Écrivain, comédien et homme de théâtre né à Marseille en 1896, Antonin Artaud souffrit dès la fin de l’adolescence de névralgies – douleurs siégeant sur le trajet d’un nerf – qu’il calma par des drogues, notamment l’opium. Sa vie et son oeuvre littéraire en sortirent extrêmement tourmentées, marqués par la schizophrénie qui le fera interner dans plusieurs asiles psychiatriques, sur la demande des autorités.
Le poète flirta un temps avec les surréalistes. Il assura même la direction de la « Centrale du bureau de recherches surréalistes ». C’est à cette époque que fut réalisé le film « La coquille et le clergyman » sur l’un de ses scénarios : un clergyman amoureux d’une beauté romantique triomphe de son rival mais ne parvient pas à dominer ses complexes. Artaud, écarté du tournage et s’estimant trahi par la réalisatrice, Germaine Dullac, dut être expulsé de la salle lors de la première. Il sut tirer profit de ses qualités physiques pour faire l’acteur – Marat dans le « Napoléon » d’Abel Gance (1927), le moine Massieu dans la « Passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer (1928) – et le comédien : il effectua son apprentissage chez Charles Dullin et devint membre de sa troupe pour laquelle il créa quelques rôles d’auteurs contemporains. Sa collaboration avec Roger Vitrac et Robert Aron engendra quelques spectacles qui perturbent encore nombre de dramaturges…
« Je propose un théâtre de la cruauté. Avec cette manie de tout rabaisser qui nous appartient aujourd’hui à tous, cruauté, quand j’ai prononcé ce mot, a tout de suite voulu dire sang pour tout le monde. Mais théâtre de la cruauté veut dire théâtre difficile et cruel d’abord pour moi- même. Et, sur le plan de la représentation, il ne s’agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres en nous dépeçant mutuellement les corps, en sciant nos anatomies personnelles ou, tels des empereurs assyriens, en nous adressant par la poste des sacs d’oreilles humaines, de nez ou de narines bien découpés, mais de celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d’abord cela. »
De cures de désintoxication à l’opium, utilisées pour calmer ses douleurs, en voyages tumultueux, il fut interné huit années en hôpitaux psychiatriques, de 1937 à 1945 et mourut trois ans plus tard.
SES PRINCIPALES OEUVRES :
Tric Trac du Ciel, recueil de poèmes, 1923
Correspondance avec Jacques Rivière
(parue en septembre 1924 dans La Nouvelle Revue française)
L’Ombilic des Limbes, 1925
Le Pèse-Nerfs, 1925
Fragments d’un Journal d’Enfer, 1927
L’Art et la Mort, 1929
La Mise en scène et la métaphysique, conférence du 10 décembre 1931
Le Théâtre et la peste, conférence du 6 avril 1933
Le Théâtre et son double, 1939
D’un voyage au pays des Tarahumaras, 1937
La Décomposition de Paris, conférence, 1937
Les Nouvelles Révélations de l’Être, 1937
Lettres de Rodez, 1946
Van Gogh, le suicidé de la société, 1947
Artaud le Mômo, 1947
Ci-gît et La Culture indienne, 1947
Suppôts et suppliciations, paru en 1978