Thermalisme : ce mot a longtemps signifié farniente aristocratique, puis bourgeois, avant de devenir une activité populaire avec les congés payés, la création de la Sécurité Sociale et le remboursement des cures. De nombreuses stations thermales se sont développées au débouché de sources d’eau censées avoir des vertus curatives. Si les médecins contestent les bienfaits des eaux thermales sur la plupart des affections qu’elles sont censées soigner, ils reconnaissent que consacrer tout son temps durant quelques jours à quelques semaines à « faire du bien à son corps » apporte un bien-être physique et mental qui soulage les personnes souffrantes. Un effet placebo bénéfique que les dirigeants de stations thermales ont exploité pour créer des cures non-médicalisées destinées à des personnes qui veulent relaxer leur corps et soigner leur peau ou leur mental. Un thermalisme 100% bien-être que son coût réserve aux classes moyennes à supérieures, mais dont l’accessibilité aux personnes handicapées se perfectionne.
Ainsi, Lamalou les Bains, dans l’Hérault, est une bourgade de près de 3.000 habitants, bâtie à flancs de coteau. Avec une capacité de 800 lits de rééducation fonctionnelle (traumatologie, invalidité motrice, grands brûlés), la municipalité a fait de réels efforts en matière d’accessibilité. Son unique établissement thermal, qui fait partie de la Chaine Thermale du Soleil, propose des forfaits « bien-être » encore peu demandés par des personnes handicapées mais appréciés par leurs accompagnants : table thermo-massante, soins du visage et du corps, modelage, douche pénétrante, etc. On apprécie particulièrement le bain de boue tiède à base de kaolin qui laisse une très agréable sensation de douceur sur la peau.
Si les installations apparaissent actuellement vieillottes, peu adaptées à la relaxation, des travaux de rénovation sont programmés en 2008 pour moderniser la balnéothérapie en bassin collectif. L’ensemble des soins est accessible aux personnes à mobilité réduite (prêt d’un fauteuil roulant en cas de besoin), et se déroule dans les thermes publics dans des eaux variant de 32° à 34°; on peut goûter l’eau thermale qui sort du robinet à 53°. Les personnes handicapées motrices étant assez nombreuses, le personnel est formé aux gestes adéquats et peut apporter une aide efficace. Les activités touristiques, sportives et culturelles sont diversifiées, sur place ou à proximité : natation à la piscine municipale ouverte du printemps à l’automne (avec siège de mise à l’eau), tir à l’arc ou aux armes pour amateurs ou débutants, randonnées en joëlette, spectacles au théâtre du Casino (dont un festival d’opérettes en juillet-aout). Un service de transport à la demande dessert les différents sites.
Dans le même département, Balaruc les Bains réunit, au bord de l’étang de Thau, thermalisme et activités balnéaires. Des deux établissements thermaux, les Hespérides sont moins fréquentées et mieux adaptées aux personnes handicapées qu’Athéna. L’absence de table de soins réglables en hauteur et de mise à l’eau pour la piscine y rend toutefois les transferts délicats. Encore peu de demande pour les soins « bien-être » : hydrothérapie en piscine, douches, bains individuels, pélothérapie. Les loisirs lacustres et balnéaires sont en revanche nombreux et accessibles : navigation sur l’étang ou le canal du Rhône à Sète, nombreux sites touristiques à proximité, etc. Balaruc projette également, à l’horizon 2009, l’ouverture d’un centre thermo-ludique prenant en compte les critères d’accessibilité.
Dans les Hautes-Pyrénées, Saint-Lary Soulan reçoit peu de curistes mais beaucoup de touristes qui viennent, en toutes saisons, profiter de ses magnifiques paysages de montagne : randonnées à la découverte des lacs de montagne, ski alpin ou de fond en hiver, etc. Les thermes de Saint-Lary Soulan font partie de l’hôtel Mercure Cristal Parc (Accor Thalassa) : enveloppement d’algues, pressothérapie, massages aux huiles essentielles, hydrothérapie, baignoire avec porte pour phlébologie, baignoires bouillonnantes… L’accessibilité de l’espace bien-être est limitée aux soins individuels; les thermes sont complétés par un magnifique centre thermo-ludique, Sensoria, ambiance descente de canyon, dans lequel l’absence de mise à l’eau s’avère hélas assez gênante.
L’accessibilité à la piscine ludique est bien meilleure à Balnéa, dans la vallée voisine du Louron, dont l’un des deux espaces est interdit aux enfants ce qui s’avère reposant, notamment pour les oreilles ! En revanche, bains froid et chaud, sauna et jacuzzi sont sans accessibilité. A l’étage, avec ascenseur : soins relaxants et de beauté individuels; le must est ici le modelage du dos aux pierres chaudes…
En Savoie, Aix les Bains est l’archétype de la ville thermale : parc dédié, immenses thermes mariant les styles depuis le 18e siècle, multiples palaces transformés en résidences, calme et quiétude bourgeoises… La station a connu un âge d’or durant la seconde moitié du XIXe siècle, lorsqu’elle était fréquentée par la Reine Victoria. Aujourd’hui, la ville s’efforce de rajeunir son public et son image en investissant dans le sport et la nature. Ses Thermes Nationaux sont les seuls à appartenir et être exploités par l’Etat. Le bâtiment « historique », qui n’est plus utilisé qu’en période d’affluence, regorge de merveilles architecturales : grand hall Art Déco, bains de l’Aga Khan, piscine Victor Amédée III, majoliques, ruines des thermes romains…
On peut accéder, en visite guidée au forage souterrain (partiellement accessible) de la source d’eau thermale soufrée : jadis, on y plongeait les curistes dans le « Puits d’Enfer » ! Les bâtiments des nouveaux thermes, d’un beau design sobre et fonctionnel, comportent une accessibilité à toutes les activités (soins, balnéos, sauna, hammam, etc.) mais hélas pas encore de mise à l’eau pour la vaste piscine d’eau thermale à 33° qui intègre hydromassage, contre-courant et becs de cygnes. Les soins bien-être sont identiques à ceux de la cure thermale, mais à des heures différentes et pour des durées non minutées : ambiance calme (enfants interdits !), packing de boue, modelage sous l’eau, enveloppement vapeur, soin local des mains ou des jambes, etc. Là encore, le personnel sait accompagner les personnes handicapées. On n’en dira pas de même des autres thermes privés exploités par certains hôtels locaux… Côté loisirs, randonnées en joëlette, descentes en fauteuil tous terrains, ski l’hiver, navigation sur le splendide et reposant Lac du Bourget, spectacles diversifiés au Casino Grand Cercle, Musée Faure dont la richesse des collections étonne, découverte du vignoble, les activités accessibles sont nombreuses.
Il ne reste plus qu’à vouloir se faire plaisir… et y mettre le prix.
Jacques Vernes, octobre 2007.