Question : La rentrée scolaire des enfants et adolescents handicapés semble s’être déroulée sans anicroche majeure. A votre connaissance, tous les élèves ont- ils pu trouver une solution d’accueil satisfaisante en école ordinaire ou spécialisée ?
Ségolène Royal : Pour cette dernière rentrée scolaire, j’ai, avec Jack Lang, ministre de l’éducation nationale, donné des instructions particulières pour que les familles d’enfants handicapés soient mieux accueillies, mieux écoutées et mieux aidées dans leurs démarches de recherche d’une réponse à leur demande d’intégration scolaire ou d’éducation spéciale. Il y a eu une réelle mobilisation des inspections académiques, des Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales et des Commissions Départementales de l’Éducation Spéciale. Cependant, des problèmes subsistent dans de nombreux départements. Les structures d’accueil sont encore parfois insuffisantes en nombre de places ou mal adaptées à certaines situations. C’est pourquoi un bilan précis a été demandé, département par département. A partir de ces bilans, les groupes départementaux Handiscol’ devront définir les évolutions souhaitables pour les deux prochaines rentrées : création de Classes d’Intégration Scolaire, d’Unités Pédagogiques d’Intégration dans les collèges et les lycées, mais aussi services et établissements médico- sociaux à développer en priorité. C’est donc une rentrée globalement positive mais qui doit s’inscrire dans une évolution rapide des équipements et des pratiques des services pour continuer à répondre de mieux en mieux aux demandes des familles.
Q : La gratuité de l’enseignement est un principe de notre République. Pourtant, des parents nous ont fait part de leurs difficultés à faire prendre en charge des équipements coûteux mais très utiles à leurs enfants, comme un ordinateur portable. Quels sont les équipements finançables, et sur quels critères ?
SR : Pour la première fois, cette année, chaque académie a reçu une dotation lui permettant de mettre à la disposition des élèves handicapés le matériel pédagogique spécialisé dont ils ont besoin: ordinateurs portables, périphériques spécialisés, plages tactiles pour le Braille, boucles magnétiques pour les élèves sourds, etc. C’est la première étape d’une action que j’avais décidée dans le cadre du plan Handiscol’, en 1999, lorsque j’étais ministre de l’enseignement scolaire. Cela a été possible par l’adoption d’un budget représentant plus de 150 millions de francs sur trois ans. Là encore, c’est un progrès considérable dans le sens de la gratuité et du refus de la discrimination des élèves handicapés.
Q : La dotation en postes d’Auxiliaires d’Intégration Scolaire a été accrue et contribue à améliorer l’accueil dans les établissements traditionnels. Envisagez- vous de pérenniser ces Emplois- Jeunes en les dotant d’un statut professionnel reconnu et en définissant une qualification minimale requise, ce qui n’est actuellement pas le cas ?
SR : Les auxiliaires de vie pour l’intégration scolaire constituent un élément déterminant pour scolariser les enfants les plus handicapés. Ils ne doivent pas être considérés comme une solution pour tous ceux qui sont suffisamment autonomes pour se débrouiller tout seuls, ou avec l’aide spontanée de leurs camarades ou de leurs professeurs. Les expériences qui se sont développées grâce à l’action d’associations, en particulier Iris Initiative, et avec le soutien financier d’actions de mécénat ont permis de bien définir les contours de ce nouveau métier et du type de compétences qu’il requiert. Les 1.000 postes qui ont été créés à cette rentrée permettent d’amorcer la généralisation de ces services qui jusque là n’étaient proposés que dans quelques départements. Nous travaillons, avec l’Education nationale, à la façon dont tout cela pourra être consolidé et pérennisé dans un cadre de service public, au- delà du dispositif emploi- jeunes. Toutes les questions sont abordées : la qualification, le statut des auxiliaires, la qualité de leur encadrement et l’articulation de leur fonctionnement avec les commissions de l’éducation spéciale et les groupes Handiscol’. Chacun s’accorde, et d’abord les familles, à reconnaître l’utilité de ces services. Leur développement est aujourd’hui indispensable et tous les acteurs concernés s’y impliquent : l’Etat bien sûr, mais aussi les collectivités territoriales et les associations.
Propos recueillis par Laurent Lejard, novembre 2001.