Zig Blanquer est un habitué des lignes de chemin de fer. Ses activités le conduisent à effectuer plusieurs fois par mois le trajet Grenoble-La Rochelle et retour, en correspondance obligatoire via deux gares parisiennes puisque la centralisation française a voulu que la quasi-totalité des grandes lignes convergent sur la Capitale. Mais un tel voyage s’avère périlleux lorsque, comme Zig Blanquer, on se déplace en fauteuil roulant électrique : il faut compter sur des agents d’accompagnement chargés de manipuler un élévateur pour embarquer ou débarquer des trains. Et c’est de là que proviennent les difficultés à répétition de ce voyageur comme de bien d’autres, confronté à maintes reprises, à Paris, à des retards importants du personnel d’accompagnement, ce qui lui a fait rater correspondances et derniers bus, l’obligeant parfois à improviser à ses frais des solutions de poursuite du voyage.

Ses multiples réclamations n’y ont rien fait : la situation est immuable et les courriers reçus de la SNCF n’ont rien réglé, l’organisation de l’assistance aux voyageurs handicapés dans les gares parisiennes demeure défaillante. Cela sans sanction aucune à l’encontre de la filiale SNCF, EFFIA, chargée des opérations d’assistance aux voyageurs. Ni le législateur français, ni l’Union Européenne n’imposent de compensation en cas de manquement aux obligations d’assistance, alors que les passagers valides peuvent être indemnisés en cas de retard de train ou d’avion. Pour le transport aérien, la réglementation européenne prévoit bien que les Etats sanctionnent les opérateurs défaillants, mais pas d’indemniser leurs victimes qui n’ont de recours qu’en justice : pratique, quand le problème est survenu dans un aéroport étranger !

Devant ce constat désolant, Zig Blanquer, qui ne cesse de dénoncer comme s’il prêchait dans le désert, propose que les transporteurs soient assujettis à indemnisation lorsque leurs employés interviennent tardivement. On pourrait aisément tarifer cette pénalité, à raison de 5€ par tranche de 5 minutes, par exemple, pour le transport ferroviaire et aérien, outre la prise en charge des frais supplémentaires occasionnés par ce retard. Parce que pour les trajets en avion, il est également fréquent que les personnels d’assistance assurent le débarquement avec de nombreuses minutes de retard, compromettant la poursuite du voyage, générant stress et désagrément.

Reste à savoir si le nouveau ministre des transports, qui hérite d’un chantier inabouti sur les refus de transport de personnes handicapés, traitera ce dossier que les associations nationales ignorent totalement… 

Laurent Lejard, décembre 2010.

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