Laurence Galand a débuté la sculpture après l’accident qui a changé sa vie, il y a une dizaine d’années. Avant, elle a dirigé un centre culturel puis a été journaliste. Tout en touchant aux pinceaux : « j’ai toujours peint, pour mon plaisir », précise- t-elle. Mais voilà, un accident vasculaire cérébral et l’hémiplégie qui en résulte l’ont conduit à changer sa façon de voir les choses et à vivre autrement en assumant ses envies. Plus question de travailler speedée à la journée longue : « j’ai senti un soulagement; avant je subissais, depuis je vis ». En faisant table rase du passé, changeant d’activité, d’amis… de compagnon. Aujourd’hui, Laurence a en grande partie récupéré son autonomie, au prix d’opérations chirurgicales qui lui ont redonné la marche : « il me reste une sensation d’ivresse permanente qui donne aux autres l’impression que je titube, au bord du déséquilibre »…

Laurence travaille dans la ferme- résidence d’artistes d’un village proche de Melun (Seine- et- Marne) et sculpte à partir de matériaux de récupération. « Dans le bouleversement que je vivais, j’allais sur les plages normandes de mon enfance et je ramassais ce que je trouvais, des débris, des ordures, tout ce qui pour moi symbolisait la liberté. Je les assemblais. Très rapidement je suis arrivée aux personnages sculptés qui sont un travail accompli ». Sur la matière brute, Laurence a par la suite introduit la couleur; actuellement c’est le jaune qui prédomine, lumineux, brillant, vif, joyeux. Son oeuvre est en prise avec notre époque et l’actualité, comme en témoigne son « George Junior », perception acérée de l’homme qui se prend pour le Maître du Monde, George Walker Bush…

« Je partage mon atelier avec une artiste peintre; nous discutons, nous échangeons. Mon travail n’est pas décoratif, la guerre me préoccupe de même que le ministre de l’intérieur Sarkozy, la frilosité et le repli ambiant. Cela rend très important de s’exprimer, de prendre la parole, c’est une façon de prendre sa vie en mains ».

Laurence Galand vit heureuse, avec peu d’argent, ses allocations et quelques oeuvres vendues. « Ce qui compte, c’est de changer le regard sur la vie. L’argent, c’est un moyen, pas un but. Vendre, c’est quelque chose de terrible. Je ne veux pas être un marchand ». Elle a cherché à échapper à cette contrainte en se requalifiant professionnellement, pour vivre d’un métier et donner ses oeuvres. Les contraintes de rentabilité du centre de formation dans lequel elle a effectué un stage en ont décidé autrement, les enseignants ne tenant pas compte des aptitudes particulières de leur stagiaire.

Alors Laurence poursuit son oeuvre avec optimisme et joie de vivre, proclamant : « je suis hyper- contente de vieillir; un jour qui passe c’est un jour de gagné. Avoir acquis la maîtrise du temps, c’est grand ! »

Propos recueillis par Laurent Lejard, avril 2003.

Laurence Galand présente quelques unes de ses pièces dans une galerie virtuelle.

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