Le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin doit conduire une politique plus sociale et il s’emploie à cet exercice depuis la défaite de la majorité gouvernementale lors des élections de mars 2004. Il a donc annoncé le 9 avril, à grands renforts médiatiques, la création d’un « tarif social d’électricité en faveur des foyers les plus modestes » qui devrait réduire de 30% à 50 % dès 2005 la facture électrique des ménages à faibles revenus. Ce tarif social a en fait été institué lors de la précédente législature de gauche, celle de la « majorité plurielle », en introduisant dans la loi relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité une tarification spéciale « produit de première nécessité ». Il aura fallu plus de quatre ans pour rédiger le décret définissant le public concerné. Les personnes ainsi visées doivent bénéficier de la couverture complémentaire (ou mutuelle) prévue au titre de la Couverture Maladie Universelle (C.M.U). Les ressources de l’ensemble des personnes du foyer ne doivent pas dépasser 5.520 euros par an, soit 460 euros par mois.

Les titulaires de l’allocation adulte handicapé (A.A.H) sont exclus de ce tarif social du fait de cette double condition. Pourtant, le tarif social du téléphone, qui consiste en une réduction de moitié de l’abonnement à une ligne fixe de France Télécom, concerne les personnes handicapées.

La décision a été prise par le Gouvernement, précise- t-on chez Electricité de France. « Notre entreprise n’a pas été associée à la discussion, la tarification étant encore imposée par l’Etat ». Au Ministère de l’industrie, personne n’est en mesure de préciser les raisons qui ont conduit à exclure les personnes handicapées à bas revenus du tarif social de l’électricité, le cabinet ministériel qui a élaboré le texte ayant intégralement changé à la faveur de la nomination d’un nouveau Ministre fin mars.

L’essentiel est ailleurs : les titulaires de ce minimum social qu’est l’A.A.H continueront à payer leur électricité au prix fort. Pour Jean-Pierre Raffarin, ils ne font apparemment pas partie des « foyers les plus modestes » : faut-il s’en réjouir ?

Laurent Lejard, mai 2004.

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