Votre serviteur effectue au moins un déplacement par mois en lignes intérieures pour lequel il voyage en avion sur Air France. Pour se retrouver placé un jour dans les premiers rangs, un autre en queue d’avion, voire même en milieu de cabine. Quelle règle prévaut pour assigner un siège à une personne à mobilité réduite ? « La sécurité en cas d’évacuation » répond officiellement la compagnie par l’intermédiaire de son service de presse. « Les passagers sont placés en fonction de leur handicap avec l’objectif d’optimiser l’évacuation en cas d’urgence. Ils doivent être en vue du personnel navigant commercial. Leurs sièges, toujours situés coté couloir, doivent disposer – dans la mesure de l’équipement des avions – d’un accoudoir relevable ».

Comment comprendre alors que la même personne dont le handicap est immuable puisse être placée à des endroits différents d’un vol à l’autre ? Le système informatique dicterait- il sa loi aux impératifs de sécurité et au confort du passager ? Comment comprendre qu’une personne qui a des difficultés pour se déplacer sur un terrain plat et stable doive traverser un avion en vol pour aller aux toilettes ? « La contradiction vient de la taille des avions utilisés pour les vols intérieurs », répond Air France. « Il est difficile d’avoir une stratégie. Le règlement veut que l’on place les personnes à mobilité réduite à l’avant ou à l’arrière de l’avion, pas au milieu ».

La compagnie nous assure que le « facteur processuel » [le règlement NDLR] est constant mais que le facteur humain est aléatoire. Il n’empêche qu’on peut regretter l’époque révolue d’Air Inter : les personnes handicapées étaient placées à la première rangée, disposant de plus de place pour leurs jambes, tout près de la porte d’entrée dans l’avion et à proximité des toilettes. Une situation idéale pour tous les « béquilleux ». L’ouverture à la concurrence des lignes intérieures françaises, en 1995, a sonné le glas de cette pratique remplacée par l’affectation d’un siège précis que l’on peut prétendument réserver au préalable, le tout présenté comme un service à la personne. Pas pour toutes, apparemment…

Laurent Lejard, novembre 2000.

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