Département pionnier dans l’accueil des touristes handicapés, le département de l’Hérault s’engage dans une approche intégrée de l’accessibilité touristique. Son Conseil Général a installé, le 3 mars dernier, un Comité de pilotage réunissant les acteurs touristiques, économiques, associatifs et professionnels. Objectif : mettre en oeuvre une accessibilité coordonnée et concertée sur des territoires touristiques délimités. L’initiative dépasse le strict cadre de la labellisation Tourisme et Handicap, en intégrant la voirie, les transports, les services publics et privés. « Cette action s’inscrit dans l’axe qualité du schéma touristique du Conseil Général, explique Louis Villaret, Président d’Hérault Tourisme. On s’est rendu compte que la labellisation Tourisme et Handicap était un peu marginale : on aménage un site, un hébergement, mais sans prendre en compte la chaine du déplacement. Or, l’accessibilité est globale, elle concerne les transports, l’aménagement des territoires, les commerces, les établissements recevant du public. »
Une préfiguration d’Handi-Vacances
La démarche « territoire touristique adapté » va étroitement impliquer les différents acteurs locaux : Offices de Tourisme, Commissions Communales ou Intercommunales d’Accessibilité, services techniques, associations de personnes handicapées, tous réunis en comité technique. Elle concernera, dans un premier temps, les villes, les stations balnéaires, les grands sites et ainsi que ceux qui proposent une offre de loisirs adaptés. Elle implique la réalisation d’un diagnostic des établissements publics, d’un plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE), ainsi que la mobilisation d’acteurs du secteur privé, dont les prestataires de service à la personne et les professionnels de santé.
Cette approche est une préfiguration méthodologique du futur label Handi-Vacances, annoncé le 8 juillet 2009 par la secrétaire d’Etat chargée de la Famille et de la Solidarité, Nadine Morano, et dont le cahier des charges doit être élaboré par la commission nationale constituée en décembre dernier. Les premiers labels pourraient être délivrés au printemps 2011 (si les moyens financiers nécessaires sont alloués) aux collectivités locales qui auront effectué une demande auprès d’Handi-Vacances. Ce label garantira aux touristes handicapés de disposer sur un territoire précis d’une gamme d’activités de loisirs adaptés, d’hébergements, de restaurants, de commerces et services privés, de transports accessibles, et même de soins si nécessaire. Les professionnels de santé ainsi que les auxiliaires de vie pouvant assurer les actes quotidiens indispensables aux personnes lourdement handicapées sont en effet difficiles à identifier, et le label devrait garantir une telle offre en période de vacances.
Sans attendre la mise en oeuvre d’Handi-Vacances, le département de l’Hérault va déjà au-delà d’un simple label, en aidant financièrement les professionnels du tourisme qui doivent élaborer leur diagnostic de mise conformité avec la réglementation découlant de la loi du 11 février 2005, qui renforce l’accessibilité et l’étend aux personnes déficientes visuelles, auditives, mentales ou psychiques. L’Agence de Développement Touristique Hérault Tourisme (ex-CDT) aidera à monter les dossiers de financement des travaux nécessaires, et bénéficiera du développement des lignes d’autobus interurbains mises en accessibilité par Hérault Transport. Enfin, Hérault Tourisme assurera la promotion des territoires touristiques adaptés auprès du public et des médias.
Balaruc à la pointe de la démarche
Deuxième station thermale de France en nombre de curistes, Balaruc-les-Bains est également une station balnéaire familiale très fréquentée aux beaux jours. La ville ouvrira très prochainement un vaste centre thermoludique, O’Balia, destiné à attirer une nouvelle clientèle en recherche de détente et de bien-être, pour lequel l’accessibilité et le confort des clients handicapés ont été particulièrement étudiés. Balaruc investit également depuis plusieurs années dans l’accueil touristique des personnes handicapées : « On met en avant l’attrait touristique, les retombées économiques, explique Pierre Lary, directeur de l’Office de Tourisme. On doit d’abord travailler sur Balaruc en espérant que les communes voisines soient sensibilisées. »
Si le Plan de Déplacement Urbain est délégué au Syndicat Mixte du Bassin de Thau (SMBT) qui couvre deux communautés d’agglomération dont chacune recherche actuellement des référents « handicaps », la ville de Balaruc a conservé la compétence voirie : elle a réalisé son plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE) et entame des travaux de rénovation de rues sélectionnées pour leur attrait et leur fréquentation touristique, telle la promenade de la pointe de la presqu’ile. Et si des réticences demeurent encore, notamment chez les commerçants, le travail d’information et de sensibilisation, allié au financement du Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (FISAC), devrait faciliter une prise de conscience indispensable à la réalisation de l’accessibilité à tout pour tous.
Laurent Lejard, avril 2010.