Deux ans après les Jeux Olympiques et Paralympiques de Pékin 2008, les meilleurs escrimeurs valides ou handicapés de la planète se retrouveront pour se confronter et fêter leur sport. Une communion que salue André Hennaert, vice-président délégué de la Fédération Française Handisport (F.F.H) : « Il n’y a plus de barrières en escrime, on ne créé plus de clubs spécifiques mais des sections handisport dans des clubs de valides ». Mais la compétition mondiale ne sera vraiment réussie que si le site choisi, qui appartient à l’État, est effectivement mis en accessibilité aux termes de travaux qui pourraient atteindre les 10 millions d’euros. Car l’écrin de ces championnats est magnifique, la grande nef du Grand Palais des Champs-Élysées construit pour l’exposition universelle de 1900. Le bâtiment témoigne de l’opulence et de la grandeur françaises à une époque d’intenses expansion industrielle et exploitation coloniale. La grande nef mêle classicisme, Art Nouveau et prouesse architecturale, avec la plus vaste verrière d’Europe. On ne pouvait rêver plus beau décor pour une compétition sportive d’ampleur internationale.

Hélas, la rénovation du bâtiment, effectuée entre 2000 et 2005, a « oublié » la mise en accessibilité des galeries latérales, du balcon et des locaux de service. La récente présentation à la presse du mondial d’escrime 2010 a d’ailleurs été faite dans le très design restaurant de la grande nef… installé au sommet d’un majestueux escalier d’une vingtaine de marches, contraignant le président de la F.F.H, Gérard Masson, à être porté ! Ce local abritera pourtant le centre de presse lors de la compétition : journalistes handicapés s’abstenir. Enfin, alors qu’elle peut actuellement accueillir 3.500 personnes, la grande nef n’est équipée que d’un seul W.C accessible et adapté, ce qui avait contraint les organisateurs du Téléthon 2005 à installer des toilettes chimiques.

« C’est un lieu unique pour des événements exceptionnels, déclare Yves Saint-Geours, président de l’établissement public qui gère le Grand-Palais. Nous avons un défi à relever pour sa mise en accessibilité ». En effet : le chantier, qui inclut l’équipement des espaces et la création de nouvelles issues de secours pour accueillir 5.500 personnes, pourrait, en cette période de pénurie budgétaire, nécessiter l’engagement d’au moins 10 millions d’euros de crédits d’État pour une livraison au printemps 2010. Sont à l’étude des élévateurs pour desservir les galeries et le futur centre de presse, ainsi que la multiplication des toilettes accessibles et adaptées. Des aménagements qui devraient être visibles, compte-tenu de la configuration du bâtiment. Que dira l’architecte en chef des monuments historiques, Alain-Charles Perrot, qui avait dirigé la rénovation du bâtiment ? Le chantier qui lui avait été confié en 2000 ne portait pas sur le réaménagement intérieur, précise-t-on à l’Etablissement public de Maîtrise d’Ouvrage des travaux Culturels (EMOC), un organisme placé sous la tutelle du Ministère de la culture : « La mise en accessibilité était l’une de nos fortes recommandations de l’époque », ajoute Sylvie Lerat, chargée de communication de l’EMOC.

Une mise en accessibilité dont on espère qu’elle ne se heurtera pas au veto de l’architecte en chef des monuments historiques, celui-là même qui a réalisé la mise en accessibilité de l’Hôtel Matignon (lire Actualité du 13 janvier 2005). Mise en accessibilité sur laquelle le président de la F.F.H entend s’escrimer ferme !

Laurent Lejard, décembre 2007.

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