A l’issue de la partie d’échecs qui se déroule en ce moment entre le Conseil général des Bouches- du- Rhône et l’Association Provençale des Personnes Handicapées (APPH) de La Ciotat, les vrais perdants risquent bien d’être les personnes handicapées. L’enjeu : le programme Transit Soleil, géré depuis cinq ans par l’APPH, permet à des personnes lourdement handicapées de réapprendre les gestes de la vie quotidienne. Cette action novatrice, modèle du genre, a pu être menée sans problème – ou presque – pendant cinq ans. Jusqu’en décembre dernier, où le Conseil général a brusquement décidé de stopper son aide financière. 730 000 F en moins pour l’APPH, qui se voit amputée du tiers de son budget. Un véritable arrêt de mort pour le programme de l’association.

Au Service Départemental pour les Personnes Handicapées (SDPH), on clame haut et fort que seules des raisons techniques ont motivé les décisions prises. Il serait donc, bien évidemment, de mauvais ton d’accorder quelque crédit à ceux qui y verraient certains règlements de comptes politiciens en prélude aux prochaines élections locales… Sur le papier, les arguments du SDPH semblent justifiés : un directeur qui n’a jamais présenté le diplôme requis comme l’exige la convention de partenariat, une durée de séjour excessive de certains résidents dans les appartements gérés par le programme, une augmentation des capacités d’accueil sans accord préalable du Conseil général, un dépassement de budget, etc. A priori sans appel. Et pourtant…

Ce qui semble moins clair, c’est le délai mis par le Conseil Général avant de réagir à ces dysfonctionnements. Pourquoi attendre près de cinq ans pour sanctionner un directeur pour non- présentation de diplôme, alors que celui- ci semblait unanimement reconnu pour sa compétence ? Pourquoi, alors que le SDPH participait aux Assemblées Générales annuelles de l’APPH, ne pas avoir dénoncé plus tôt les dérives d’une gestion jugée efficace, mais – à tort ou à raison – trop « personnelle »? Pourquoi alors ne pas avoir exercé un quelconque devoir de vigilance ? La sagesse aurait été de choisir la voie de la négociation avec un personnel soignant bien rodé, qui donne satisfaction, plutôt que de lancer une opération pour le moins radicale. L’équipe de Transit Soleil semble prête à adhérer à une telle démarche pragmatique. Encore faut- il être deux pour discuter. Quoi qu’il en soit, toute cette agitation ne peut que nuire au travail mené auprès des personnes handicapées. Un énorme flop dont elles se seraient bien passées !

Jean-Claude Roeland, janvier 2001.

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