ce corps et de ce monde devenus étrangers, comment admettre l’image que l’on renvoie, peut- on s’imaginer dans le regard des autres ? Le fauteuil roulant et la canne blanche toujours là, imposant leurs symboles d’infirmité.

Pour envisager l’avenir, il faut se forger une nouvelle identité. Non pas en oubliant son histoire mais en devenant capable d’y intégrer ce qui a bouleversé le cours de l’existence. Mais ce pas en avant est impensable sans un travail d’acceptation de soi. Et un tel exercice est d’autant plus possible que l’entourage y participe.

Le soutien peut s’exprimer sous plusieurs formes. Des suggestions cosmétiques ou de l’aide dans le choix de vêtements chics, d’accessoires de mode originaux, etc. Tout ce qui participera sans compassion excessive à rassurer la personne handicapée sur le fait qu’elle est un être à part entière est bon. Rien ne doit être négligé pour s’affirmer au monde, séduire et plaire, pour se mêler à nouveau à la vie. À côté de ce que propose la technologie pour compenser les incapacités, ces conseils paraîtront peut- être superficiels. Ils participent pourtant pleinement à la réadaptation des personnes handicapées, quelles que soient les déficiences qui limitent leurs activités.

Des professionnels pour vous accompagner. Si le rôle de la famille et des amis est fondamental, divers professionnels peuvent vous aider dans ce travail de reconquête de l’identité. Bien souvent ce sont les ergothérapeutes qui sont préparés à vous accompagner sur ce parcours (consulter le site de l’Association Nationale Française des Ergothérapeutes). Vous les rencontrerez dans les hôpitaux, les centres de rééducation fonctionnelle et les services de psychiatrie, les Centres d’Information et de Conseil sur les Aides Techniques, etc. Certains professionnels paramédicaux ont des formations approfondies pour « guider » les personnes déficientes visuelles : ce sont notamment les AVJistes (« Aide à la Vie Journalière »). Vous pouvez les contacter à l’association des rééducateurs pour l’autonomie dans la Vie Journalière des personnes Aveugles ou Déficientes Visuelles (domaine des Ombrages, 78160 Marly- le- Roi, tél : 01 39 58 48 20, fax : 01 39 16 36 05 – site Internet) Les éducateurs spécialisés accompagnent plus souvent les personnes qui ont des troubles mentaux et des déficiences intellectuelles. Quelques institutions commencent à utiliser les services d’esthéticiennes ayant suivi une formation visant à favoriser la communication, le confort et le mieux- être des malades. Par exemple, Chantal Ceron présente son expérience de socio- esthéticienne à l’hôpital. Enfin, depuis des années, les associations de personnes handicapées ont capitalisé un savoir-faire en ce domaine. Il ne faut pas hésiter à les solliciter et à exploiter leur expérience !


Pierre Brunelles, Véronique Gaudeul, novembre 2000.

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