La compagnie de taxis francilienne G7 a lancé, le 27 septembre 2004, un service destiné aux personnes à mobilité réduite, G7 Horizon. Sur simple appel à un numéro de téléphone dédié (01 47 39 00 91), on pouvait théoriquement commander un taxi permettant à une personne handicapée d’être transportée sans avoir à quitter son fauteuil roulant. Théoriquement, parce que près de deux mois après le lancement officiel de G7 Horizon, les taxis aménagés ne sont toujours pas immatriculés : le Service des Mines, qui dépend de la Direction Régionale Ile de France de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement, a par trois fois refusé de délivrer le certificat ad hoc. L’Administration multiplie les exigences, comme par exemple le fait que les boutons de déblocage des systèmes de maintien des fixations au sol des fauteuils roulant soient bleus et non rouges !

Pourtant, cinq monospaces soumis à immatriculation ont été aménagés par l’équipementier spécialisé Paravan, qui a vendu quelques dizaines de voitures similaires en France pour un usage privé. Il faut croire que la réglementation est nettement plus tatillonne pour ce qui concerne l’usage de ces véhicules en tant que taxi. On apprécierait que cette réglementation draconienne porte également sur l’obligation de transporter tous les passagers, comme il est de règle dans les taxis londoniens, mais l’Angleterre n’est certes pas la France. Il arrive néanmoins qu’une Drire fasse du zèle et multiplie les tracasseries lorsqu’une personne handicapée demande à faire immatriculer un véhicule aménagé par Paravan : cette mésaventure est récemment arrivée en Alsace (lire actualités au 7 mai 2004).

Directeur de la flotte et des services de la compagnie G7, Christophe Lévèque ne s’attendait pas à ces obstacles : « Cet écueil était insoupçonné. La Préfecture de Police de Paris a accordé des dérogations, le Délégué Interministériel à la Sécurité Routière, Remy Heitz, nous a appuyés… le Service des Mines nous a bloqués ! Fatigué d’attendre et de payer la location d’une voiture de remplacement, l’un des artisans taxi qui devait exploiter un véhicule aménagé a jeté l’éponge, la voiture nous reste sur les bras. Ça nous incite à être très prudents pour l’avenir dans le choix des véhicules ». Christophe Lévèque veut néanmoins rester optimiste : « Le bout du tunnel arrive, on espère que 4 ou 5 voitures seront immatriculées dans les 15 jours qui viennent, on n’est pas découragés. On voulait montrer que proposer des taxis adaptés c’est possible, que c’est une spirale vertueuse à amorcer. Mais je comprends qu’il n’y ait eu jusqu’à maintenant que deux taxis adaptés à Paris ! ».

Instruites de cette expérience, on se demande si les collectivités locales franciliennes, qui financent partiellement les aménagements, trouveront d’autres candidats pour atteindre leur objectif de trente véhicules adaptés. La municipalité de Paris aurait certainement été plus intelligente en s’abstenant de réserver aux seuls parisiens l’accès au service de transport spécialisé Paris Accompagnement Mobilité (PAM). A ce jeu, la Mairie a trouvé dans le Service des Mines un compagnon idéal pour jouer à « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »…

Laurent Lejard, novembre 2004.

Le service automobile, dit « des Mines », de la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement n’a pas souhaité répondre à nos questions. G7 Horizon fonctionne actuellement avec quelques taxis équipés de sièges pivotants facilitant l’accès à bord de personnes à mobilité réduite mais nécessitant un transfert. Notez que s’ajoute au prix de la course celui du parcours de liaison effectué par le véhicule comme il est de règle avec les radio-taxis.

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