Fraîchement nommée Secrétaire d’Etat à la famille et la solidarité chargée des personnes handicapées, Nadine Morano avait commis une énorme boulette en annonçant, le 8 juillet dernier, la création d’un label Handi-Vacances. « Pour l’instant, nous n’avions quasiment pas de label pour les personnes handicapées, à part Handiplage, je crois que là il faut que nous fassions un effort majeur parce que c’est un droit aussi pour les personnes handicapées et leur famille », avait-elle déclaré au micro de RMC. Nadine Morano ne connaissait pas l’existence du label Tourisme et Handicap – géré par l’Association Tourisme et Handicaps mais qui est la propriété du ministère chargé du tourisme – attribué à près de 4.000 sites et activités touristiques. Dans sa précipitation d’annoncer quelque chose au début des vacances d’été, la Secrétaire d’Etat avait simplement oublié de s’informer auprès de son homologue en charge du tourisme, Hervé Novelli !
Huit jours après, Nadine Morano enfonçait le clou en invitant quelques journalistes à Vichy pour présenter son initiative par l’exemple. En réponse, son collègue Hervé Novelli avait tenu à défendre fin juillet le label Tourisme et Handicap lors d’une visite à La Turballe, sans citer le projet Handi-Vacances. Allait-on assister à une guerre des labels ? D’autant que Nadine Morano persistait en annonçant, le 1er octobre, l’installation douze jours plus tard de la commission nationale de délivrance de labels Handi-Vacances dont ni le cadre, ni le cahier des charges n’étaient encore élaborés. Et là encore, sans avoir consulté les services du Secrétariat d’Etat chargé du tourisme. Avec comme résultat un report précipité de l’installation de ladite commission. « Il y a eu à la suite de ma rencontre avec Nadine Morano, commentait Hervé Novelli le 16 novembre dernier lors d’une journée technique sur le tourisme des personnes handicapées, la pleine prise en compte du travail réalisé par l’Association Tourisme et Handicaps. Aujourd’hui, tout le monde est bien d’accord pour considérer qu’il serait dommage, voire malvenu, de se priver de ce travail réalisé depuis huit ans et qui inclut une très grande connaissance et compétence ». Défenseur de Tourisme et Handicap et des crédits qu’il lui alloue, le Secrétaire d’Etat au tourisme veut se donner du temps et verrait d’un bon oeil qu’Handi-Vacances soit financé sur le budget de son initiatrice, la Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées.
Finalement, la commission Handi-Vacances a été formellement installée ce 2 décembre, mais discrètement, en dehors de la présence des journalistes devenus désormais indésirables. On comprend aisément pourquoi, tant les divergences ont été fortes entre les ministres concernés, au point que la liste des membres n’est pas publiée : rien que de normal, la composition de la commission reste à réaliser et il n’y a pas eu de concertation préalable des associations de défense qui ont été conviées trois jours seulement avant l’installation de la commission ! On n’en connaît que la direction, dont la présidente, Annette Masson, également présidente de l’Association Tourisme et Handicaps… qui se plaint depuis des années de manquer de temps et de moyens pour développer et valoriser le label Tourisme et Handicap ! L’Etat aura un pied au sein de la commission, en la personne de Marie Prost-Coletta, Déléguée Ministérielle à l’Accessibilité au sein du vaste ministère du développement durable. Et l’U.M.P également, grâce à la présidence d’honneur de son conseiller national au handicap, le chanteur aveugle Gilbert Montagné.
Reste que maintenant, le travail doit commencer en donnant une substance à ce label Handi-Vacances « destiné à récompenser les communes exemplaires en termes d’accessibilité globale pour les vacances des personnes handicapées et leurs familles ». Son cahier des charges dépassera « le cadre du seul équipement pour intégrer les espaces de vie courante de toutes destinations : voirie, transports, commerces, services, etc. ». En clair, il devrait garantir la chaîne de l’accessibilité, la disponibilité aux horaires de vacances de soins infirmiers, d’auxiliaires de vie, de suivi médical, de services publics et privés. Le « Handi-Vacancier » devrait pouvoir emprunter les transports collectifs, accéder à un service de transport spécialisé au porte à porte dont les horaires soient compatibles avec ses activités, la voirie se devrait d’être parfaitement aménagée pour les personnes en fauteuil roulant mais également pour les déficients visuels. Au moins un bureau de poste et une pharmacie devraient être accessibles et adaptés, de même que des distributeurs de billets de banque (avec système vocal pour déficients visuels), les commerces dont ceux de produits du terroir, au moins une station essence avec service au volant, et cette liste n’est pas exhaustive.
Il revient à la commission du label Handi-Vacances d’en déterminer le contenu et le niveau qualitatif, sous la pression d’une Nadine Morano qui veut annoncer « ses » premiers labels avant la prochaine saison estivale. Ne doutons pas que le président d’honneur d’Handi-Vacances, Gilbert Montagné, saura impulser un travail exemplaire comme il a su le faire en tant que chargé du suivi de la mise en place du plan Déficience Visuelle officiellement lancé le 2 juin 2008. Ne clamait-il pas, 16 mois plus tard devant un parterre de représentants associatifs : « Le plan handicap va être activé pas plus tard que maintenant ! ». Rendez-vous donc au printemps 2010 pour constater comment la promesse sera tenue…
Laurent Lejard, décembre 2009.